Malgré l'entrée en service du tramway et le lancement de nouvelles dessertes très prochainement, les transports en commun de la capitale demeurent en deçà des attentes des Rbatis. Le parc plus que vétuste des autobus aurait mérité un franc et sérieux coup de balai afin de moderniser une flotte qui, dans sa grande majorité, devrait prendre le chemin de la fourrière. Il faut dire que le tramway de Rabat, qui fut une véritable attraction à son lancement, n'a pas répondu à toutes les attentes et n'a absolument pas contribué à diminuer l'asphyxie qui caractérise la circulation dans la capitale. Dans les pays développés, la norme en matière de transports en commun est que ces derniers doivent consacrer le principe d'égalité entre les citoyens. En ce qui concerne le tramway de Rabat, il est actuellement en voie d'expansion avec de nouvelles lignes, mais il ne dessert malheureusement pas de nombreux quartiers, dont Youssoufia, Takkadoum, Nahda, Hay el Fath, Aïn Aouda, la nouvelle ville de Tamesna et Témara sans parler de nombreux quartiers de Salé ! C'est ainsi que des milliers de citoyens subissent un calvaire quotidien avec les transports en commun, été comme hiver, et ne savent plus à quel saint se vouer pour arriver à temps à leur travail et puis rentrer chez eux le soir sans trop de tracas. Abdallah, qui habite à Oulad Moussa, Karia pour les habitués, est franchement scandalisé par la situation des transports dans son quartier : " Pour espérer arriver à Rabat avant huit heures, il faut tous les jours être prêt à six heures du matin, car même si les grands taxis sont nombreux et disponibles, la file d'attente est incroyablement longue. Il y a des centaines de clients. Puis le soir, rebelote, on refait la queue dans la station de Bab Challah, qui devient noire de monde vers la fin de l'après-midi. Quant aux bus, ils sont moins nombreux, mais sont infestés de voleurs et de toxicomanes et l'insécurité y sévit sans répit. Je vous épargne l'ambiance dans des autobus pleins à craquer et au confort incertain, voire introuvable. Cela fait des années que la situation ne fait qu'empirer et l'on attend désespérément la fin du tunnel car, franchement, cela n'est plus une vie. Heureusement, qu'il y a les grand taxis, sinon la situation serait foncièrement intenable !" Même son de cloche chez Bouchaïb, qui habite du côté de Akreuch, pas loin du Golf de Dar es-Salam et qui souffre le martyr pour rejoindre le lieu de son travail, où il exerce ses talents de jardinier : "Quand j'étais plus jeune, j'avais une bicyclette et même une moto à un certain temps, mais avec l'âge, il faut dire que je n'ai plus les jambes de mes vingt-ans. Je suis, ainsi, obligé de rappliquer sur les bus et pour cela, il faut sortir de chez moi à l'aube. Les bus sont très rares et des fois, il faut attendre assez longtemps avant de voir en arriver un. Je ne vous dis pas la galère, en hiver, lorsqu'il pleut et qu'il fait froid. Dans notre pays, il vaut mieux avoir son propre moyen de transport, sinon, si on n'a pas les moyens, on est obligés, voire condamnés, de prendre le bus. En ce qui concerne la qualité, les véhicules qui nous servent de bus ne sont, très souvent, que des tombeaux à ciel ouvert." Pour en revenir aux faits, la gestion déléguée du service a été un véritable fiasco, après la faillite de la régie qui gérait ce secteur. Le service offert aux usagers n'a connu ni modernisation, ni amélioration qualitative et quantitative et, pire, le parc est en constante dégradation. Et on se demande aussi pourquoi on n'ouvrirait pas la porte aux investisseurs et autres promoteurs qui souhaiteraient lancer quelques compagnies privées de transport. Il faut dire que beaucoup ont essayé, mais ont essuyé un refus catégorique... Alors cette crise est-ce seulement une question de gouvernance locale !? Ou bien est-ce dû à un manque de volonté politique de la part des élus, qui devraient en principe répondre aux attentes des populations en se mettant au chevet et à l'écoute des besoins des Rbatis. Un nouveau concessionnaire en juillet pour les autobus Aux dernières nouvelles, quelque trois cent autobus flambant neuf auraient été livrés à la Wilaya, mais la date de leur mise en service n'a pas encore été communiquée. Renseignement pris du côté de la Wilaya, M. Boulahya, chef du service en charge de la gestion de la concession des autobus, nous confirme : "Un appel d'offres international a été lancé et un nouveau concessionnaire entrera en service fin juin début-juillet dans le but d'offrir un service de qualité avec un plan d'exploitation nouveau. En ce qui concerne les taxis, le mot d'ordre actuellement est à la mise à niveau du parc avec de nouveaux véhicules." Hafid FASSI FIHRI