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Galerie Noir et Blanc à Marrakech: Mohamed Zouzaf expose ses méditations
Publié dans L'opinion le 07 - 04 - 2017

Les cimaises de la galerie « Noir sur Blanc » à Marrakech abritent actuellement les œuvres récentes de l'artiste peintre Mohamed Zouzaf(vit et travaille à Essaouira) , un figure illustre de la création contemporaine au Maroc. Cet artiste L'artiste plasticien Mohamed Zouzaf nous fait partager ses méditations ainsi que son son expérience plastique, en nous transportant vers un univers pictographique incarné par des monochromes et des matières nobles. Travaillant sur papier et peaux marouflées sur bois savamment travaillées, Zouzaf, plasticien alchimiste, nous révèle une palette diversifiée d'œuvres inspirées de graphisme et de symbolisme ancestral, plus gestuelles et moins formelles.
Pictographies finement tracées, productions plus libres reposant sur l'emploi de motifs géométriques, de signes, de symboles, de motifs colorés ou monochromes, mais combien riches des particularités de la mémoire tatouée d'Essaouira : Exemple illustre d'une synthèse d'expressions aussi proches que lointains. «Lorsque l'on regarde attentivement les compositions de Zouzaf, l›on remarque d›emblée une suite de personnages tout droit sorts des hiéroglyphes... et ils sont tellement imbriqués dans un sens, dans un mouvement équilibré qu›ils se transforment miraculeusement en un texte parfaitement lisible», écrivait, en 1994, le poète romancier Mohamed Khaïr-Eddine.
Zouzaf figure parmi les artistes contemporains qui associent leur art au symbolisme gestuel. Délivré des contraintes canoniques de la lettre, il se concentre sur ce qui en fait la force et la spécificité : rythme et harmonie de la composition dans l'espace, tensions et contrastes des lignes entre elles, vigueur et mouvement du trait. Son acte plastique illustre le parfait mariage entre la peinture et la musique dans une ambiance où l'esthétique côtoie le mystique.
Les sculptures et les peintures de Zouzaf sont couvertes avec des signes mystérieux innombrables, inspirés de la tradition des amazighs. Apparemment spontanées, elles relèvent en fait d'une précision, d'une minutie et d'une concentration extrêmes, qui font de l'acte de peindre une source de connaissance de soi, de spiritualité et de paix intérieure : une école de vie qui fait rêver. «On découvre chez cet artiste original des critères et des paramètres scripturaux extrêmement anciens qui sont l'amplitude des premières écritures dont les premiers hommes civilisés se sont servis pour communiquer entre eux et pour mieux analyser leur environnement», notait encore, Mohamed Kaïr-Eddine.
La forme, le tracé, l'empreinte et le graphisme des caractères personnalisés déterminent l'aspect visuel éloquent du message plastique et influencent la communication artistique qui tend à rendre visible l'invisible pour mieux conserver la trace d'une vie commune garante de rythme et d'authenticité. Harmonie des facultés et spontanéité permet donc à l'artiste de libérer ses énergies tout en élargissant son monde esthétique.
Fidèle à sa ville d'origine Essaouira, Zouzaf cultive des rapports transversaux avec l'espace vécu. Tantôt fasciné par les dessins et formes en transe, tantôt ébloui par le langage fascinant des couleurs et des symboles. Dans son exposition à Casablanca une sorte d'affinité spirituelle profonde avec sa ville natale, où il vit et travaille pratiquement discret. C'est une approche symbolique inédite qui rend un hommage sans cesse vivant au savoir-faire ancestral préoccupé par la volonté minimaliste d'exprimer le maximum par le minimum et de mettre en valeur l'africanité et la berbérité de notre lieu d'appartenance. C'est dans cet esprit que Zouzaf puise naturellement dans la fascinante luminosité du site, la féerie des couleurs et son rythme de vie. Son traitement labyrinthique du signe paraît bien ésotérique: un art pour méditer, un savoir hors du temps. Mais s'il est tout cela, il est surtout une philosophie de vie, une morale doublée d'esthétique. La main qui manie le pinceau se veut l'instrument d'une quête qui va bien au-delà d'un formalisme harmonieux pour mettre en toile le culte du geste et du trait et la communion des énergies du corps et de l'esprit, et ce via une stylisation progressive de l'écriture subjective et détournée.
Dans une esthétique articulée autour du signe, il exploite la rhétorique référentielle des tablettes et des stèles anciennes pour développer son langage pictural. Intemporel , parce qu'à l'abri des modes, l'empire des signe est bien plus qu'un simple exercice de virtuosité, c'est un langage polysémique et connotatif qui joue sur l'ambivalence du vide et du plein le symbole du contenu et du contenant. C'est aussi une jouissance du corps et de l'esprit voire une voie d'épanouissement.
Son œuvre en tant qu'artiste professionnel vaut le détour pour ce qu'elle dévoile du dynamisme d'un art en perpétuel renouvellement. Au fait, plusieurs expositions sont à l'actif de cet artiste chercheur. Depuis 1984, il organisait déjà des expositions mobiles à Agadir, Essaouira Rabat et Casablanca. Il a également participé à des expositions collectives en Tunisie, en France, en Suède, en Autriche et aux Etats-Unis d'Amérique (récemment à l'Institut du Monde Arabe à Paris) . De 1993 à 2015, il a exposé dans le cadre d'expositions permanentes en France (Fréjus, Metz) et en Belgique (Bruxelles). C'est lui qui a mis au point les affiches du célèbre festival des Gnaoua et mis au point CD de ce genre musical.


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