La Fondation ONA - Villa des Arts de Rabat organise l'exposition « Souffle » du 6 juillet au 31 août, un hommage à la calligraphie marocaine à travers divers supports. Cette exposition révélera au visiteur le secret de cet art, dont les racines sont ancrées dans notre riche histoire et qui s'impose aussi bien dans le monde arabe qu'à l'international, grâce à des artistes confirmés qui n'arrêtent pas d'étonner par un savoir-faire particulier. Il s'agit bien de Khalid Bayi, Ahmed Ben Ismael, Mohamed Boustane, Noureddine Chater, Larbi Cherkaoui et Noureddine Daifallah. Lauréat de l'Ecole Supérieure des Beaux Arts de Casablanca, Khalid Bayi assure le prolongement qualitatif de la peinture gestuelle par la pratique de la sculpture sur divers matériaux pour revisiter la mémoire symbolique de la lettre-trace. Il maîtrise la poétique de la lettre jusqu'à délivrance, jusqu'à en faire jaillir des compositions insolites et des architectures souples et rythmées. Sa sculpture monumentale est vouée à plusieurs possibilités d'expression par écart et détournement. Ainsi, il opte pour le travail sur bronze, sa matière de prédilection. Il l'assouplit et l'affine jusqu'au fragment et indice, au terme d'un processus de créativité qui s'inspire de « la mémoire tatouée », sa puissance fantastique, sa charge conceptuelle et sa mise en forme. Il s'agit d'un territoire animé par le rêve et le mystère. Au-delà de l'œil, la lettre. Artiste-chercheur attaché à la dimension alchimique de la matière, Khalid Bayi explore l'espace indéterminé entre peinture et sculpture. Il affronte tous les supports avec une énergie et une hypersensibilité à l'instar des artistes émérites. L'enjeu est de valoriser d'avantage les structures rythmiques et les traces archétypales de la lettre pour scruter les univers d'imagerie et de rêverie. En effet, l'obsession de la lettre symbolique et tridimensionnelle apparaît comme nouvel alphabet visuel selon la perception esthétique de l'artiste. Alphabet détourné qui fonctionne comme une nouvelle conception de l'être par rapport à l'immensité de l'univers voué à une sorte de plénitude mystique voire spirituelle ... Du point de cet univers labyrinthique, l'infini invite à l'imagination et au recueillement : Une cartographie riche en matière de plasticité au sens propre du terme. Les sculptures gigantesques exposées à la Villa des Arts de Rabat (Univers, Noun, Majesté et Splendeur ...) se veulent des signes-symboles et des graphismes ésotériques dont les textures reposent sur l'ambivalence du profane et du sacré connotant l'élévation et la transcendance. Certes, cette démarche sculpturale renvoie au monde invisible du dedans et à la nécessité intérieure. Sculpteur novateur, Bayi interprète avec spontanéité la rhétorique de la lettre, mais aussi, et très souvent, avec adresse et doigté. Il met en relief le pouvoir énigmatique et fascinant de la sculpturalité. Sur le fond de l'œil du peintre et du sculpteur, cet artiste polyvalent exploite si bien l'essence de la pictographie arabe. Il explore de nouvelles techniques de travail sculptural, en surpassant les procédés classiques et conventionnels de la calligraphie pour s'orienter vers un traitement gestuel, la lettre personnalisée. Il est à souligner que l'artiste plasticien Khalid Bayi (vit et travaille à Casablanca) a exposé récemment ses œuvres récentes à l'Université Mondiapolis (Nuacer/Casablanca), ainsi qu'à Sharjah à l'occasion de la 5ème édition de la Biennale Internationale de la Calligraphie Arabe Charika (Emirats Arabes Unis).