Une quarantaine de pays africains soutiennent le retour du Maroc au sein de l'Organisation panafricaine dans une dynamique politique qui dépasse la simple adhésion institutionnelle. Une profonde mutation géopolitique annoncée qui donne des cauchemars aux tenants de l'ordre continental statique actuel, où les postures idéologiques inefficientes et d'un autre âge priment sur les intérêts concrets et urgents des peuples africains. Dans cinq jours, à Addis-Abeba, l'Afrique post-indépendance, engluée dans ses interminables conflits internes et ses contradictions, devrait commencer à laisser place à une Afrique plus décomplexée envers son passé de soumission coloniale et les problèmes qu'elle en a hérité et résolument tournée vers un avenir qui s'annonce radieux grâce à l'énorme potentiel de développement de ses nations. Le prétexte polisarien invoqué par les adversaires géopolitiques du Maroc pour contrer sa demande d'adhésion à l'Union Africaine peine à masquer la réalité : la plupart des pays africains ne reconnaissent pas la république fantoche, même s'ils siègent à ses côtés au sein de l'Organisation panafricaine, et il n'est jamais venu à l'idée de personne de leur en faire le reproche ou de les accuser de menacer, de la sorte, l'unité des rangs. La véritable inquiétude des opposants du Maroc serait que la réalité de l'exercice du Royaume de sa pleine souveraineté sur ses régions du Sud ne vienne anéantir l'illusion d'une entité étatique polisarienne totalement fictive et rappeler qu'elle ne compte pas parmi les Etats membres de l'Organisation des Nations Unies. Il est intéressant de noter qu'à l'exception de l'Algérie, pays d'Afrique du Nord dont les dirigeants ont maintes fois prouvé leur manque de vision géopolitique prospective, les quatre autres pays africains à se montrer franchement hostiles au Maroc sont l'Afrique du Sud, la Namibie, le Mozambique et l'Angola. Tous ces pays sont situés dans la partie australe du continent. Il est tout aussi important de souligner que la Namibie a été sous occupation de l'Afrique du Sud du régime de l'apartheid pendant plus d'un demi-siècle et que cette dernière est également militairement intervenue en Angola et a soutenu une guérilla au Mozambique, dans les années 70 et 80 du siècle passé. A la lourdeur de cette histoire régionale de champ de bataille sanglant parmi ceux de la guerre froide, s'ajoute celle, idéologique, héritée des mouvements progressistes qui s'épanouissaient dans la région. La politique de développement socioéconomique appliquée par le Maroc depuis l'intronisation de SM le Roi se distingue, de manière évidente, de celle en cours jusqu'à présent dans les pays de l'axe Prétoria-Alger, où les tenants des régimes politiques exploitent jusqu'à l'usure la légitimité découlant de la résistance à l'oppression coloniale, pendant que corruption et népotisme gangrènent leurs sociétés et privent leurs populations de toute perspective de développement. Maintenant que le Maroc s'affirme comme modèle pour les autres pays du continent et leur propose un partenariat Sud-Sud gagnant-gagnant, son adhésion à l'Union Africaine pose aux pays de l'axe Prétoria-Alger un grave problème de leadership, puisque le Royaume en a modifié les principes mêmes à l'échelle du continent. C'est le duel entre une conception de l'Afrique mue par le pragmatisme, axée sur le développement socioéconomique et tournée vers le futur et une approche qui consiste à garder le regard fixé sur le rétroviseur tout en palabrant à l'infini sur une prétendue lutte anti-impérialiste, dont la « grandeur » n'arrive toutefois pas à subvenir aux besoins des populations et répondre à leurs attentes de bien-être. L'Afrique est un continent jeune et sa jeunesse ne peut se rassasier ni ne veut se contenter d'un populisme qui n'enrichit que ceux qui en font leur fonds de commerce. Ses résultats en termes de progrès économique et social sont aussi fictifs que l'entité pseudo-étatique polisarienne qui siège comme un spectre à l'UA. Il est plus que temps de chasser les mauvais esprits qui hantent l'Afrique, dilapident ses richesses naturelles et étouffent son potentiel de développement, outre les menaces qu'ils font peser sur sa sécurité. Et le Maroc compte bien apporter une nouvelle dynamique à une Organisation panafricaine qui a, jusqu'à présent, surtout brillé par son incapacité à apporter la moindre solution concertée aux maux qui affaiblissent l'Afrique et entravent son envol dans le monde multipolaire en devenir. A l'aube d'une nouvelle ère où la Chine étend progressivement mais hardiment sa nouvelle Route de la soie jusqu'à atteindre la Méditerranée et où la Russie affiche ses ambitions eurasiatiques, le Maroc se veut jouer le rôle de plaque tournante entre une Afrique jeune et riche en opportunités, mais pauvre en moyens de les fructifier, et une Europe vieillissante et à bout de souffle économique, mais néanmoins dotée de capacités industrielles et technologiques dont le continent africain a rudement besoin. Plus qu'une simple adhésion à l'Union Africaine, le retour du Maroc au sein de sa famille institutionnelle continentale marque un tournant géopolitique majeur qui annonce le début du temps de l'Afrique sur la scène mondiale.