A 95 ans, Nelson Rohliha Mandela, l'un des plus célèbres leaders africains de la lutte pour l'émancipation est décédé. Après avoir passé 27 ans dans les prisons du régime de l'apartheid en Afrique du sud et 5 ans à la présidence de ce pays, «Madiba» a quitté ce monde mais son nom restera à jamais gravé dans l'Histoire du continent et de l'humanité. «Le défunt a développé une relation toute particulière avec Mon pays qui l'a soutenu, dès la première heure de sa lutte contre l'Apartheid», a souligné SM Mohammed VI dans son message de condoléances et de compassion adressé au président de la République d'Afrique du sud, Jacob Zuma. N'ayant pas réussi à venir à bout du régime d'apartheid par la protestation non-violente et après avoir été nommé à la direction de la branche militaire du Congrès National Africain (acronyme anglais ANC), feu Nelson Mandela avait, en effet, quitté son pays clandestinement, en 1962, et s'était rendu, sous le nom d'emprunt de David Motsamayi, dans plusieurs pays africains fraîchement indépendants, dont le Maroc, en quête de soutien à sa cause. Sur cette terre d'accueil des militants indépendantistes africains qu'était le Maroc du temps de la lutte anti-coloniale en Afrique, Mandela avait pu non seulement bénéficier d'une formation militaire et d'un appui politique et matériel au profit de l'ANC, mais il avait également pu y rencontrer et se concerter avec les dirigeants d'autres mouvements de libération de pays du continent, à l'instar d'Agostinho Neto, premier président de l'Angola à l'indépendance, Amilcar Cabral, leader de l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert, ainsi que les ténors du FLN algérien, Ahmed Ben Bella, Houari Boumediene et Mohamed Boudiaf, qui avaient trouvé refuge et base arrière dans le Royaume. Feu Mandela, fidèle jusqu'à sa mort à ses principes et ses amis, n'a jamais oublié l'étape marocaine de son parcours militant et, comme l'a rappelé SM le Roi dans son message, «après sa libération, (Nelson Mandela) a tenu, en novembre 1994, à se rendre au Royaume afin de le remercier pour sa solidarité, sans faille, avec le peuple sud-africain frère. A cette occasion, Feu Mon père, Sa Majesté Hassan II, que Dieu L'ait en Sa sainte miséricorde, l'a honoré de la plus haute distinction du Royaume, témoignage de sa lutte exceptionnelle pour l'égalité et la justice. (...) Les liens singuliers tissés par le défunt avec le peuple marocain et son Roi ont pu continuer à se développer après Mon accession au Trône, notamment à l'occasion de sa dernière visite privée à Rabat, en août 2005». Les relations entre le Maroc et la République d'Afrique du sud ne sont plus, malheureusement, ce qu'elles étaient du temps de la présidence de feu Nelson Mandela, qui, comme l'a noté SM le Roi «a su, avec sagesse et perspicacité, porter haut les valeurs universelles de liberté, de justice, de paix et de tolérance. Il a su, avec force et détermination, faire valoir ses idéaux et sa position intangible en faveur de la préservation de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale de l'ensemble des Etats frères africains. (...) Durant son exercice de la plus haute charge de l'Etat, le défunt a respecté la légitimité du Maroc dans son Sahara et n'a jamais voulu reconnaître ni soutenir la division ou la partition de Mon pays». Les positions du regretté leader de la lutte anti-apartheid étaient dictée par sa réelle et profonde connaissance du Maroc, de trois de ses Souverains et de son peuple, du rôle prépondérant du Royaume dans le soutien des mouvements de libération africains et de la création de la première organisation politique panafricaine, ainsi que de son importance sur l'échiquier géopolitique continental et mondial. Pour avoir longuement médité du fond de sa cellule de Roben Island sur le sort de son peuple et de ceux du continent africain, durant près de trois décennies, il savait pertinemment que les faux conflits qui déchirent jusqu'à présent nombre de pays d'Afrique ne font qu'empêcher le développement socioéconomique et l'émergence du continent sur la scène mondiale. Que se fourvoyer à ce sujet, comme l'ont fait certains dirigeants politiques africains, c'est seulement apporter de l'eau au moulin des dictatures qui font le jeu du néocolonialisme. Ce n'était pas un authentique militant pour l'émancipation et le développement des peuples d'Afrique que l'on pouvait tromper sur la justesse et la légitimité d'une cause et feu le président Mandela a su faire la part des choses et respecter l'intégrité territoriale du Maroc, en ne prêtant nul crédit à la propagande polisarienne, malgré ses bonnes relations avec les dirigeants politiques algériens. Les Marocains, à l'instar des autres peuples du continent et de la planète, ne sont pas prêts d'oublier ces propos empreints de sagesse qu'avait tenu le défunt leader sud-africain lors de son procès, en 1964: «J'ai dédié ma vie à la lutte pour le peuple africain. J'ai combattu la domination blanche et j'ai combattu la domination noire. J'ai chéri l'idéal d'une société démocratique et libre dans laquelle tous vivraient ensemble, dans l'harmonie, avec d'égales opportunités». Adieu Madiba, ta grandeur d'âme et ta profonde sagesse constituent un héritage spirituel pour tous les peuples de ce continent et une source d'inspiration pour les futures générations.