Depuis l'élection présidentielle du 27 août au Gabon, suivie des positions diamétralement opposée entre le président Ali Bongo Ondimba, proclamé vainqueur par la Commission électorale nationale permanente, et son adversaire, Jean Ping, qui s'est autoproclamé gagnant de ce même scrutin, la communauté internationale ne cesse d'appeler les deux camps au calme et à l'apaisement. Dans cet appel, de par le monde, à l'arrêt de la violence et la reprise du dialogue, on ne peut s'empêcher de s'interroger sur les raisons de la mobilisation de cette même communauté internationale à l'adresse des dignitaires gabonais. Car, comme dirait l'autre, il ne faut pas attendre l'incendie pour jouer au pompier. En effet, tous les observateurs avertis s'attendaient à ce qui se passe aujourd'hui au Gabon. La Contestation virulente de l'opposition et la réaction musclée du pouvoir en place couronnées par des casses, des morts, des blessés et des emprisonnements. Une véritable scène de guerre et de pillages que les Gabonais n'avaient jamais connue auparavant. En décidant donc d'envoyer une délégation de chefs d'Etat africains et de représentants de l'UA et des Nations unies dès que les conditions pour une visite seront établies, le président tchadien, Idriss Déby, et président en exercice de l'organisation panafricaine, tente de concilier les deux parties. Une mission périlleuse et qui risque de connaître un échec patent du fait que cette institution continentale n'a jamais réussi à résoudre les crises post-électorales en Afrique. En la matière, les exemples foisonnent. Les chefs d'Etats africains préfèrent sauver le pouvoir en place que de favoriser l'alternance faisant parfois fi de la volonté de la population qui s'est majoritairement exprimée dans les urnes. Il s'agit également d'une mission délicate - d'autant plus que les observateurs de l'Union Européenne ont émis de sérieux doutes - voire mise en cause. Exiger le recomptage des voix dans le fief d'Ali Bongo où le taux de participation a frôlé les 100 %. Un revers qui a réconforté Ping et son camp dans leur position de contestation des résultats de la présidentielle 2016 dans leur pays. Toujours est-il que les élections en Afrique sont devenues sources de tension et d'affrontements du fait qu'elles se déroulent dans des conditions peu démocratiques. Les chefs d'Etat du continent doivent se rendre à l'évidence qu'après le pouvoir il y a une vie. Et il ne sert à rien de confisquer le destin d'un pays dans le seul but de se maintenir éternellement à la magistrature suprême. Autrement dit, l'erreur est humaine mais persister est diabolique, comme le dit sagement Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal.