Qui dit hooliganisme dit vandalisme, destruction, rage, monstruosité, sauvagerie, etc. Au moment où toutes valeurs ou bonté disparaissent des stades, ce terme devient, alors, associé au sport le plus pratiqué dans le monde, le football. Pouvons-nous imaginer notre vie sans football ? Juste le fait de se poser cette question nous fait penser à toutes les discussions animées autour des joueurs et des équipes de football, partout et nulle part, dans les cafés, les ruelles ou les stades, au tour d'un café, un tajine ou même au moment du ftour. Le football est devenu, pour quelques uns, plus qu'un simple sport ou une passion. Il représente dorénavant un symbole. Il y a ceux qui se sentent fort grâce au football, ceux dont le nationalisme est activé grâce à ce dernier, ou encore ceux qui signent leur adhésion à des groupes et collectivités au moment où les matchs sont joués, etc. Cette passion est devenue un signe d'appartenance collective à un groupe qui ne saurait être défié par qui que ce soit. Plusieurs supporters ne se sentent « vivants » et énergiques qu'à l'instant où le stade est regroupé dans un élan de liesse, pour fêter un succès. Pour d'autres, cette hausse brutale d'adrénaline n'intervient qu'au moment de la défaite. Sauf qu'en en marge de toute cette grandiose fougue festive à forte charge symbolique dont jouit le football dans nombres de sociétés, on retrouve, tapi dans l'ombre, prêt à gâcher la fête, le hooliganisme. Commençons par un bref aperçu sur l'origine du mot hooliganisme, un terme qui nous vient de la langue de Shakespeare. Les premiers « hools » sont apparus vers le début des années 1980, en Angleterre. Mais c'est à la fin du XIXème siècle que l'on retrouve déjà les premiers incidents liés aux groupes de supporters. Le premier mouvement de hooliganisme date, en fait, de 1885. Deux clubs anglais s'affrontaient : North End, club du nord-ouest du pays, contre Aston Villan situé dans le centre. Des jets de pierre alors sont survenus pour rendre la fin de cette rencontre monstrueuse. Il est clair que c'est presque devenu classique et habituel d'entendre parler de ce fléau. Partout dans le monde, nous retrouvons des hooligans mécontents du résultat du match et qui provoquent des scènes d'affrontement. Jusqu'à présent, aucun des responsables du microcosme footbalistique n'a pu trouver une solution miracle à ce phénomène destructeur, aux antipodes de la joie et la bonne humeur qu'est sensé apporter le spectacle des compétitions sportives. Quelques supporters, qui se transforment en monstres rageurs, se précipitent les uns aux autres pour s'affronter violement, affichant à la fin de la partie un score élevé de blessés, voir même des morts. Ils détruisent tout ce qu'ils trouvent devant eux, dans une fulmination hystérique qui ne laisse aucune place à la réflexion sur les conséquences des actes vandales perpétrés. Ce genre de scène revient de plus en plus souvent sur les écrans. N'importe quel match peut mal tourner quand les démons du hooliganisme de déchaînent. Cela fait déjà longtemps, il est vrai, qu'on a droit à des supporters qui mettent le feu à des véhicules et dévastent des wagons de train et sèment désordre et désolation au travers d'avenues d'agglomérations urbaines. Mais les paisibles citoyens, outrés, ne s'y feront jamais. Chacun de nous a, sans doute, du assister à l'un de ces spectacles chaotiques et désolants. Et des voix, de plus en plus nombreuses, se lèvent pour dénoncer une situation qui ne fait, à leur avis, qu'empirer et s'aggraver. Ces actes et échauffourées, ne sont pas, bien entendu, une exclusivité marocaine. Samedi dernier, lors de la rencontre Angleterre-Russie (1-1), l'ambiance joviale de l'Euro 2016 a été sabotée par des scènes d'affrontement entre les supporters anglais et russes. Les échauffourées ont bien débutées jeudi dernier, au centre de Marseille et dans le Vieux-Port, mais n'ont atteint leur paroxysme que le samedi, après le coup de sifflet final de la rencontre. Le « score » de ce match de bagarres de rues s'est soldé par 35 blessés, dont un dans un état critique. Cet événement a rappelé au monde entier les pires souvenirs liés au phénomène du hooliganisme, à savoir le drame de Heysel, en 1985, ou encore celui de Hillsborough, à Sheffield, en 1989. Ces comportements ne sont, bien sûr, nullement tolérables et n'ont aucune relation avec le football et ses principes éthiques. L'UEFA a condamné ces actes en les qualifiant « de comportements inacceptables et n'ayant pas de place dans le football ». Il faudrait, dans ce cas, prendre des mesures des plus draconiennes pour se débarrasser de ce fléau une fois pour toute. Il ne faut pas, pour les responsables de l'TEFA, ternir encore plus l'image de l'Euro 2016. Une enquête a été ouverte à l'encontre de la fédération russe de football pour les incidents de Vélodrome de Marseille. Il est toutefois à remarquer qu'une telle démarche n'a, bizarrement, pas concerné la fédération anglaise... Ou quand la politique vient fausser toutes les données ! Revenons, maintenant, au Maroc. Plusieurs affrontements entre groupes des Ultras du Rajas Casablanca se sont déroulés ces dernières années. Ils ont fait une cinquantaine de blessés, voire plus. Est-ce la faute de la société ou des individus ? Mais en fin de compte, qui sont ces gens que nous qualifions d'agressifs, violents, mal éduqués, etc ? Le réel problème de ces jeunes là, c'est qu'ils n'ont rien à perdre, ou du moins c'est ce qu'ils pensent. Certains s'imaginent que laisser libre cours à leur agressivité est signe de bravoure, bien que cela soit plutôt celui d'un profond malaise socio-psychologique, une manière fort maladroite de montrer qu'ils existent. La société ne voit, par contre, en eux que de vulgaires individus sans éducation, ni culture, ni moral. On pourrait aussi dire que d'une façon directe ou indirecte, ces jeunes là, qui font subir cette violence à autrui, la subissent dans tous les domaines de la vie quotidienne, économique, sociale, politique, etc. La majorité de ces jeunes vivent, en effet, dans des conditions lamentables. Ils n'ont aucun moyen de distraction, à l'exception du moment où ils se trouvent dans le stade. Leur vie est pleine de frustration et de complications. Ils sont étouffés par les contraintes de temps et moyens. Il est même possible de dire que la société marocaine a généré ces jeunes avec le manque d'idées et de moyens dont elle souffre. Le problème fondamental n'est, donc, pas le hooliganisme en soi, mais toute une génération dans laquelle haine et méchanceté gratuite ont trouvé un terreau fertile. Ces jeunes là soulignent, de manière détestable, les nombreuses failles au sein de notre société. Le problème dépasse, en fin de compte, celui du vandalisme des supporters d'équipes de football et atteint la question des valeurs de la société. Est ce que cela donne droit aux hooligans de commettre des actes répréhensibles ? Il est clair que non. Il faut bien analyser la situation sociale, la critiquer, trouver les causes et sources de problèmes et veiller à y remédier, mais sans pour autant chercher des prétextes ou excuses à ces déviances. C'est pure honte que d'assister à de tels comportements au sein de sociétés dites modernes.