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Entretien avec Brahim Aboulaabbas, président de l'Association Marocainede l'Ecotourisme et de la Protection de la Nature Traduire des idées conceptuelles en actions sur le terrain
La rentrée scolaire 2015-2016 a été marquée, au niveau de la province d'Ifrane, par l'ouverture des portes d'un joyau de l'éducation relative à l'environnement au Maroc, qui a pour le nom : L'Ecole de l'Education à l'Environnement et de l'Ecotourisme d'Ifrane, implantée dans la forêt de cèdre de Ras El Mae, au coeur du Parc National d'Ifrane. Pour rapprocher nos fidèles lecteurs et lectrices de ce nouveau-né d'une convention de partenariat modèle et porteuse, passée entre la Direction régionale du HCEFLCD du Moyen Atlas, la Délégation provinciale du ministère de l'Education nationale et de la formation professionnelle d'Ifrane et l'Association Marocaine de l'Ecotourisme et de la Protection de la Nature, nous avons approché M. Brahim Aboulaabbas, ingénieur des eaux et forêts et président cette association, qui a bien voulu nous accorder cet entretien. L'Opinion : Un petit mot sur l'AMEPN et ses principaux objectifs? Brahim Aboulâbbas : L'Association Marocaine pour l'Ecotourisme et la Protection de la Nature (AMEPN) a choisi, depuis sa création en 1997, de renforcer le tissu associatif national oeuvrant pour la préservation de la nature et veillant à l'amélioration de l'environnement naturel d'une manière générale. Nos principaux objectifs se résument dans la valorisation des écosystèmes naturels à travers l'incitation à la promotion d'une activité écotouristique de qualité permettant d'améliorer les conditions de vie en milieu rural et servir d'alternative à la surexploitation des ressources naturelles, la promotion de l'éducation environnementale pour contribuer à changer le comportement de nos nouvelles générations et les préparer aux défis des changements climatiques et leur inculquer la nécessité d'adopter des comportements respectueux de l'environnement et, aussi, la contribution à la conservation de la biodiversité à travers des programmes de suivi des écosystèmes et des espèces les plus vulnérables en vue de prévoir leurs tendances face aux problématiques des conditions climatiques et de la pression anthropiques que nous vivons actuellement. L'Opinion : Comment conçoit-on l'Education relative à l'environnement dans les programme d'activité de l'AMEPN ? Brahim Aboulâbbas : L'éducation à l'environnement est notre action phare actuellement. Nous disposons d'une certaine expérience que nous avons acquise à travers un travail quotidien que ce soit au niveau de la forêt de la Maâmora ou au niveau de la forêt du cèdre du parc national d'Ifrane. Notre conception à l'éducation à l'environnement est tout simplement une présence sur le terrain avec des outils pédagogiques simplifiés qui permettent à l'enfant de comprendre assez facilement les dangers qui pèsent sur l'environnement naturel à cause de l'intervention humaine. L'enfant, qui est ciblé par ces programmes éducatifs, doit être l'acteur du changement de demain et, par voie de conséquence, il doit être bien préparé et prédisposé à ces changements. Ce qui fait que nos activités éducatives essaient de rapprocher les groupes cibles aux problèmes environnementaux en utilisant des jeux, des contes, des sorties sur le terrain, des activités de comparaison des écosystèmes naturels et aussi l'utilisation de tous les sens pour permettre à l'enfant de mieux assimiler l'interactivité et la fragilité d'un écosystème naturel. Notre approche en matière d'éducation à l'environnement se focalise sur les espaces naturels où la problématique de dégradation de la biodiversité est sentie de manière sérieuse. Notre action doit se concentrer sur les populations riveraines de ces espaces pour les ramener à sauvegarder leur patrimoine naturel. C'est le cas que nous menons actuellement dans le parc national d'Ifrane où un programme est maintenant inséré dans le cursus parascolaire des écoles rurales de cette aire protégée. C'est une première au Maroc du fait qu'un tel programme cible les enfants ruraux. Ce programme, qui est à sa troisième année d'exécution, a fait bénéficier, jusqu'au 12 décembre 2015, plus de 4100 élèves de 44 écoles des communes rurales du Parc National d'Ifrane. L'Opinion : Qu'en est-il de ce nouveau-né au Maroc qu'est l'EEE en matière d'ErE et qu'en est-t-il de son programme éducatif et pédagogique ? Brahim Aboulâbbas : L'Ecole de l'Education à l'Environnement et de l'Ecotourisme (EEEE) n'est que la plate-forme pédagogique dont nous disposons pour traduire nos idées conceptuelles en actions sur le terrain. Nous l'avons conçue et réalisée dans le cadre d'un projet financé par le Fonds de Partenariat pour les Ecosystèmes Critiques (CEPF) et l'appui du Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification (HCEFLCD) qui a mis à notre disposition les infrastructures nécessaires. L'appui également de la Délégation Provinciale du Ministère de l'Education Nationale et de la formation Professionnelle d'Ifrane est précieux de par l'insertion de ce programme dans les activités parascolaires des écoles rurales concernées. Le programme pédagogique est basé sur un apprentissage tiré de la problématique environnementale locale. Nous avons conçu des outils simplifiés adaptés principalement aux élèves ruraux. Ces programmes sont liés à l'eau et à la biodiversité aquatique tout en mettant l'accent sur l'impact du braconnage sur la disparition des espèces de poisson, sur les coupes illicites du bois, et sur la pollution des eaux et ses dangers sur la santé de la population locale. L'EEEE ne servira pas seulement à ce programme mais aussi à la formation et le renforcement des capacités de nos jeunes en matière d'animation-nature, d'écotourisme et de certains métiers de la nature tels que les guides-pêche, les ornithologues-amateurs (ou birdwatchers)...etc. Elle abritera en parallèle la première ‘'colonie verte'' au Maroc qui est un séjour des enfants en pleine forêt de cèdre où toutes les activités sont inspirées de la nature. Une petite aventure que les enfants peuvent vivre pour mieux apprécier les bienfaits de la nature. L'Opinion : Un dernier mot ? Brahim Aboulaâbbas : Nous serons au rendez- vous lors de la COP22 pour partager cette expérience, et nous sommes prédisposés à recevoir des délégations pour montrer la mobilisation du secteur associatif marocain en faveur de l'environnement : agir localement c'est aussi penser globalement.