Peut-on s'extasier à l'évocation du mot Cancer ? La réponse, aussi crue soit-elle, c'est non. Le cancer fait peur. Le cancer fait mal. Le cancer tue. Paradoxalement, le cancer peut être source d'amour et de tolérance. C'est le fil d'Ariane du dernier film de Driss MRINI « AIDA ». Avec cet opus, ce cinéaste Marocain, issu de l'école cinématographique de l'Est et qui a fait ses classes à la Télévision marocaine, signe un des films marocains les plus touchants et les plus sensibles. Si le Crabe, appellation donnée au cancer, a des pinces qui provoquent douleur et souffrance, il peut, grâce à la magie de la caméra de Driss, se transformer en bras accueillants, chaleureux, affectueux et même source de bonheur. Le cancer peut-il transcender la maladie et la mort ? Au lieu d'être le tailleur d'une pierre tombale, il devient un chef d'orchestre, qui écrit une partition musicale à sonorités douce, triste et profonde. Dans Aida, Musulmans et juifs Marocains, sont unis par des chants à connotation spirituelle, dont aucune religion ne peut prétendre le monopole. C'est le symbole de la coexistence de communautés de religion différente Le cancer, cette maladie qui ronge le corps à petits feu. Ce mal qu'on a du mal à nommer, à en parler et à fortiori à communiquer dessus. Driss MRINI, le caresse avec une image tendre, sensible. Le mal qui fait peur, bien qu'il hante les nuits, est devenu amour, tendresse et tolérance Grâce ou à cause de ce mal, c'est un long voyage voire un long retour, certes douloureux mais apaisant vers l'enfance, vers la redécouverte de soi et de sa ville natale, vers le renouement avec ses amourettes et ses premiers goûts musicaux La musique, Andalouse et spirituelle, nous prend sous ses ailes et devient profondément une arme thérapeutique. La musique, si, elle ne guérir le mal, elle ouvre les voies célestes sous des feux d'artifices ensorcelantes et magiques. Le sourire aux lèvres et les larmes de purification aux yeux : C'est Aida, ce film touchant, sensible et profondément humain de Driss MRINI. L'épouse qui se lie d'amitié et de complicité avec la fausse maîtresse du mari. L'architecte qui retrouve sa première passion pour la musique. Le juif et le musulman Marocains, qui communient à travers une musique ancestrale. Driss Mrini, réalisateur, pur produit d'une société slaouie, traditionnelle et conservatrice, qui a peut-être vécu de prés, l'expérience du mal qui ronge, s'attaque avec douceur, art et maîtrise aux tabous religieux, médical et sentimental de notre société Marocaine. Aida, Film Marocain, va côtoyer, d'une manière ou d'une autre, les grands des Oscars 2015, l'antre du cinéma mondial. C'est une consécration, un rêve, un défi et une confirmation de la confiance en soi pour le créateur cinématographique Marocain Par ailleurs, Aida, qui a, comme filigrane la maladie cancéreuse, pourra donner le sourire à des milliers de patients Marocains, qui souffrent en silence, grâce notamment aux différents programmes de la Fondation Lalla Salma de traitement et de prévention des cancers « Aida », présenté dans la compétition officielle du 9ème Festival International du Film de Femmes de Salé (28 Septembre / 3 octobre), organisé par l'Association Bouregreg, est un véritable hymne à l'Amour et à la Tolérance. Bravo au président de l'Association, M. Noureddine Chemaou et au Directeur du Festival, M. Abdellatif Assadi.