«Aida», le troisième long métrage du réalisateur Driss Mrini relate l'histoire du personnage éponyme, une juive marocaine, professeur de musique à Paris, dont le corps est dévoré par une tumeur maligne. Sachant qu'elle est condamnée, elle décide de rentrer au Maroc, son pays natal, à la recherche des souvenirs et des petits plaisirs ayant marqué son enfance, espérant retrouver de nouvelles raisons d'espérer et une source de motivation pour continuer d'y croire. Ce long métrage est marqué par un ensemble d'éléments qui peuvent tous concourir pour confirmer qu'il s'agit d'un vrai tournant dans le parcours du réalisateur. En effet, le premier indice de force du film est la thématique, le choix du retour d'une juive marocaine est fortement symbolique. Il renvoie à une période de l'histoire du Maroc durant laquelle les juifs vivaient dans leur pays sans la moindre discrimination. Le retour, dans le film peut soulever la question des raisons du départ puisque le refuge a toujours demeuré le pays d'origine, l'espace quitté. Le second élément fort dans le film est le casting. Le réalisateur a su bien faire valoir un professionnalisme dans le choix de ses acteurs. Une analyse rapide du jeu montre que les rôles étaient attribués avec justesse, à cela s'ajoute une direction d'acteur qui n'a rien laissé au hasard. Le public a pu constater que Noufissa Benchhida, Houda Rohani (prix du second rôle féminin à la 16ème édition du festival national du film), Latefa Ahrrare, Amina Rachid, Majida Benkirane, Mohamed Choubi, Abdellatif Chaouki ... évoluaient d'une façon qui laisse croire qu'ils jouissaient d'une grande liberté de jeu tout en restant fidèle à une mise en scène bien étudiée par le réalisateur. Le troisième constituant qui fait la force du film est la musique. Elle est bien choisie et tout en en faisant un élément fondamental du film, Mrini a rendu un vibrant hommage au métissage musical qui a fait une des richesses artistiques du Maroc moderne. «Aida» est un film sur l'amour, l'identité, les valeurs ... Tout en le réalisant, Mrini invite à revisiter une partie de l'histoire du Maroc et célèbre le relationnel dans toutes ses formes et rejette l'exclusion et le préjugé.