Le développement de l'Afrique requiert un effort d'investissement multiformes et novateur dans le domaine des énergies modernes afin de permettre au continent de combler son gap énergétique et mener à bien ses ambitions d'émergence et de progrès, ont convenu à souligner, mercredi 6 mai, à Marrakech, plusieurs experts et opérateurs privés et publics dans le cadre des débats de la Conférence inaugurale ''Clinton Global Initiative'' (CGI) Moyen-Orient et Afrique. Les intervenants à une session de débat sur le thème ''Assurer un accès équitable à l'énergie'', ont souligné que cet effort d'investissement devra cibler particulièrement les énergies renouvelables (solaire et éolienne) dans le cadre de ''partenariats intelligents'', flexibles et adaptés aux réalités socio-économiques de l'Afrique. Les seuls modèles d'investissements traditionnels (investissements étatiques, projets de centrales à énergies fossiles) ont montré leurs limites puisque près de 600 millions d'habitants en Afrique souffrent encore d'un déficit énergétique, a relevé Sameer Hajee, co-fondateur et directeur du groupe Nuru Energy'. L'Afrique dispose d'un très fort potentiel en énergies renouvelables et la baisse continue des coûts, particulièrement pour le solaire, offre au continent l'opportunité de rattraper son retard à travers des projets aux proportions et aux montages financiers adaptées, particulièrement en milieu rural. Sherif Abdelmessih, directeur général de ''Futur Enregy Coropration'' a tenu à indiquer que le gap énergétique en Afrique est avant tout la résultante d'un dysfonctionnement de l'investissement dans le secteur. Les énergies renouvelables ne représentent que 0,5 pc des investissements en Afrique malgré le potentiel du continent sur ce créneau et les progrès qui ont démocratisé l'accès à ces technologies de plus en plus performantes et viables, a-t-il dit. Assurer la généralisation de l'accès à l'énergie, une condition sine qua non du développement en Afrique, nécessite un effort des États pour sortir des modèles traditionnels et multiplier les initiatives pour encourager l'investissement innovant dans les énergies renouvelables. Il s'agit de s'ouvrir à des modèles d'affaires et d'investissement fondés sur des partenariats multiformes impliquant les secteurs publics et privés, les populations, les bailleurs de fonds et les donateurs, a-t-il dit, précisant que le taux de couverture en électricité en Afrique ne dépasse guère 71 pc en milieu urbain et à peine 20 pc en milieu rural. Intervenant dans le cadre de ce panel, Mme Amina Benkhadra, directrice générale de l'Office national des hydrocarbures et des mines, a évoqué la stratégie énergétique du Maroc qui s'articule autour des piliers fondamentaux de la sécurité énergétique, l'accès à l'énergie à tous et à des prix compétitifs, la protection de l'environnement et l'intégration régionale. Elle a particulièrement présenté les grands axes du programme d'électrification rurale qui est parvenu à une couverture quasi-totale sur l'ensemble du territoire national. Un succès, selon Mme Benkhadra, qui s'explique par une vision proactive, une meilleure maitrise coût-performance, et des programmes de financement appropriés impliquant gouvernement, collectivités locales et bénéficiaires. La stratégie énergétique nationale a pour ambition de faire du Maroc un pays leader dans les énergies renouvelables, avec comme objectif une production électrique nationale assurée à 42 pc par les énergies renouvelables en 2020, a-t-elle dit. Elle a relevé, dans ce contexte, que le Plan Solaire Marocain prévoit le développement d'une capacité de 2000MW d'énergie solaire à l'horizon 2020, ce qui correspond à 14 pc du mix de production électrique. Mme Benkhadra a affirmé, à cette occasion, la disposition du Maroc à partager avec les pays du continent son expérience et expertise reconnue dans ce secteur prometteur, conformément à son choix stratégique de coopération sud-sud. Plusieurs intervenants à ce panel ont exprimé leur admiration envers les réalisations du Maroc dans le domaine énergétique et particulièrement sa performance en électrification rurale qui a atteint un taux de plus de 90 pc. Lors de ce débat, plusieurs opérateurs et représentants d'ONG ont témoigné d'expériences réussies en matière d'accès à l'énergie dans différentes contrées d'Afrique. Chiffres à l'appui, ils ont révélé les bienfaits de l'accès à l'électricité dans diverses petites localités rurales dont témoigne une nette amélioration des indicateurs santé, éducation, lutte contre la pauvreté, activités génératrices de revenus et développement du tissu économique local.