L'armée nigériane a réussi à libérer 700 otages retenus par les islamistes. Selon Amnesty International, 2 000 femmes ont été kidnappées depuis un an. Quelque 275 femmes et enfants, sur les 700 libérés cette semaine par les forces nigérianes dans le cadre de leur offensive contre les islamistes de Boko Haram, ont été recueillis dans un camp de réfugiés à Yola, dans l'est du Nigeria, a annoncé, dimanche 3 avril, un porte-parole de l'armée. Ces otages libérés, certains blessés, sont arrivés samedi soir dans ce camp géré par l'agence nationale nigériane des situations d'urgence (Nema), après plusieurs jours de voyage à bord de camionnettes. "Nous étions assis sous un arbre dans la forêt quand les soldats sont arrivés. Il y a eu une fusillade avec les insurgés et beaucoup de blessés parmi nous", a raconté une femme, le bras droit portant un bandage. Depuis mardi, près de 700 otages des islamistes détenus dans la forêt de Sambisa, dans le nord-est du pays, ont été libérés par les forces gouvernementales. Selon les premières indications, aucune des 200 lycéennes enlevées en avril 2014 à Chibok ne figure parmi les otages retrouvés. Selon Amnesty International, Boko Haram a enlevé plus de 2.000 femmes et jeunes filles depuis le début de l'an dernier au Nigeria. L'armée nigériane a déclaré samedi avoir bon espoir d'acculer les islamistes de Boko Haram dans leurs derniers retranchements, mais l'offensive pour les chasser de leurs repaires dans les forêts du nord-est du Nigeria est rendue difficile par les mines disposées ici et là. "Les abords de tous leurs bastions ont été minés", a expliqué le général Chris Olukolade, porte-parole de l'armée. Boko Haram s'est emparé en 2014 dans le nord-est du Nigeria d'un territoire plus vaste que la Belgique et a provoqué un tollé international en enlevant 200 lycéennes de la ville de Chibok. Après six années d'insurrection qui ont fait des milliers de morts et contraint plus de 1,5 million d'habitants à fuir, une contre-offensive a été lancée en janvier, trop tard cependant pour permettre au président sortant Goodluck Jonathan de se faire réélire en mars. C'est son principal adversaire, Muhammadu Buhari, qui l'a emporté. Les jihadistes retranchés dans une forêt L'armée nigériane dit avoir repoussé Boko Haram dans la vaste forêt de Sambisa, dans l'État de Borno. Boko Haram n'a fait aucune déclaration publique depuis son dernier enregistrement audio, début mars, dans lequel il prêtait allégeance au groupe Da'ech. "La forêt de Sambisa est un de ces endroits qui sont fortement minés(...). Un obstacle majeur à toute avancée", a dit le général Olukolade. L'armée a lancé une offensive terrestre en avril contre Sambisa à la suite de bombardements aériens, et affirme que 13 camps de Boko Haram ont été démantelés depuis lors. "D'après les rapports des services de renseignement, il y a beaucoup d'autres (camps), qu'il va falloir éliminer", ajoute-t-il. Boko Haram avait déjà été repoussé par le passé, mais le général Olukolade dit avoir bon espoir que l'armée réussisse cette fois à conserver les zones reconquises, grâce à des patrouilles et au soutien des troupes du Cameroun, du Niger et du Tchad, également engagées dans la guerre contre les islamistes. "Leur capacité (aux hommes de Boko Haram) à gagner des zones sûres en dehors du Nigeria se réduit fortement. La probabilité qu'ils survivent à cette offensive et reviennent sur le devant de la scène est faible", a conclu le général. Par ailleurs, des soldats nigérians ont tué au cours d'un raid plusieurs personnes dans des communautés soupçonnées d'abriter des milices qui se livrent régulièrement à des violences dans le centre du pays, a déclaré dimanche un porte-parole militaire. "A la suite d'attaques fréquentes de miliciens contre des communautés dans la région de la frontière entre les États du Plateau et de Taraba, nous avons lancé une opération pour chasser les membres de ces gangs de meurtriers", a déclaré le capitaine Iweha Ikedichi. De violents affrontements se sont produits et ont fait plusieurs morts. "Je n'ai pas d'information sur le bilan exact mais plusieurs personnes ont été tuées", a-t-il dit. L'officier a toutefois souligné qu'"aucun civil n'avait été tué". Des médias locaux ont avancé qu'au moins 30 personnes avaient été tuées dans les raids sur les localités de Kadarko, Kurmi et Wadata entre vendredi et samedi, ajoutant que les militaires avaient brûlé des habitations et ouvert le feu de manière aveugle. Selon ces médias, les soldats venus à bord d'une quarantaine de camions ont voulu venger la mort de quatre d'entre eux tués par des miliciens à la frontière de l'État de Taraba. L'État du Plateau est l'un des États du centre du Nigeria où se rejoignent le Sud à majorité chrétienne et le Nord à dominante musulmane. La région, surnommée "Middle Belt", a été le théâtre de violences intercommunautaires et interconfessionnelles qui ont fait des centaines de morts au cours des années passées.