Depuis des années déjà, les cadreurs se sont groupés en syndicat professionnel connu et reconnu par tous les studios de cinéma. Cela se passe aux Etats-Unis où l'industrie cinématographique n'est pas une utopie, plutôt une réalité concrète avec la production annuelle de plus de 400 longs métrages de fiction, sans compter les films documentaires, ceux d'animation et les courts métrages. Bref, une industrie cinématographique existe bien en Amérique avec ses studios, son star-system, ses syndicats et ses industries annexes et ce depuis une centaine d'années. Là on a compris que le cadrage est une opération et un métier qu'il faut désormais intégrer parmi les métiers de l'audiovisuel après avoir instauré le cadrage en tant que discipline dispensée dans bon nombre d'écoles et d'instituts spécialisés non seulement en Amérique mais également en Europe. Des lauréats d'écoles affichent déjà fièrement leurs diplômes de cadreurs aux cotés des chefs opérateurs et des cameramen, tous mis au service de l'image. Ce n'est pas un métier de plus sur le cinéma, plutôt une spécificité professionnelle devenue indispensable pour compléter les exigences d'une profession en perpétuelle extension. Si le métier de cadreur est encore en laisse dans les cinématographies nationales, il a pris une importance primordiale dans les pays à industrie où des lois régissent l'exercice et les droits. Car le cadrage, dont l'intérêt a fini par enrichir les théories du cinéma, est une opération délicate qui englobe la technique, l'approche, la philosophie, la vision. Il constitue le premier aspect de la participation créative de la caméra à l'enregistrement qu'elle fait de la réalité extérieure pour la transformer en matière artistique. Il s'agit ici de la composition du contenu de l'image c'est à dire de la façon dont le réalisateur découpe et éventuellement organise le fragment de réalité qu'il présente à l'objectif et qui se retrouvera identique sur l'écran. Le choix de la matière filmée est le stade élémentaire du travail créateur au cinéma. A l'origine, lorsque la caméra était fixe et enregistrait le point de vue du cinéaste, le cadrage n'avait aucune réalité spécifique puisqu'il se bornait à délimiter un espace correspondant très exactement à l'ouverture d'une scène de théâtre. Progressivement, on s'est aperçu qu'on pouvait: - laisser certains éléments de l'action en dehors du cadre - monter seulement un détail significatif ou symbolique - composer arbitrairement le contenu du cadre - modifier le point de vue normal du spectateur - jouer sur la troisième dimension de l'espace pour en tirer des effets spectaculaires ou dramatiques On voit ainsi, par ces quelques exemples, à quelle extraordinaire transformation et interprétation de la réalité se livre le cinéma au moyen d'un facteur de création aussi complémentaire que le cadrage. Mais son extrême importance apparaît clairement: il est le plus immédiat et le plus nécessaire moyen de la prise de possession du réel par la caméra.