La ville de Tikrit a été, totalement, libérée, tandis que le drapeau irakien flotte sur le toit du bâtiment du gouvernorat de Salaheddine, a annoncé Haïdar al-Abadi, le Premier ministre irakien. Cette ville a été libérée, après pas moins d'un mois de combat, et grâce à la participation de l'armée, de la police et de milliers de volontaires des forces populaires. Les forces irakiennes avaient repris dès le lundi 30 mars le siège du conseil de la province de Salaheddine, dont Tikrit est le chef-lieu, et des drapeaux irakiens flottaient à nouveau sur plusieurs bâtiments de cette ville à majorité sunnite, qui fut le bastion de l'ancien dictateur Saddam Hussein. Mardi 31 mars, des combattants exultaient en abaissant des drapeaux de Da'ech, au milieu de la ville dévastée. «Nous somme au centre de Tikrit. La ville et tous les bâtiments administratifs sont complètement libérés», affirmait un policier irakien. Ses propos été immédiatement nuancés par le commandant Kim Michelsen, porte-parole de la coalition, affirmant que «certains secteurs de Tikrit sont toujours sous le contrôle de Da'ech et un travail important reste à faire». Après l'annonce de la libération de Tikrit, Chef-lieu de la province de Salaheddine, Raed al-Jabouri, le gouverneur de la province de Salaheddine, a demandé aux directeurs des bureaux et des instances gouvernementales de Tikrit de reprendre, à partir d'hier, mercredi 1er mars,, leurs activités, dans cette ville. Lors de sa rencontre du lundi 30 mars, à Bagdad, avec Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations Unies, Al-Abadi avait promis que Tikrit serait nettoyée, en 48 heures, de la présence des Daeshistes. Les forces gouvernementales, si elles parviennent effectivement à chasser tous les jihadistes hors de Tikrit, auront encore à désamorcer les engins explosifs disséminés par Da'ech. La profusion de ce type de pièges avait conduit les forces gouvernementales à interrompre l'opération au bout d'une dizaine de jours, avant de repartir à l'assaut la semaine dernière, après que M. Abadi a réclamé l'appui aérien de la coalition internationale qui frappe des positions de Da'ech en Irak depuis septembre. Le rôle des milices chiites Il s'agit de la percée la plus significative depuis le lancement de l'offensive début mars. L'armée irakienne mène sa plus importante opération contre les Da'echiens depuis qu'ils se sont emparés de vastes pans du territoire, notamment dans le nord de l'Irak. Le porte-parole d'une milice chiite a confirmé ces informations et affirmé que des membres des Unités de mobilisation générale (UMG), forces pro-gouvernementales dominées par les milices chiites, avaient pris part aux combats aux côtés des unités de la police. Les UMG ont joué un rôle crucial pendant les trois premières semaines de l'offensive mais ont indiqué se mettre en retrait lorsque les forces de la coalition internationale menée par les États-Unis ont lancé des frappes sur Tikrit le 25 mars, à la demande de Bagdad. Elles avaient notamment accusé Washington de chercher à leur voler la victoire à Tikrit. Les États-Unis, qui reprochaient aux milices chiites irakiennes d'être sous l'influence de l'Iran, ont affirmé eux s'être engagés dans la bataille de Tikrit après avoir obtenu la garantie de Bagdad que les forces gouvernementales joueraient le premier rôle dans l'offensive. Les dernières frappes de la coalition dans le secteur de Tikrit ont eu lieu dimanche et lundi, selon le Pentagone. Les miliciens chiites ont notamment reçu de Téhéran de l'artillerie et des conseillers. Les États-Unis, voyant d'un mauvais œil ce soutien, avaient pour leur part exigé que soit accordé un plus grand rôle aux forces gouvernementales, avant de lancer leurs frappes. La France a aussi frappé Tikrit ces derniers jours. Iran et États-Unis ont de fait été impliqués dans la bataille, tout en affirmant ne pas collaborer l'un avec l'autre. L'ONU craint des actes de vengeance Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, en Irak lundi, avait lui insisté sur la nécessité pour Bagdad de mettre «sous contrôle du gouvernement les groupes de volontaires armés combattant en soutien au gouvernement». «Les civils délivrés de la brutalité de Da'ech ne devraient pas avoir à craindre leurs libérateurs», a averti M. Ban. Le nombre de civils encore présents à Tikrit, qui comptait environ 200.000 habitants, est difficile à évaluer. Confiant dans la victoire à Tikrit, le ministre de la Défense, Khaled al-Obaidi, a réuni les responsables de son armée mardi pour préparer la reconquête de la province de Ninive, plus au nord, dont le chef-lieu Mossoul est le fief de Da'ech en Irak. Par ailleurs, une autorité sécuritaire irakienne, dans la province de Salaheddine, a fait part de la découverte, à Tikrit, de tunnels construits par Da'ech. Le groupe terroriste Da'ech se servait de ces tunnels, pour le stockage d'armes et la rétention des civils pris en otage. "Lors de leurs opérations, à Tikrit, les forces de sécurité et les forces populaires ont découvert 5 tunnels, dont 3 datant de l'époque de Saddam", a ajouté cette autorité, sous le sceau de l'anonymat. "Dans un tunnel, 1.800 Da'echiens ont été arrêtés. Les Da'echiens y avaient retenu 20 femmes prises en otage, à Mossoul", a-t-elle ajouté. "Da'ech avait caché, dans ce tunnel, une quantité d'armes lourdes et semi-lourdes, suffisant à une division. L'unité d'ingénierie de l'armée irakienne a, également, réussi à désamorcer 3.000 mines et des paquets d'explosif, posés par les criminels da'echiens, dans différents endroits, dans la province de Salaheddine", a-t-elle poursuivi.