Après une dizaine de jours d'offensive, les troupes et les milices chiites irakiennes sont entrées dans un des quartiers de Tikrit, mercredi 11 mars. 30 000 hommes sont engagés dans cette bataille symbolique. Une victoire d'importance contre Da'ech. L'armée irakienne est entrée, mercredi 11 mars, dans la ville de Tikrit, à 160 km au nord de Bagdad, tenue par les terroristes de Da'ech, mais le plus dur reste à faire. Des soldats épaulés par des miliciens chiites ont repris le contrôle d'une bonne partie du quartier de Qadisiyah. Mais selon un expert militaire français, «les jihadistes ont fait exploser l'unique pont qui relie les deux rives du Tigre dans Tikrit». «Les combattants de Da'ech sont retranchés sur la rive occidentale, ajoute-t-il. Les forces gouvernementales vont devoir faire un grand détour pour rallier les positions des jihadistes». Chasser les jihadistes de cette ville reste leur principal objectif. Elles ne sont pas aidées, depuis le début de leur offensive, par les forces de la Coalition internationale anti-Daech, qui se sont abstenues jusqu'à maintenant de bombarder les jihadistes. Après dix jours d'intenses combats, et après avoir repris al-Alam, un faubourg situé au nord de Tikrit, mard. 10 mars, l'armée d'Irak et les milices chiites ont donc réussi une première incursion dans Tikrit, l'ancien fief de Saddam Hussein contrôlé par l'organisation Da'ech. Quelque 30 000 hommes et l'aviation ont été mobilisés pour reprendre ce bastion de Daech, à 160 km au nord de Bagdad, face à quelques centaines de djihadistes. L'Iran offre un soutien clé aux forces gouvernementales irakiennes dans cette bataille, contrairement à la coalition mise sur pied par les Etats-Unis, qui mène des raids aériens depuis août en Irak et en Syrie, mais ne participe pas à l'offensive de Tikrit. Terrain piégé et snipers Pour la reprise de Tikrit l'armée irakienne appuyée par les milices chiites a lancé son offensive à partir de plusieurs axes stratégiques. Une première victoire d'abord dans le sud. La semaine dernière la ville d'al-Dour a été reprise. Et puis dans le nord, désormais, avec la reconquête d'al-Alam. Ces deux villes, deux positions importantes, étaient considérées comme les derniers verrous avant la grande offensive contre Tikrit. Avec leur reprise, la voie semble donc s'ouvrir désormais devant les forces de sécurité irakiennes qui viennent d'entrer dans Tikrit avec la ferme intention de chasser les combattants de Da'ech. Des officiers irakiens ont indiqué combattre actuellement pour nettoyer le quartier de Qadisiyah, à Tikrit. Une étape après l'autre, la reprise de cette ville affaiblirait considérablement les jihadistes et Da'ech en est parfaitement consciente. Elle est déterminée à défendre cette région jusqu'au bout. Des renforts jihadistes ont quitté leur position plus au nord, pour rejoindre la ville de Tikrit, et renforcer leur défense sur place. Ils se sont du coup exposé à une offensive lancée par les forces kurdes dans la région de Kirkouk. «Nous n'avons pas en face de nous des combattants au sol, mais un terrain piégé et des snipers», reconnaît un haut gradé sous le couvert de l'anonymat. Les jihadistes truffent d'engins explosifs improvisés les villes qu'ils doivent abandonner. L'entrée des forces gouvernementales dans Tikrit intervient au dixième jour de la vaste offensive lancée par le gouvernement de Bagdad pour reprendre ce bastion sunnite contrôlé par Da'ech depuis que l'organisation terroriste a conquis des pans entiers du «pays sunnite» irakien, en juin 2014. Ces derniers jours, les forces gouvernementales avaient progressé dans les villages alentour de Tikrit. «Mais elles n'avaient pas rencontré une grande résistance de la part de Da'ech», relève l'expert. «C'est maintenant que les choses sérieuses vont commencer». Vers Fallouja et Mossoul Tikrit est un test. Prendre Tikrit ce serait ouvrir la voie pour Mossoul, la plus grande ville du nord de l'Irak contrôlée par les jihadistes depuis juin 2014. En revanche, si les combats traînent en longueur ou s'ils sont entachés d'exactions commises par les miliciens chiites contre les populations sunnites, comme c'est déjà arrivé, la bataille de Mossoul sera très difficile. L'objectif c'est aussi la libération de Falloujah, à seulement 40 km de Bagdad. A 20 km de là, l'armée irakienne a repris la ville stratégique de Garma. "Nous, les commandos du 11e contingent, avons été capable de libérer le district de Garma qui était sous le contrôle de Da'ech, a déclaré un soldat. On l'a libéré complètement.'‘ Au même moment, à quelque 100 km à l'ouest de Bagdad, les jihadistes ont lancé une attaque spectaculaire, coordonnée, dans Ramadi, le chef-lieu de la province d'Al-Anbar où ils sont entrés il y a plus d'un an, bien avant leur fulgurante percée de juin 2014. Douze voitures piégées ont explosé au même moment, à l'aube, aux quatre coins de la ville. Au moins sept d'entre elles étaient conduites par des kamikazes et visaient les forces de sécurité, selon la police. Au moins 17 personnes sont mortes et près de 40 ont été blessés, selon un responsable de police et un docteur de l'hôpital de Ramadi. Des heurts ont ensuite éclaté, mais plusieurs responsables ont affirmé que le groupe extrémiste sunnite n'avait pas gagné de terrain dans Ramadi, divisée entre jihadistes et forces gouvernementales. «Nos forces de sécurité étaient prêtes», a salué le gouverneur d'Al-Anbar, Sohaib al-Rawi. Al-Anbar est une vaste province largement désertique mais stratégique pour Da'ech, car frontalière de la Syrie.