La situation en Ukraine connaît «des progrès» mais doit être encore «améliorée», ont constaté, lundi 2 mars au soir, le président français François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel et les présidents russe et ukrainien, Vladimir Poutine et Petro Porochenko, lors d'un entretien téléphonique, selon un communiqué de l'Élysée. «L'état de la mise en œuvre du paquet de mesures adopté à Minsk le 12 février a été examiné. Des progrès sont constatés mais la situation doit être améliorée», selon la présidence française. «Les quatre dirigeants sont convenus de demander à l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) de jouer un rôle plus direct afin d'améliorer l'application du cessez-le-feu et du retrait des armes lourdes et de faire un rapport quotidien sur leur mise en œuvre», a-t-elle précisé. Les quatre dirigeants estiment notamment que «la libération des prisonniers» des deux camps «et l'aide humanitaire doivent être facilitées en relation avec le CICR»(Comité international de la Croix rouge), a ajouté l'Élysée, précisant que les représentants des ministres des Affaires étrangères concernés se réuniront «vendredi pour assurer le suivi de l'application du paquet de mesures adopté à Minsk». La résolution de la crise en Ukraine, déchirée depuis près d'un an par une guerre civile, a suscité, lundi 2 mars, une intense mobilisation diplomatique internationale, notamment à Genève, lors de la séance d'ouverture du Conseil des Droits de l'homme de l'ONU. Plus de 6 000 civils et combattants ont trouvé la mort dans l'est de l'Ukraine en moins d'un an. C'est le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) qui dresse ce terrible bilan. Un rapport de l'ONU qui fait également état de 15 000 blessés au bas mot et d'un million de déplacés. Les décomptes de l'ONU portent sur la période allant d'avril 2014 au 28 février dernier. Un certain répit avait été enregistré à la fin de l'année dernière, mais la situation s'est considérablement détériorée en janvier et février. Les zones résidentielles ont alors été placées, dit l'ONU, sous un feu intensif décoché tant par l'armée ukrainienne que par les groupes rebelles. Le Haut Commissariat parle de dévastation sans merci, malgré les cessez-le-feu successifs. Il souligne aussi la situation particulièrement difficile pour le million de déplacés internes enregistrés en Ukraine en raison du conflit. Étant donné que des rapports complets sur le nombre de victimes, en particulier près de l'aéroport de Donetsk et dans la zone de Debaltseve, sont encore attendus, le HCDH estime que le nombre total de personnes tuées dans 'est de 'Ukraine au 2 mars 2015 a très certainement dépassé les 6 000 morts. «Il est impératif que toutes les parties respectent les dispositions des accords de Minsk et cessent les bombardements indiscriminés et les autres hostilités qui ont créé une situation effroyable pour les civils - en violation flagrante du droit international humanitaire et des droits de l'homme», a déclaré le Haut Commissaire aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein. Les femmes, les enfants, les personnes âgées et les groupes vulnérables ont été particulièrement affectés. L'Union européenne veut protéger ses livraisons de gaz D'autre part, l'Union européenne a arraché, lundi 2 mars, un accord à Kiev et Moscou pour assurer la poursuite des livraisons de gaz à l'Ukraine jusqu'à la fin du mois de mars et sécuriser ainsi le transit des achats de gaz de l'UE par ce pays. La Compagnie ukrainienne Naftogaz s'engage à prépayer à Gazprom en mars des achats assurant la couverture de la consommation du pays. Gazprom garantit le transit des achats de gaz de l'UE et livrera à des points agréés entre les deux parties jusqu'à 114 millions de m3 de gaz par jour à l'Ukraine sur la base des prépaiements reçus, précise l'accord publié au terme de plusieurs heures de négociations à Bruxelles entre les ministres de l'Energie russe Alexandre Novak et ukrainien Volodymyr Demtchichine. Les deux ministres sont par ailleurs convenus de traiter dans une autre enceinte leur différend sur les livraisons de gaz aux régions de Donetsk et Lugansk, tenues par les séparatistes pro-russes, précise la déclaration. Nous sommes parvenus à faire appliquer l'accord du paquet hiver (conclu pour six mois en octobre 2014 sur le prix d'achat et les quantités livrables par Gazprom au groupe ukrainien Naftogaz), s'est félicité dans un communiqué le vice-président de la Commission européenne chargé de l'Energie, Maros Sefcovic, artisan de cet accord. Je suis rassuré par le fait que les livraisons des achats de gaz de l'UE transitant par l'Ukraine sont sécurisées, a-t-il ajouté. Nous nous sommes enfin entendus pour tenir de nouvelles négociations tripartites sur les suites à donner à cet accord, a-t-il conclu. L'arrangement trouvé à Bruxelles prévoit l'ouverture de nouvelles négociations à la fin du mois de mars. L'objectif est de trouver un accord sur le prix d'achat et les quantités livrables par Gazprom au groupe ukrainien Naftogaz pour une nouvelle période dont la durée reste à déterminer. L'UE achète chaque année près de 130 milliards de m3 de gaz à la Russie et la moitié de ses achats, soit 15% de sa consommation, transitent par l'Ukraine à destination de la Pologne, de la Slovaquie, de la Hongrie, de la Roumanie, les quatre pays d'arrivée des gazoducs ukrainiens dans l'UE. L'autre moitié des achats de gaz de l'UE n'est pas soumise aux aléas des différends entre Kiev et Moscou. Ils sont acheminés directement en Allemagne par Nord Stream, un gazoduc construit exclusivement pour ce pays, ou directement en Finlande et dans les États Baltes. 'Ukraine est un très important client de Gazprom avec 26 milliards de m3 achetés chaque année, soit près de la moitié de la consommation du pays. 'autre moitié est assurée par la production interne. Un arrêt des livraisons à 'Ukraine aurait un impact pour 'acheminement des achats d›une dizaine de pays de 'UE. Les plus préoccupés sont la Sovaquie, la Hongrie et la Bulgarie, car il dépendent à plus de 80% du gaz acheté à Gazprom pour leur consommation. Sont ensuite concernées la République Tchèque, la Hongrie, la Grèce, 'Autriche, la Slovénie, la Pologne et 'Italie, mais leur dépendance est moindre, de 'ordre de 30%, selon les données de la Commission européenne.