La querelle gazière entre la Russie et l'Ukraine se propage peu à peu à l'Europe où de nombreux pays ont constaté, mardi, une baisse du volume des livraisons russes tandis que Kiev et Moscou continuent de se rejeter la responsabilité de ce différend. Selon Alexandre Medvedev, vice-président du directoire du groupe gazier russe Gazprom, l'Ukraine a coupé unilatéralement le débit de trois ou quatre gazoducs dédiés aux exportations dans la nuit de lundi à mardi et le volume a chuté de plus de 80%. Il a qualifié «d'irresponsable» la conduite de Kiev. Les Balkans et la Turquie ont été les premiers touchés et Sofia, où la température avoisine -15 degrés, a annoncé que les approvisionnements transitant par l'Ukraine en direction de la Bulgarie, la Grèce, et la Macédoine avaient cessé. Sofia dit vivre «une situation de crise». «La Russie et l'Ukraine doivent rapidement trouver une solution car les systèmes énergétiques de nombreux pays sont menacés», a déclaré Peter Dimitrov, ministre bulgare de l'Energie et de l'Economie. En Macédoine un responsable a déclaré que ses réserves ne lui permettraient de tenir que quelques jours. La Turquie a indiqué ne plus recevoir le gaz russe acheminé via le gazoduc traversant l'ancienne république soviétique. Mardi également, le groupe autrichien spécialisé dans les hydrocarbures OMV a annoncé que les approvisionnements en provenance de Russie avaient chuté de 90%. Il avait auparavant été informé par Moscou que les livraisons seraient réduites de 30% à 40% mardi 6 janvier. Quant à Transgaz, l'organisme gazier public roumain, il a indiqué que les volumes avaient chuté de 75%. Les pays d'Europe de l'Ouest sont pour l'instant moins affectés, d'une part parce qu'ils disposent de réserves plus vastes et qu'ils ont accès à d'autres sources, notamment au gaz algérien et au gaz norvégien. Le Kremlin accuse l'Ukraine de détourner pour son marché intérieur du gaz transitant sur son sol et destiné à l'exportation. Au contraire, pour Kiev, Moscou coupe délibérément ses flux gaziers destinés à l'Europe. L'Ukraine appelle l'UE à envoyer un signal de fermeté à la Russie. Gazprom a arrêté ses approvisionnements gaziers à l'Ukraine le 1er janvier en raison d'un différend qui ne semble pas prêt de s'apaiser sur la dette de Kiev et sur le prix du gaz lui étant destiné. Lundi, le Premier ministre russe Vladimir Poutine avait annoncé que Gazprom allait augmenter les livraisons de gaz vers l'Europe via des gazoducs contournant l'Ukraine. La présidence européenne, désormais assurée par la République tchèque, a qualifié «d'inacceptables» les coupures d'approvisionnements et exige que les livraisons soient rétablies «immédiatement» tout en appelant à une reprise des négociations entre Kiev et Moscou. Prague, également affecté par la perturbation des livraisons, a publié mardi un communiqué dans lequel sont soulignées les difficultés légales et techniques posées par ce conflit estimant qu'elles compliquaient la recherche d'un accord. «Le camp ukrainien a assuré qu'il ne ménageait pas ses efforts pour trouver une issue au conflit et garantir à l'Europe un accès normal et sans limitation au gaz naturel», indique le gouvernement tchèque. Toutefois, plusieurs aspects, tant d'un point de vue légal que d'un point de vue technique, rendent difficile la conclusion d'un accord entre Naftogaz et Gazprom. Une délégation de l'Union européenne devait rencontrer des responsables ukrainiens mardi à Kiev et d'autres représentants de l'UE pourraient entrer en contact avec Gazprom, sans que cette réunion ait été confirmée.