La Chine a envoyé mardi en mer de Chine méridionale son unique porte-avions, quelques jours après avoir annoncé des «mesures défensives d'urgence» dans l'espace aérien au-dessus d'îles disputées entre Pékin et Tokyo. Le Liaoning, acheté d'occasion à l'Ukraine et retoiletté en Chine, a effectué plus d'une centaine de missions depuis sa mise en service l'an dernier, mais c'est la première fois qu'il est envoyé en mer de Chine méridionale. Pékin s'est attiré les critiques de Washington et de Tokyo après avoir édicté de nouvelles règles pour la circulation aérienne au-dessus des îles, nommées Diaoyu par les Chinois et Senkaku par les Japonais. La Chine a menacé samedi de prendre des mesures contre les avions qui ne respecteraient pas ses nouvelles règles d'identification adoptées, dit Pékin, au nom de la souveraineté nationale et la sécurité aérienne territoriale. Pékin avance ses pions La Chine est en train de construire une piste d'atterrissage sur le récif de Fiery Cross (Yongshu en chinois), dans l'archipel disputé des Spratleys en mer de Chine méridionale. Cette information, rapportée le 20 novembre par la société d'études de défense britannique IHS Jane's Defence, peut paraître secondaire. C'est pourtant un épisode significatif de « l'expansionnisme chinois » dénoncé par les pays voisins, comme le Vietnam. L'ensemble des îles, îlots et récifs de l'archipel des Spratleys, n'occupe qu'un territoire de 5 kilomètres carrés, dispersées sur une superficie de 410 000 kilomètres carrés. Pourtant, c'est une zone de vives tensions internationales. Une étude du Centre d'études supérieures de la marine française (CESM) souligne que ces îles « sont considérées comme un des points chauds du monde, une zone probable de conflit, (même si elles) sont peu connues du grand public. » De quoi s'agit-il ? Les travaux ont débuté il y a trois mois sur l'un des plus grands récifs des Spratleys. L'île mesure 3 kilomètres de long et 200 à 300 mètres de large, selon IHS Jane's Defence. « C'est le quatrième projet de ce genre lancé par la Chine dans les îles Spratleys au cours des douze à dix-huit derniers mois et c'est de loin le plus ambitieux », précise l'article, qui s'appuie sur des images satellites prises en août et en novembre. Les navires qui réalisent les opérations de dragage créent également « un port à l'est de la barrière de corail qui semble être assez grand pour recevoir des pétroliers et des grands navires militaires de surface ». Pour la Chine, ce chantier « est complètement légitime et justifié », a assuré lundi 24 novembre le général Luo Yuan, de l'Armée populaire de libération, au quotidien Global Times. Pékin revendique en effet des droits historiques sur l'archipel des Spratleys, comme le détaille l'étude du CESM.