La dynamique insurrectionnelle qui s'est emparée depuis quelque temps des camps de la honte de Lahmada, dans le sud algérien, est à la croisée des chemins. Indéniablement, l'option Abdelaziz et compagnie n'est plus viable. Le statu quo diplomatique dans lequel le mouvement sécessionniste a été enfermé par ses commanditaires algériens leur a été, naturellement, fatal. L'inertie a logiquement abouti à l'ossification des structures sociopolitiques polisariennes, la «mafieusation» des élites dirigeantes, la dévalorisation de leur discours propagandiste et, conséquence potentiellement menaçante de ce qui précède, la désillusion grandissante des populations majoritairement jeunes desdits camps. Pour ceux qui ont espéré voir enfin pointer à l'horizon des camps de Tindouf, en Algérie, une issue satisfaisante à cette triste situation, à travers le Mouvement des Jeunes Pour le Changement (MJPC) et sa fraîcheur juvénile qui n'a d'égale que sa spontanéité révolutionnaire, les nuages des va-t-en-guerre du Mouvement du 5 Mars (M5M) sont venus assombrir cette heureuse perspective. Ces derniers, qui ne rêvent que de porter encore une fois les armes contre le Maroc, accusent les premiers d'êtres des traîtres à la «cause», tout en se joignant à la vox populi qui scande de plus en plus ouvertement, «Abdelaziz dégage !». Après le départ, devenu inéluctable semble-t-il, des Abdelaziz, Bouhali et autres geôliers tortionnaires polisariens, ce sera soit la tendance MJPC qui finira par s'imposer, soit celle du M5M. C'est-à-dire, soit un changement pour la paix, soit vers la guerre. Le M5M, produit d'un endoctrinement des jeunes abouti au-delà des espérances des dirigeants polisariens, reflète, en effet, le côté idéologique le plus sombre du mouvement sécessionniste, le plus subversif et violent. Inutile d'expliquer à ces jeunes illuminés que si les dirigeants du Polisario ont renoncé à guerroyer contre le Maroc et accepté de s'asseoir autour d'une table de négociation, c'est parce qu'ils n'en ont tout simplement pas la capacité, et nullement par volonté de paix. Comme pour tous les fanatiques, les capacités de nuisance des enragés du M5M pourraient s'avérer au-delà de leur poids sociopolitique réel au sein des populations des camps. Et la vague de contestation, qui a commencé dans les camps de la honte du sud algérien comme l'expression d'une volonté de changement évolutif, risque fort d'être détournée vers un cheminement fondamentalement régressif. Et ce ne sont pas les «âmes charitables» qui vont manquer de l'autre côté du Oued Isly pour apporter soutien à cette bande de dangereux écervelés. L'exemple syrien est là pour rappeler que ce qui était prévu comme une fête de la volonté populaire peut très bien être transformé par des esprits malintentionnés en deuil. Personne ne se fait d'illusions sur les motivations des jeunes militants du MJPC qui appellent à tomber la direction corrompue et tyrannique du Polisario. Ils ne sont pas réveillés, un beau matin, fou amoureux du Maroc et impatients d'y retourner, pour les plus âgés, nés dans les provinces du sud, ou d'y aller pour la première fois, pour les plus jeunes, nés dans les camps. Deux facteurs essentiels ont été à l'origine de cette prise de conscience au sein de la jeunesse des camps. Le premier, résultant de la dégradation de la situation sécuritaire dans les camps, est d'ordre socioéconomique. La détermination à s'extraire de la misère des camps, dans une Lahmada des plus arides, a poussé une bonne partie de la population des camps à traficoter avec la proche Mauritanie. Les uns marchandant des produits inoffensifs, dans le seul but de survivre, d'autres, prenant exemple sur les dirigeants polisariens narcotrafiquants, ont investi des commerces plus dangereux et juteux, en élargissant la clientèle aux organisations terroristes opérant dans la sous-région du Sahara et du Sahel. Quand les Docteurs Frankenstein de la sécurité militaire algérienne ont perdu le contrôle de quelques unes de leurs créatures aqmistes et se sont rendus compte que ces derniers trouvaient magasin d'approvisionnement et centre de recrutement dans les camps de Tindouf, ils les ont tout simplement bouclés, coupant court à tout échange avec le monde extérieur. Il va de soi que les camps ont commencé, dès lors, à chauffer sous pression, comme dans une cocotte. Le second facteur est lié au programme de visite familiale du Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies, qui a permis aux sahraouis des provinces du sud comme à ceux des camps de constater de visu les conditions de vie de l'autre partie. Le bouche à oreille a fait le reste. La communauté internationale, dans son infinie passivité envers la situation dans les camps de la honte, quand elle ne s'amuse pas à vérifier avec le Maroc, à l'accent près, son respect des législations internationales des Droits humains, est restée obstinément aveugle et sourde aux flux continu des «réfugiés» qui fuient depuis des années et jusqu'à présent leur «refuge» algérien pour se rendre chez leurs soi-disant oppresseurs. Ces sahraouis n'ont-ils donc pas déjà voté avec leurs pieds ? Pour ceux qui ont pu le faire... Il n'y a, dans cette description de la dégradation de la situation de vie des habitants des camps du sud algérien et le mouvement quasi-insurrectionnel qui s'en est suivi depuis quelques mois, aucune complexité ethnico-religieuse ou idéologique, à l'Orientale, qui en rendrait la compréhension difficile, même pour le moins averti des observateurs étrangers. C'est seulement la dure réalité écologique de Lahmada et mafieuse des dirigeants polisariens qui a logiquement engendrée cet état de fait. Maintenant, toute la question est de savoir si la communauté internationale va persister figée dans sa léthargie, pendant que le sort des séquestrés des camps de Tindouf se joue entre les jeunes militants du Changement et les vieux loups de la direction du Polisario. Sachant que, tapis dans l'ombre, guettent les si gentils petits monstres du M5M, rejetons naturels des croque-mitaines précités.