Le ministère russe des Affaires étrangères a jugé «sans fondement» les craintes de Kiev et des Occidentaux concernant la présence de troupes à quelques kilomètres de la frontière orientale de l'Ukraine et a démenti envisager une intervention similaire à celle menée en Crimée. D'un autre côté, les pro-russes ont renforcé les barricades protégeant le bâtiment des services de sécurité dont ils se sont emparés dans la ville de Louhansk dans l'est de l'Ukraine. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a ouvertement accusé mardi la Russie d'être responsable de l'agitation qui sévit actuellement dans l'est de l'Ukraine et y a vu un "prétexte artificiel à une intervention militaire" russe. "Les Etats-Unis et l'Ukraine n'ont aucune raison d'être inquiets", affirme un communiqué du ministère russe. "La Russie a affirmé à de nombreuses reprises qu'elle ne menait aucune activité inhabituelle ou imprévue sur son territoire près de la frontière avec l'Ukraine qui serait d'importance militaire", poursuit le texte. Le communiqué ajoute que la Russie a renoncé à une réunion de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) cette semaine à Vienne à la demande des Etats-Unis et de l'Ukraine. Le ministère russe des Affaires étrangères a accusé Washington et Kiev de mener "une campagne anti-russe" à l'OSCE et d'accroître les tensions en Ukraine où les autorités tentent de réprimer les manifestations pro-russes. "L'activité quotidienne des troupes russes sur leur territoire ne menace pas la sécurité des Etats-Unis ou d'autres Etats membres de l'OSCE", poursuit le communiqué. "Les accusations d'accroissement des forces armées portées contre la Russie sont sans fondement". Les séparatistes pro-russes ont renforcé les barricades protégeant le bâtiment des services de sécurité dont ils se sont emparés dans la ville de Louhansk dans l'est de l'Ukraine après une mise en garde du gouvernement qui envisage un recours à la force. Les protestataires, qui exigent l'organisation d'un référendum sur l'indépendance de la partie orientale du pays, ont également préparé des cocktails Molotov. Un porte-parole de la police ukrainienne a précisé que les informations sur le fait que les séparatistes disposaient d'otages étaient erronées. A Donetsk dans le sud, les manifestants conservent le contrôle de l'immeuble du gouvernement régional mais les autorités maîtrisent la situation à Kharkiv. A Louhansk, une cinquantaine de personnes ont quitté au cours de la nuit les lieux qu'elles occupaient et les négociations se poursuivaient pour trouver une issue à la confrontation. Les protestataires, dont certains sont masqués, ont renforcé les barricades qu'ils ont dressées à l'aide de pneus, de caisses en bois et de sacs de sable. Plusieurs seraient armés de fusils automatiques. "Ceux qui sont partis n'étaient pas prêts à rester et à combattre", a déclaré un porte-parole des séparatistes, ajoutant que ses "soldats" lutteraient jusqu'à l'organisation d'un référendum sur l'indépendance. "Nous devons bien sûr demander à la Russie de nous laisser la rejoindre", a-t-il ajouté, espérant une assistance de la part de Vladimir Poutine. Le ministre ukrainien de l'Intérieur, Arsen Avakov, a indiqué qu'une issue serait trouvée dans les prochaines 48 heures et qu'il n'excluait pas pour cela un recours à la force si le dialogue politique échouait. "Pour ceux qui veulent le dialogue, nous proposons des négociations et une solution politique. Pour la minorité qui veut un conflit, la réponse des autorités ukrainiennes sera énergique", a-t-il dit.