Une apparition massive de juvéniles de poulpes, des protestations de la pêche côtière quant à la mise en application irréversible du VMS, un débat qui ressurgit sur les engins de pêche et leur conformité avec les réglementations en vigueur, sans oublier un projet de Loi relative à la prévention et la lutte contre la pêche illicite non déclarée et non réglementée, connu chez les profanes de « loi INN ». Ces éléments et d'autres ont fait remonter le secteur de la pêche et ses sempiternels problèmes à la surface et relancer les débats sur le secteur. Un secteur qui commence à renaître de ces cendres, à condition, toutefois, qu'on rompe avec des pratiques de complaisances et certains laxismes. Et c'est là que le bât blesse. Vendredi dernier, le collectif pêche et développement durable organisait sa 4ème conférence débat qui, contrairement aux précédentes conférences, n'a pas pas vu beaucoup de monde se bousculer au portillon. Même si le parterre était fort intéressant. A priori, le thème « Une gouvernance publique forte au service du développement durable du secteur de la pêche » n'a pas été du goût de tout le monde. Surtout de ceux qui manifestent contre l'obligation du VMS, ou ceux qui ne veulent pas entendre parler du respect du maillage pour les filets de pêche. Entre autres. Mais, semble-t-il, le processus est irréversible. L'année 2014 sera l'année du VMS sur tous les 2200 bateaux qui constituent la flotte de pêche marocaine en attendant de s'atteler à l'autre chantier relatif à la réglementation des engins. Dixit Mme Zakia Driouich, Secrétaire générale du département de la pêche dans son intervention lors de la conférence débat de vendredi. Avant de préciser que les ressources halieutiques est une richesse de l'Etat marocain à qui incombe la responsabilité de sa préservation, de sa gestion et de son contrôle. D'où l'apport plus que positif du VMS dans ce contrôle. Le VMS, gendarme et pompier de la mer Même son de cloche entend-on auprès des opérateurs qui ont souligné dans un communiqué l'apport inestimable de la mise en œuvre de ce système de localisation des navires de pêche par satellite (VMS). Une mise en œuvre qui assure un meilleur respect des zones interdites à la pêche. D'où sûrement les réticences de certains opérateurs quant à l'obligation de s'équiper de ce moyen de localisation de la flottille de pêche. Et sous des prétextes que d'aucuns jugeront pour le moins futiles, tel que le montant des charges à payer et qui varient entre 7000 et 8000 Dh par an. A peine quelque 600 Dh mensuels. En réalité, pas de quoi fouetter un chat. Surtout quand on sait que certains opérateurs verseraient dix à vingt fois plus par semaine pour échapper aux différents contrôles à terre et en mer, accuse le président du syndicat des officiers et marins de la pêche hauturière, M. Abderrahmane El Yazidi. Cela dit, autant un VMS est un instrument de contrôle, autant c'est aussi un moyen de communication et de sauvetage de vies humaines. Comme l'exemple cité en conférence sur un chalutier en détresse au large de Larache et qui n'a dû son salut qu'au VMS. Un autre chantier est à suivre prochainement, à savoir le respect de la réglementation concernant les engins de pêche. Les remous suscités récemment par l'apparition des juvénile de poulpes ont provoqué la réaction du département de la pêche consistant en la décision interdisant le chalutage à l'intérieur de la bande des 20 miles entre les parallèles 23° 15'N et 24°45'. Partenaires et responsables départementaux s'accordent à dire que l'apparition dans cette zone de juvénile céphalopode est en soi un signe positif, vu que cette espèce avait complètement disparu de cette zone. D'où la réaction du ministère. Mais cela interpelle aussi sur un autre problème. Celui du respect (pour ne pas dire de l'irrespect) du maillage réglementaire et le recours illicite à la double poche du filet. Car, selon un officier marin de pêche présent dans la salle, s'il n'y avait pas de double poche, il était impossible que les juvéniles se prennent au filet. Autrement dit, il est de plus en plus nécessaire, comme l'a signalé de manière impérieuse M. Rachid Benkirane, président de l'APAPHAM, et co-fondateur du collectif, « d'en finir avec les pratiques illégales telle que la pêche illicite qui prive les pêcheurs légitimes de leur gagne-pain et qui rend la gestion durable des stocks de plus en plus ardue ». Pour cela, le Collectif pêche et développement durable exprime son engagement à soutenir la démarche du Département de la pêche afin de faire aboutir l'adoption du projet de loi pour lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (loi INN), prévue pour janvier 2014. Surtout que cette législation introduit plus d'outils juridiques qui permettront une meilleure traçabilité au sein du circuit de commercialisation et plus d'efficacité dans la lutte contre la vente des produits de la pêche INN tant sur le marché national qu'a l'export.