Le Maroc est «un acteur crédible au sein de la francophonie mondiale car il a toujours assumé son appartenance à la grande famille francophone par des engagements concrets et constants», a affirmé l'Ambassadeur du Royaume en Bulgarie, Latifa Akharbach. Intervenant lors des travaux du colloque international, organisé, mercredi à Sofia, par le Ministère bulgare des Affaires Etrangères et l'Organisation Internationale de la Francophonie sur le thème, «les perspectives de la citoyenneté numérique», l'ambassadeur a également rappelé que le Maroc «poursuit la mise en œuvre, notamment dans le domaine de la culture et de l'éducation, des politiques publiques sensibles à ces valeurs cardinales de la francophonie que sont l'ouverture, le respect de l'altérité et la promotion de la diversité linguistique et culturelle». La diplomate a ensuite évoqué le thème du colloque, estimant que grâce au développement des technologies de l'information notamment l'internet, «il n y a de citoyenneté qui puisse participer à changer les lois, à infléchir les politiques publiques et à disqualifier les mauvais gouvernants, que celle qui s'exerce dans le pays réel via les institutions existantes, en attendant qu'elles soient réformées, par la communauté des citoyens», indique un communiqué de l'ambassade du Maroc à Sofia. Dans le même ordre d'idées, la diplomate a fait observer que si l'espace public numérique peut être un espace d'innovations démocratiques et de promotion de l'implication citoyenne, il ne peut remplacer l'action des institutions de médiation et de représentation démocratique qui décident effectivement de la vie quotidienne du citoyen et de son devenir en tant que membre de la collectivité. Elle a également attiré l'attention sur le risque réel de voir se créer une bulle internet où une minorité croit exister pour et à la place de tous et développer un agenda politique et culturel dans l'autisme et l'aliénation par rapport à la majorité des citoyens. Mme Akharbach a cité l'exemple de l'activisme sur le web de certaines mouvances extrêmistes, soulignant que «ce type d'activisme hors sol, dopé à l'universalisme globalisant d'internet, est en réalité à forte dose idéologique ethnocentriste». Tout en convenant qu'Internet est le lieu de la libre expression et de la défaite de la censure, l'ambassadeur a rappelé «qu'internet, c'est aussi le monde de l'anonymat, le lieu de toutes les désinhibitions, le vecteur de la manipulation à diffusion exponentielle». «Des mouvements idéologiques et politiques, a-t-elle poursuivi, paient des officines et des experts de la riposte numérique pour influer sur l'opinion publique du web en rejoignant et orientant les conversations sur les réseaux sociaux. Des militants parmi les plus extrémistes et les plus rétifs aux valeurs citoyennes, profitent de l'anonymat, pour inonder le web de faux témoignages». Mme Akharbach a par ailleurs insisté sur le fait que «si la toile joue désormais un rôle important dans l'autonomisation et le renforcement de la société, elle ne saurait être le lieu de la formation citoyenne». «Si les pouvoirs publics, les médiateurs politiques, les acteurs civils délèguent ce devoir aux activistes, sous pseudo, de la toile globalisée, ils auront par mégarde mis en péril le libre arbitre citoyen, peut-être même l'idée citoyenne», a-t-elle dit. La régression, le racisme, la misogynie pour ne citer que ceux-ci, n'ont-il pas un score d'occurrences sur le net, qui dépasse de loin celui des valeurs citoyennes, des Droits de l'Homme et de l'idéal de la concorde entre les Nations ?, s'est-elle interrogée. Et l'ambassadeur du Maroc de conclure: «l'enjeu réel est en fin de compte, de réussir à immuniser les sociétés par la culture, l'éducation, le savoir, et le choix démocratique, pour que chacun puisse, sur le terrain comme sur la toile, agir en citoyen et non pas en follower (suiveur)».