Le Maroc recueille les fruits de sa stabilité préservée face aux tempêtes soulevées par les bourrasques du Printemps arabe qui ont semé des chaos dans les domaines politique et économique. A la faveur du climat serein qui règne dans ses altitudes et sur son sol, le Maroc devient un espace privilégié pour les flux d'investissements et le tourisme, ce dernier boostant les activités des compagnies aériennes et leurs programmes de développement dans ce pays. Le cabinet d'expertise londonien Oxford Business Group nous apprend dans un article consacré à ce sujet qu'après deux années relativement modestes en termes de nombre de visiteurs, principalement à cause du ralentissement au sein de la zone Euro, la confiance dans le secteur touristique au Maroc est en hausse, les compagnies aériennes semblant prévoir une augmentation de la demande à court et moyen terme. En juin, Royal Air Maroc a annoncé l'achat de 20 à 30 nouveaux appareils d'ici à 2020, dont 5 long-courriers. Le transporteur national a également déclaré que des liaisons aériennes vers Nairobi et Sao Paulo, devraient être ouvertes d'ici à décembre, et qui participent à une stratégie globale visant à accroître le tourisme et le commerce en développant des liaisons avec de nouveaux marchés. D'autres compagnies aériennes ont fait part de projets laissant penser qu'elles prévoient une croissance soutenue du nombre de visiteurs dans le royaume nord-africain. Pour la seconde fois en moins d'un an, British Airways augmentera le nombre de vols entre Marrakech et Londres, ceux-ci passeront de sept à dix par semaine en hiver. Ryanair, après avoir annulé 34 vols hebdomadaires vers le Maroc en 2012 suite à un désaccord sur les frais avec l'Administration aéroportuaire marocaine, a continué de montrer son intérêt sur le long terme en ajoutant deux bases, à Fez et Marrakech, portant ainsi à huit le nombre total d'aéroports qu'elle dessert. Suite à la libéralisation du secteur aérien en 2006, le Maroc ayant alors signé un accord «ciel ouvert» avec l'UE, le pays est à présent desservi par près de 50 compagnies aériennes. Parmi elles 18 compagnies à bas prix représentent 35% des vols, avec en tête Ryanair et Jetairfly. La part de marché de Royal Air Maroc a décliné de façon progressive face aux nouveaux concurrents, passant de 62% en 2003 à moins de 50% aujourd'hui. Néanmoins, la compagnie a obtenu ses meilleurs résultats financiers depuis 20 ans en 2012, avec un bénéfice d'exploitation de 718 millions de dirhams (64,8 millions d'euros), qui fait suite à une période de restructuration importante en 2011. Ces bons résultats sont survenus au milieu d'une année difficile, alors que le total des passagers voyageant sur des vols commerciaux au Maroc a diminué de 3,6%, tombant à 15 104 662 passagers. Malgré la compétition croissante, le marché est loin d'être saturé, et il reste des opportunités. Driss Benhima, président-directeur général de Royal Air Maroc, a déclaré récemment aux médias locaux que même si le nombre de compagnies aériennes bon marché desservant le Maroc a augmenté de 25% cette année, il reste des destinations touristiques importantes qui sont peu, voire pas desservies, comme Ouarzazate, Errachidia, Laayoune, Dakhla et Essaouira, et qui devraient offrir des opportunités de croissance. L'engouement grandissant des compagnies aériennes survient dans un contexte d'indices plus positifs en termes de demande, ce qui semble représenter un rebond après les conséquences difficiles de la crise de l'euro et du printemps arabe que le pays a traversé l'année dernière. D'après les plus récentes statistiques disponibles, qui datent d'Avril 2013, les passagers aériens sur des vols commerciaux ont augmenté de 3,55% par rapport au même mois l'année passée. En outre, les passagers venant d'Europe, qui représentent les trois quarts du trafic aérien, ont augmenté de plus de 7% en Avril, ce chiffre étant accompagné d'une hausse générale des passagers internationaux, même si les passagers des vols intérieurs ont, eux, baissé de 8,76%. Bien qu'environ 45% des passagers arrivant à l'aéroport international Mohammed V à Casablanca, l'aéroport le plus fréquenté du Maroc, prennent des correspondances sans rester dans le pays, la hausse du trafic aérien international se traduit également par une amélioration des chiffres du tourisme. Durant les cinq premiers mois de l'année, le nombre de nuitées dans les centres touristiques les plus importants de Marrakech et d'Agadir ont augmenté respectivement de 11 et 12%, si l'on compare à la même période l'an dernier. Le taux d'occupation à travers le Maroc jusqu'à la fin du mois de Mai a également augmenté de 3% par rapport à 2012, de même que les revenus issus des touristes non-résidents, qui ont atteint 21,2 milliards de dirhams (1,91 milliards d'euros). Point primordial pour les compagnies aériennes, le nombre d'arrivées en provenance des pays d'Europe a augmenté au cours de ces cinq premiers mois, de 7% pour l'Allemagne, 10% pour le Royaume-Uni, et 8% pour l'Italie. Les voyageurs en provenance de la France et de l'Espagne, deux marchés importants, se sont quant à eux stabilisés par rapport à 2012. Alors qu'en Europe les défis économiques vont certainement demeurer un obstacle pour la croissance, et qu'ils ont sans doute contribué à expliquer la baisse des passagers aériens en 2012, l'instabilité qui persiste au sein des autres marchés nord-africains et du Moyen-Orient va peut-être déboucher sur une augmentation des voyageurs vers le Maroc. En outre, les investissements constants des compagnies aériennes portent à croire que le marché du tourisme est prêt pour une croissance à moyen et long terme.