La compagnie aérienne publique marocaine est en pleine phase de reprise après une période difficile due au ralentissement économique mondial, et les politiques d'expansion continuent dans un certain nombre d'aéroports du pays, souligne Oxford Business Group, un cabinet d'intelligence économique basé à Londres. Dans ce contexte, poursuit la même source, dans une note d'information relative, l'augmentation récente des frais de manutention commence à avoir un impact sur la croissance des compagnies aériennes low cost (à bas coût) et leur développement futur au Maroc. Au cours des dix dernières années, le Maroc a mené un programme d'investissement ambitieux dans les transports via deux plans stratégiques successifs : le premier de 2003 à 2007, l'autre de 2008 à 2012. Près de 120 milliards de dirhams (10,73 milliards d'euros) ont été investis dans le plan en cours actuellement, et environ 58 milliards de dirhams (5,18 milliards d'euros) ont été dépensés au cours du plan précédent. Les infrastructures des transports ont été les principales bénéficiaires. Les investissements ont permis d'agrandir les terminaux des aéroports les plus fréquentés du pays. Les modernisations en cours au terminal 1 de Casablanca devraient coûter environ 173 millions d'euros. Une fois que les travaux seront achevés, la capacité annuelle devrait s'élever à 8 millions de passagers. De plus, la création d'un troisième terminal à l'aéroport international de Marrakech-Ménara est en cours de discussion, et un deuxième terminal devrait ouvrir à l'aéroport de Fès-Saïss. Le programme marocain d'investissement dans les transports a déjà permis d'agrandir les aéroports d'Oujda, Dakhla et Rabat. Le nouveau terminal de l'aéroport de Rabat-Salé, par exemple, qui a ouvert en janvier 2012, a coûté environ 280 millions de dirhams (25,38 millions d'euros). Grâce à cela, l'aéroport peut maintenant recevoir 1,5 million de passagers par an, en hausse par rapport aux 500.000 passagers accueillis en 2008. En juin, Jetairfly, une compagnie aérienne basée à Bruxelles, a lancé des liaisons bihebdomadaires reliant la capitale marocaine et Bruxelles. Selon l'Oxford Business Group, plus de 45 compagnies aériennes opèrent actuellement au Maroc. Grâce à la libéralisation du secteur en 2004, le nombre des liaisons aériennes a considérablement augmenté, particulièrement après un accord de dérégulation aérienne signé avec l'UE en 2006. Cet accord a permis d'ouvrir le marché à la fois aux compagnies internationales et aux compagnies européennes low cost, telles qu'Air Arabia Maroc et Jet4you. De ce fait, les prix des vols ont diminué et le nombre de passagers a augmenté. Si la dérégulation aérienne a permis aux compagnies low cost de se développer, cette concurrence accrue a aussi apporté son lot de difficultés pour les autres compagnies. L'OBG indique, par ailleurs, que Royal Air Maroc (RAM), le principal transporteur du pays, a traversé une crise pendant deux ans à cause de l'augmentation du prix du carburant, de la concurrence accrue, et d'une baisse de la demande due à la récession économique mondiale. Jusqu'à l'année 2008, RAM était parvenue à faire face à la concurrence croissante des compagnies low cost en transformant Casablanca en un hub via des liaisons renforcées avec l'Europe, l'Amérique du Nord et le Moyen-Orient. Cependant, après l'arrêt d'Atlas Blue, la compagnie low cost de RAM, en janvier 2010, et la suspension de plusieurs liaisons aériennes non rentables au cours de cette même année et en 2011, la compagnie a annoncé un plan de restructuration afin de surmonter ses difficultés financières. Le gouvernement marocain a alloué alors 1,6 milliard de dirhams (145,03 millions d'euros) pour aider la compagnie à y parvenir. C'est en effet depuis septembre 2011 que la RAM est soumise à un plan de redressement. Depuis cette date, 20 lignes déficitaires ont été supprimées, les effectifs sont passés de 5 600 à 3 900 salariés, les avions les plus anciens ont été remisés et 90 millions d'euros d'économies ont été réalisées. Du coup, la RAM devrait échapper à l'augmentation de capital qui était prévue en 2013 et 2014 et elle peut même envisager son avenir sous de meilleurs auspices. Le plan de développement 2015-2025 est à l'étude et l'hypothèse d'un partenariat avec une grande compagnie aérienne internationale va être pesée. En tout cas, depuis la mise en place de ce plan, la compagnie a fait des progrès remarquables. Dans le cadre de sa restructuration, la RAM a maintenu ses liaisons vers les pays africains voisins et l'Europe, réduit le nombre de ses employés de 35 %, et diminué sa flotte, de 53 avions en 2010 à 43. En conséquence, RAM a réussi, en juin 2012, à dépasser de 5,7 % l'objectif de chiffre d'affaires imposé par le gouvernement. En avril 2012, RAM a annoncé qu'elle chercherait peut-être un partenaire stratégique pour l'aider à accroître encore davantage ses profits commerciaux. Pour sa part, l'Office National des Aéroports (ONDA) cherche à attirer davantage de compagnies aériennes internationales au Maroc et à augmenter la capacité aéroportuaire à 36 millions de passagers en 2013. Mais des modifications dans les frais de manutention ont eu pour conséquence d'inciter certaines compagnies à diminuer leurs liaisons aériennes avec le Maroc. OBG note aussi que Ryanair, l'une des principales compagnies aériennes low cost assurant des vols vers le Maroc, a l'intention d'arrêter 34 vols hebdomadaires à partir d'octobre 2012, suite à un désaccord avec ONDA au sujet de l'augmentation des frais de manutention. La compagnie aérienne prévoit une perte de 250.000 passagers par an due à l'annulation de ces vols. Easyjet a également annoncé son intention d'annuler les vols entre Madrid et le Maroc. La décision prise par Ryanair et Easyjet de réduire les liaisons aériennes avec le Maroc aura probablement un impact sur plusieurs secteurs du pays, et ce, d'autant plus si d'autres compagnies low cost décident de réduire le nombre de vols ou de ne plus desservir le pays. Cela aurait un impact négatif, non seulement sur une ville comme Marrakech, où la moitié des 232 vols hebdomadaires sont effectués par des compagnies low cost, mais aussi sur le pays entier, souligne OBG.