Dwaz, dwam et dwa. Phénomène de survie. Des jeunes et des moins jeunes qui veulent payer des médicaments, remplir leur tajine ou rester jeunes, en fumant un pétard au ftar et après le ftor, quand les rues sont désertes, déposent n'importe quelle pièce d'identité chez moul zariâ où l'on voit Moncef et Badiâ déposer leur carte d'identité, leur permis de conduire ou leur passeport, surtout quand ce dernier est plein de visas, ce qui a fait dire à une employée des guichets relookés : « Qui nous dit que votre femme reviendra à Ifrane après un saut à Manceaux ? »... Les pièces d'identité sont devenues des pièces d'échanges, des pièces à conviction pour les commissions qui permettent de dépanner des gens en panne. Sans compter Majid qui dépose son Iphone jadid chez moul les pépites où ça crépite sur son gaz, installé en plein air, pour avoir 100 ou 200 dh. On n'aura pas tout vu et entendu en ces heures perdues du carême, prévu pour nous apporter du bien. stop. Des buralistes qui ne vendent pas de matériel de bureau tout le temps à la commande chez des bureaucrates papaghiyo, papivores qui se servent comme à la maison, mais des timbres, du papier Canson et des trombones, ne vendent plus subitement du tabac parce que, disent-ils, « c'est hram ». Un choix à prendre ou à laisser. Ça passe mieux quand c'est une façon de s'attaquer au tabagisme, qui, on le sait, tue et pue, là où ce n'est pas son espace, tandis que si on commence à dire que c'est haram, cela va entraîner d'autres mesures où les gens vont se demander ce qui est hallal ou haram. Si un commerçant commence à s'intéresser sur les chaînes de fabrication des produis qu'il vend, sans en connaître l'origine, ça pourrait aller loin. Enfin, si le buraliste ou le vendeur de pépites qui vend des capotes et des cacahuètes à des concierges qui radotent – qui lavent maintenant les morts –, cesse de vendre des Winston de contrebande au détail, pour sauver des vies humaines – lutte contre le tabagisme –, beaucoup seraient prêts à applaudir. Mais il faudrait qu'ils précisent que le haram nuit à la santé. Argument de choc qui persuadera les fumeurs invétérés. stop. Autrefois, chaque journal avait son propre cachet, de « France Soir » de Lazaref au « Provençal » de Gaston Deferre à qui Hassan II avait rendu un hommage lors de sa mort, ce qui avait étonné ceux qui ne savaient pas que l'ancien Roi du Maroc connaissait la France comme sa poche, au « Figaro » et à « L'Aurore » qui fut une horreur pour certains avec un côté facho. Maintenant que l'internet sévit dans les rédactions à travers toute la planète pleine de gens honnêtes, le lecteur tombe sur les mêmes dépêches qui donnent la pêche à des employés style « serbisse minicibo », pas beau du tout. Le sensationnel inconventionnel, ramassé dans les égouts des sites rouillés, a pris le dessus. Alors que la presse écrite, pour se protéger contre le tout internet, doit donner une chance aux signatures qui comptent et aux nouvelles signatures. Car il n'est pas normal de rouler avec les mêmes croque-morts, les mêmes grincheux qui n'apportent rien sous nos cieux. Ras-le-bol de la gangrène qui vole des pages à un lectorat qui a besoin de signatures fraîches. stop. A Casablanca aussi, après avoir exploité les pauvres filles de joie habillées en satin et en soie, toutes les nuits de l'année, la propriétaire d'un dancing et le patron de la boîte à poules où le millésime est servi dans des seaux pleins de glaçons inaccessibles pour le maçon qui n'a même plus, à sa disposition, l'entrepôt de la Cigogne pour se payer une demi barre de « telj», sont allés à la Omra qui a perdu sa spiritualité, depuis que n'importe qui s'offre ce voyage, réservé pourtant aux gens de bonne foi qui n'ont pas de farine dans le ventre, comme on dit. Aussi, quand on entend « flane » et « flana » partir pour la Omra alors qu'ils ont une sale réputation, on se dit que, décidément, on ne finit pas de jouer avec la religion qui sert en ce mois de Ramadan d'alibi, pour des jeunes et des chibanis qui reprennent leurs sales habitudes après l'Aïd et après la Omra, censée mettre fin à la jamra qui brûle leur cœur, des faux pèlerins qui ne donnent rien au mois du partage et de la solidarité. En s'offrant la Omra pour la forme, ils et elles voudraient peut-être qu'on leur remette un certificat de virginité. « Virgin » sur les Champs-Elysées a fermé parce que le terrain, où le Vatican dispose de valeurs sûres qui rapportent des millions d'euros, est devenu aussi inaccessible que le terrain d'Anfa Plage ou de Bouknadel séduit par la Dokha. stop. Plus il y a des départs à la retraite, plus il y a moins de recrutements dans l'administration publique et dans le privé qui singe les innovations sans le pied de la lettre et sans tête ni queue. Dès qu'un gars de « l'antrite », condamné au khobz ou zite, quand il a bouffé sa CIMR qui continue à se débarrasser des travailleurs actifs qui veulent s'offrir une semaine à Tenerife dans les Ïles Canaries, en leur donnant un gros paquet, quitte son travail, des collègues se demandent : qui prendra sa place ? Mais, souvent, la chaise reste vide quand elle n'est pas renvoyée au dépôt, bureau des épaves, dit-on dans la PJ qui commence à tenir compte de la caméra khafia, qui peut se révéler hramiya... Plus il y a des départs, moins il y a de l'embauche, comme si Benkirane f'tirane, qui a bloqué le recrutement dans l'administration, voudrait faire des économies de bout de chandelle. stop. La Banque Mondiale a refusé un prêt à l'Île de Madagascar où Mohammed V a vécu avec sa petite famille dans l'exil à un moment où il n'y avait ni « France 24 » ni LCP, la chaîne parlementaire qui fait honneur à la télévision hexagonale. Une banque mondiale qui n'a pas à faire à un pays de la Tricontinal qui a rendu célèbre Ben Barka. Ainsi, on a coupé les vivres à un pays attachant où la nature est riche. On a rapporté des arbres à Rabat dans le Jardin d'Essais et au Triangle de vues dans les années 20, 30 et 40, ainsi que le jardin botanique sur la route de Kénitra, le génie d'un parisien qui s'est passionné pour le Maroc à qui on n'a jamais rendu d'hommage. La Banque Mondiale comme le FMI, qui piétine le RMI, sont des poseurs de bombes à retardement, dont on connaît les résultats. stop. Abdel Ilah Lazrak qui a lancé le croissant chaud au beurre à l'Océan où il n'y avait que des « Kroissa » caoutchouc, revient à la charge au Ramadan avec des petits gâteaux traditionnels qui ne manquent pas de saveur. Il faut dire qu'on n'avait pas vu dans ce quartier qui est passé de madame Escobar à madame Harcha, maâkouda et des crêpes au khlie, genre madame Mucha, un prénom encore utilisé à Khémisset, des croissants aussi croustillants avec du vrai beurre et non de la margarine qui n'existait pas encore lors de la bataille de Oued El Makhazine. Les chibanis se rappelleront du temps où le petit déjeuner était un plaisir : madame Martin, rue de Bruxelles, qui a miraculeusement gardé ses palmiers, ce nakhil qui convient au climat méditerranéen, de la Côte d'Azur à Bizerte en passant par Tamanrasset et Ouled Taïma, la boulangerie Douarche, le Pain Bull, dont le fils était un copain à Tijani Chico – avant la mode des Gipsy King, dont Drucker croit connaître les vrais -, la Petite Duchesse dont la baguette de midi coïncidait avec l'heure du berger et toutes ces pâtisseries boulangeries qui parfumaient les rues avant l'envahissement du gasoil cynique. stop. Ce qui s'est passé à Trappes dans les Yvelines non loin de Versailles – qui s'est offert une terrasse du Sénéquier en gagnant de l'espace propice aux chants de l'été – aurait dû pousser Jamal Debbouze à calmer la population maghrébine, sans prendre de position partisane. A Trappes, des voitures furent brûlées et toute une communauté est entrée dans une colère descriptible qu'indescriptible, comme disent les scribouillards dans le brouillard, comme on en voit souvent dans l'Hexagone éternellement en ébulition. Trappes, c'est la ville où Jamal Debbouze a grandi, où il a encore des potes et des parents. Un petit mot dans le JT redondant qui passe du Tour de France au Surf à Biarritz – qui fut un café à Rabat où Guédira prenait son petit déjeuner avec Ziani – aurait prouvé que Debbouze est un artiste citoyen comme la fille de Jack Lang qui vient de rejoindre le royaume de Dieu, ou Emmanuelle Beart, qui est partout où il faut militer, contre les expulsions des sans papiers et contre l'injustice. Mais il est vrai que l'humoriste qui a fait rire le fils du Général De Gaulle, n'habite plus à Trappes mais à Saint Germain-des-Prés où il n'y a plus demain ni d'après, chantait Mouloudji, un des premiers beurs comme Mehdi Glaoui, un Saint Germain-des-Prés qui ne vaut plus la tournée des ducs quand des duchesses s'habillaient en jean, comme James Dean, dans la Fureur de vivre, devenue de nos jours la fureur de survivre. stop. A lundi, bon week-end, même s'il n'y a plus de week-end où, du reste, le dimanche donne le cafard, dans une ville où il n'y a plus de nénuphares dans des bassins desséchés.