Le nombre de personnes atteintes du VIH sida au Maroc a évolué de 52 pc entre 2007 et 2011, a déploré jeudi à Rabat Dr Nadia Bezad, présidente de l'Organisation panafricaine de lutte contre le sida (Opals). Intervenant lors du 6ème congrès de l'Organisation sur "les droits à la Santé sexuelle et reproductive et la prise en charge juridique des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et des populations les plus exposées au risque, Dr Bezad a tiré la sonnette d'alarme sur ce fléau qui "continue de croître au Maroc et en Afrique du nord en général, au moment où il est resté stable dans d'autres régions du monde". "Dix nouvelles infections sont enregistrées par jour au Maroc. Quatre décès ont lieu quotidiennement et un enfant est infecté tous les trois jours", des statistiques "alarmantes" qui méritent, selon la présidente de l'Opals de s'interroger sur les lacunes des stratégies adoptées pour lutter contre le sida au Maroc. De l'avis de Dr Bezad, il s'agit là "de la preuve d'une insuffisance de coordination du fait de l'absence d'un conseil national de lutte contre le sida capable de fédérer toutes les énergies, de porter toutes les ambitions et de canaliser toutes les actions". Pour ce qui est des droits juridiques des personnes atteintes et des groupes à haut risque, la présidente de l'Opals a regretté que la communauté des personnes vivant avec le VIH sida continue de souffrir de stigmatisation et de rejet, alors que la société marocaine a enregistré beaucoup de progrès. "Il s'agit d'une composante importante longtemps délaissée alors que le volet des droits de l'Homme a fait une entrée remarquable. On ne peut pas lutter contre le sida si on ne prend pas en considération cet aspect", a-t-elle argumenté. Sur le même registre, le ministre de la Santé, M. Houcine El Ouardi, a affirmé dans une allocution lue en son nom que "malgré tous les efforts fournis dans la riposte nationale au VIH/sida, l'accent sur la question des droits humains, le renforcement des capacités des intervenants, pour répondre efficacement aux inégalités de genre dans le domaine du VIH et relever les barrières juridiques surtout à l'égard des populations vulnérables s'avèrent judicieux". La prise en compte de ce volet, a poursuivi le ministre, permettra de renforcer la politique des droits entamée par le ministère de la santé en collaboration avec le CNDH et de concrétiser l'intégration de cette approche dans la stratégie nationale de lutte contre le sida. Rappelant que les droits humains et le respect du genre ont été considérés parmi l'un des sept principes directeurs du plan stratégique national de lutte contre le sida 2007-2011, M. El Ouardi a affirmé qu'avec cette approche, "on pourrait espérer une meilleure préservation des droits des populations clés plus exposées au risque d'infection par le VIH et des hommes et des femmes infectées et affectés par le VIH sida". Le représentant de l'Onusida au Maroc, M. Karim Alami, a pour sa part, indiqué que le Maroc s'est engagé dans le cadre de son plan stratégique national à mener un certain nombre d'actions, notamment l'élaboration d'une stratégie sur les droits de l'Homme et le VIH. "C'est une stratégie qui va permettre de mener des actions concrètes en matière de lutte contre la stigmatisation et la discrimination dans les différents milieux, en particulier le milieu des soins et celui du travail", a-t-il expliqué. Il a ajouté que cette approche se veut cruciale pour accompagner les avancées que connait le Maroc en matière de droits de l'Homme. Le secrétaire général du ministère de la jeunesse et des sports a affirmé, de son côté, que ce département adhère à la Stratégie nationale de lutte contre le VIH-SIDA, en mettant en œuvre une série d'actions et de programmes à même de sensibiliser les jeunes marocains, filles et garçons aux dangers du fléau VIH-Sida. Outre les campagnes de sensibilisation organisées annuellement dans les maisons de jeunes et les établissements de la jeunesse, 100 clubs de sensibilisation au VIH/SIDA ont été créés au sein de 100 maisons de jeunes à travers le Royaume, durant ces trois dernières années, a-t-il fait savoir. Le représentant du ministère de la jeunesse et des sports s'est également félicité de la tenue de ce colloque qui propose un débat et l'échange d'expériences et des bonnes pratiques en matière de santé sexuelle et reproductive. Le colloque est l'occasion de passer en revue l'état des lieux des droits des PVVIH et des populations les plus exposées au risque en matière de santé sexuelle et reproductive dans la région du Monde Arabe et dans certains pays d'Afrique et d'échanger les expériences et les avancées enregistrées par les différents pays quant à la prise en charge juridique au profit des personnes infectées et affectées par le VIH/ sida.