L'organisation internationale de défense des droits de l'homme, Amnesty International (AI, basée à Londres) a condamné jeudi les violations continues des droits de l'homme en Algérie. «Cette année encore, les autorités (algériennes) ont maintenu des restrictions sur la liberté d'expression, d'association et de réunion, dispersé des manifestations et harcelé des défenseurs des droits humains», indique Amnesty dans son rapport annuel (2013) sur la situation des droits de l'homme dans le monde. L'organisation a déploré le fait que les responsables d'atteintes graves aux droits humains commises en Algérie dans les années 1990 et d'actes de torture et de mauvais traitements infligés aux détenus les années suivantes continuaient de bénéficier de l'impunité. Revenant en détail sur les restrictions à la liberté d'expression en Algérie, AI a rappelé que des syndicalistes, entre autres, ont organisé des manifestations pour dénoncer le chômage, la pauvreté et la corruption. Les rassemblements tenus dans ce contexte ont été dispersés par les forces de sécurité, qui ont également empêché des manifestations en bloquant l'accès ou en arrêtant des protestataires. La situation des droits humains dans le pays a été examinée en mai dans le cadre de l'Examen périodique universel de l'ONU, a rappelé Amnesty, soulignant que le gouvernement algérien n'a pas tenu compte des recommandations qui l'appelaient à abroger les lois promulguées sous l'état d'urgence en vigueur de 1992 à 2011, à lever les restrictions pesant sur la liberté d'expression, d'association et de réunion et à reconnaître le droit à la vérité des familles de victimes de disparitions forcées qui ont eu lieu dans les années 1990. L'organisation a noté que la loi sur l'information adoptée en décembre 2011 restreignait les activités des journalistes dans des domaines tels que la sûreté de l'Etat et les intérêts économiques du pays. Egalement votée en décembre 2011, une nouvelle loi sur les associations renforçait les contrôles sur les ONG, conférant aux autorités des pouvoirs de suspension et de dissolution et leur permettant de refuser l'enregistrement ou le financement de celles-ci. Amnesty a, d'autre part, indiqué que des journalistes algériens ont été poursuivis pour diffamation en vertu du code pénal. Bien que l'état d'urgence ait été levé en 2011, les autorités continuaient d'interdire les manifestations à Alger, en vertu d'un décret promulgué en 2001, poursuit la source, soulignant que dans la capitale et dans d'autres villes, les forces de sécurité empêchaient les manifestations en bloquant les accès et en procédant à l'interpellation des protestataires, ou bien les dispersaient par la force ou la menace de recours à la force. AI n'a pas manqué d'épingler les autorités algériennes qui continuaient de harceler les défenseurs des droits humains, notamment en entamant des poursuites judiciaires contre eux. Abordant le dossier de la lutte contre le terrorisme, Amnesty a indiqué que les autorités algériennes ont annoncé que des membres de groupes armés avaient été tués par les forces de sécurité, sans donner beaucoup de détails, «ce qui faisait craindre que certains de ces homicides n'aient été des exécutions extrajudiciaires». Elle a relevé, dans ce sens, que le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) disposait toujours de vastes pouvoirs en matière d'arrestation et de détention. Les agents du DRS pouvaient notamment maintenir au secret des personnes soupçonnées d'actes de terrorisme, ce qui favorisait le recours à la torture et aux mauvais traitements, a dit AI, dénonçant l'impunité dont jouit les auteurs des atteintes aux droits humains commises en Algérie. «Les autorités n'ont pris aucune mesure pour enquêter sur les milliers de disparitions forcées et autres atteintes graves aux droits humains qui ont eu lieu au cours du conflit interne des années 1990», lit-on dans le rapport. Selon AI, la charte pour la paix et la réconciliation nationale, en vigueur depuis 2006, accordait l'impunité aux forces de sécurité et rendait passibles de poursuites les personnes qui critiquent le comportement de ces forces. Les familles des disparus devaient accepter des certificats de décès comme condition pour pouvoir prétendre à une indemnisation, mais aucune information ne leur était fournie sur le sort qu'avaient subi leurs proches, ajoute la source, soulignant que les familles qui continuaient de réclamer justice et vérité étaient la cible de harcèlement.