Le romancier et essayiste marocain Fouad Laroui a remporté, mardi, le prestigieux Prix de l'Académie Goncourt de la Nouvelle pour “L'étrange affaire du pantalon de Dassoukine", publié aux éditions Julliard (2012), a annoncé cette institution française dans un communiqué. Le Prix a été décerné mardi à l'issue du vote des membres du jury, appelés à départager les quatre candidats en lice, qui sont, outre Fouad Laroui, Frank Courtès “Autorisation de pratiquer la course à pied" (JC Lattès), “Blandine Le Callet, Dix rêves de pierre" (Stock) et Mathieu Rémy, “Camaraderie" (L'Olivier). Laroui rejoint ainsi deux autres écrivains marocains lauréats du Prix Goncourt: Tahar Benjelloun, Goncourt du Roman en 1987 et membre de l'Académie Goncourt, et Abdelatif Laabi, Goncourt de la Poésie (2009). “L'étrange affaire du pantalon de Dassoukine" est un recueil de nouvelles dont la principale raconte l'histoire “burlesque" d'un jeune fonctionnaire marocain venu à Bruxelles pour acheter au meilleur prix du blé européen dont le Maroc a grand besoin. Le protagoniste se retrouve fort démuni quand des malhonnêtes volent dans sa chambre d'hôtel son unique pantalon. Que faire ? Où acheter, à l'aube de cette rencontre décisive, un pantalon décent ?. C'est parce qu'il se présentera devant la Commission européenne, sanglé dans une défroque qui ferait honte à un clown, qu'il réussira sa mission. “La métaphore est saisissante. Nous vivons une époque déraisonnable ou l'image mal interprétée des choses prend immanquablement le pas sur l'implacable réalité qui nous conditionne et que personne ne veut voir", écrit l'auteur dans la présentation de l'ouvrage. Avec cet humour décapant qui est le sien, Fouad Laroui brode sur ce thème et met en scène dans les autres nouvelles des personnages et des situations étonnantes. L'histoire de ce malheureux garçon qui, voulant se faire délivrer un passeport, s'aperçoit que le village où il a passé son enfance n'existe pas aux yeux de l'administration et que, du même coup, n'étant jamais né, il n'existe pas... Ou comment un édile marocain n'ayant pas réussi à construire dans son village la piscine qu'il avait promise à ses concitoyens en vient à créer le concept de “natation sèche"... Né en 1958 à Oujda, Fouad Laroui est économiste et écrivain. Après des études à l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées en France, il travaille comme ingénieur à l'OCP à Khouribga, avant de retourner en Europe, à Cambridge et à York (Royaume Uni) où il obtient un doctorat en sciences économiques. Actuellement, il vit à Amsterdam où il enseigne l'économétrie et les sciences de l'environnement à l'université. Parallèlement, il se consacre à l'écriture et commence une carrière littéraire en 1996 avec “Les Dents du topographe" (Julliard, 1996) pour lequel il obtient le Prix Découverte Albert-Camus. Romancier de langue française, poète de langue néerlandaise, journaliste et critique littéraire, Fouad Laroui court le monde, chargé de son sac de voyage et de sa vaste culture. Il compte à son actif une quinzaine de publications, pour la plus part des nouvelles, dont “La Meilleure Façon d'attraper les choses" (Yomad, 2001), Prix Grand Atlas 2005, “Le jour où Malika ne s'est pas mariée" (Julliard, 2009) et “Une année chez les Français" (Julliard, 2010), un roman qui a été retenu parmi la première sélection du prix Goncourt 2010.