Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Saad Dine El Otmani a plaidé, lundi à New York, en faveur de la mise en oeuvre d'une stratégie inclusive visant à dresser les différents défis dans la région du Sahel, notamment sur le plan sécuritaire, économique et social. «Les crises multidimensionnelles et interconnectées du Sahel doivent être abordées selon une approche holistique et intégrée prenant en considération d'une manière coordonnée et synchronisée toutes les menaces politique, économique et sociale auxquelles fait face la région» , a souligné le ministre à l'ouverture d'un débat de haut niveau du Conseil de sécurité de l'ONU consacré à la crise au Sahel. «Ces crises requièrent la mise en oeuvre de mesures urgentes car le temps joue en faveur des groupes terroristes et criminels», a-t-il dit lors de cette réunion organisée par le Royaume, qui préside le Conseil de sécurité de l'ONU pour le mois de décembre. M. El Otmani a ainsi appelé la communauté Internationale à «renforcer davantage son soutien aux Etats de la région pour les aider à promouvoir leurs capacités nationales, mettre à niveau leurs institutions sécuritaires pour une meilleure gestion de leurs frontières et les soutenir dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée, notamment de drogues, ainsi que le terrorisme». Cette action est d'autant plus importante à la lumière des événements ayant transformé la région du Sahel en un refuge pour les groupes terroristes et criminels qui dépendent idéologiquement sur les méthodes de la nébuleuse internationale d'Al-Qaïda. La région du Sahel, a-t-il ajouté, a également connu, dans différentes parties du vaste espace sahélo-saharien peu sécurisé, «une multiplication d'actes déstabilisateurs commis par des groupes armés, mouvements séparatistes et réseaux terroristes ainsi que la prolifération d'armes, la traite des êtres humains et la recrudescence des prises d'otages». Plusieurs facteurs ont aussi contribué à la croissance et à la propagation de telles activités dont «la difficulté des Etats de la région à assurer convenablement, due à un manque de moyens et des capacités nécessaires, le contrôle de leur vaste frontière saharienne située dans un environnement inhospitalier qui ne contribue ni à la stabilité ni à la continuité de la vie en raison de son climat difficile», a souligné le ministre. Pire encore, «l'absence ou le manque d'activités économiques et de développement dans ces régions ainsi que le manque d'opportunités d'emplois, notamment chez les jeunes, ont créé un vide exploité par les réseaux terroristes, les groupes séparatistes ainsi que des trafiquants de drogues qui amadouent ces jeunes idéologiquement ou financièrement», a averti M.El Otmani. Face à cette situation, «tout retard ou temporisation dans la résolution de la crise du Sahel ne fera que renforcer l'emprise et le contrôle des réseaux terroristes ou criminels sur cette région qui se transforme de jour en jour en un foyer et un hub permanent pour le terrorisme», a dit le ministre. Revenant sur les récents glissements survenus dans la région du Sahel ayant permis à des groupes terroristes, des mouvements armés et séparatistes de s'emparer des 2/3 du territoire national du Mali, M. El Otmani a plaidé pour une action rapide de la communauté internationale «en soutien à ce pays pour l'aider à répondre avec fermeté et efficacité à la situation». En effet, la priorité doit, selon le ministre, être accordée à soutenir l'Etat malien sur les plans politique, économique, sécuritaire et humain «pour qu'il puisse restaurer l'intégrité territoriale de ce pays et faire face à l'ensemble des entités qui menacent sa stabilité, notamment Al Qaeda dans le Maghreb Islamique (AQMI) et le Mouvement de l'Unicité et du Jihad en Afrique de l'Ouest . (MUJAO)». «Le moment est venu de dépasser les obstacles et d'asseoir une coopération et une coordination interrégionale inclusive entre les Etats du Sahel et les Etats du Maghreb pour la stabilité de cette espace stratégique de l'Afrique», a affirmé le ministre, en faisant part du souhait du Royaume de voir le Conseil de sécurité apporter «une réponse positive» à la demande formulée par le Continent africain en vue d'aider le Mali à lutter contre ces menaces. M.El Otmani a, en outre, souligné la nécessité de «prêter une attention particulière aux défis socio-économiques et humanitaires auxquels font face les Etats du Sahel en vue d'apporter des réponses à la +cyclicité+ des crises alimentaires, et ce, à travers une approche globale et plus régionale de l'assistance humanitaire aux populations souffrant d'insécurité alimentaire ou déplacés par les conflits dans le Sahel». «La clé de voute pour répondre aux défis dont fait face la région du Sahel demeurera, in fine, le développement durable de l'espace du Sahel» mais cet objectif ne pourra toutefois être atteint sans «le soutien efficace» de la Communauté internationale y compris de la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement, la Banque Islamique de Développement aux pays de cette région, a-t-il conclu.