Jamais une réunion d'une instance décisionnelle d'un parti politique au Maroc n'a suscité autant d'intérêt que celle du Conseil national du Parti de l'Istiqlal. De toute évidence, l'enjeu était important puisqu'il s'agissait d'élire le nouveau Secrétaire Général du parti et d'assurer la pérennité de la mission de l'Istiqlal, organisation politique profondément ancrée dans les couches populaires depuis l'aube du Mouvement national qui s'est fixé pour buts d'acquérir l'indépendance du pays, de réaliser sa libération et de jeter les bases d'un Maroc démocratique où prévaut l'Etat de droit. Mais, en réalité, il ne s'agissait pas d'une simple élection, comme on a l'habitude de vivre en d'autres circonstances, mais – et c'est ce qui est nouveau - de la présence de deux candidats qui briguent le poste de Secrétaire Général du parti. La règle du consensus et la candidature unique n'ont pas prévalu et c'est à une véritable confrontation de programmes défendus par chaque candidat qu'on a assisté. La campagne électorale était fortement animée par chaque partie. D'ailleurs, les médias nationaux se sont livré à des spéculations hâtives, prédisant même l'implosion du parti après cette réunion, et sont allés jusqu'à prétendre que la réunion du Conseil national se terminera en queue de poisson et qu'elle allait annoncer la fin de ce parti dont l'action a été caractérisée dans toutes les étapes de son Histoire par la cohésion de ses composantes et la solidité de ses assises. Les Istiqlaliens ont donné un cinglant démenti à ces allégations et ont montré qu'ils croient en la démocratie interne en tant que pratique et non seulement un slogan et une devise. L'absence d'une culture démocratique pousse le plus souvent les militants et les masses à se douter de la possibilité d'accepter le verdict des urnes, mais avec l'annonce des résultats du scrutin et de la victoire de M. Hamid Chabat avec un écart de 20 voix et la reconnaissance de cette victoire par M. Abdelouahed El Fassi, l'Istiqlal, en tant que formation pionnière, a donné une véritable leçon de démocratie. Les élections, qui se sont déroulées dans un climat de transparence absolue et de respect des règles démocratiques, ont consacré la nouvelle ère dans laquelle l'Istiqlal est entré, ouvrant la voie aux autres formations pour adhérer au processus du changement engagé des pratiques, des méthodes et des mentalités. On n'a pas l'habitude de voir un candidat vaincu reconnaître la victoire de son concurrent. Le plus souvent, on cherchait de faux prétextes pour prétendre la non-conformité des opérations électorales et des résultats à la volonté réelle des votants. Mais, pour ce qui concerne l'élection de M. Chabat, personne n'a mis en doute la crédibilité de l'opération votative. Tout en se félicitant de cette progression significative, nous tenons à souligner la volonté exprimée par MM. Chabat et El Fassi de préserver l'unité des rangs et d'œuvrer dans l'intérêt de la Patrie et des masses populaires. L'Istiqlal, qui a toujours été à l'avant-garde pour répondre aux attentes des couches populaires, restera mobilisé pour servir le peuple et les principes qui ont toujours animé son action. L'élection du nouveau Secrétaire Général a consacré le triomphe de la démocratie interne et la prééminence de l'intérêt général sur les calculs étroits.