Beaucoup d'efforts, de temps, d'énergie et d'argent sont chaque année déployés et notre école ne dispense pas encore cet enseignement de qualité que tout le Nouveau Maroc ambitionne. La réforme nationale entreprise dans le cadre de la Charte Nationale et du Plan d'Urgence est à sa dernière phase et les problèmes du système éducatif continuent d'alterner entre clarté de diagnostics polémiqués et inefficacité des remèdes. Ainsi, notre école, ou notre enseignement en général, est devenu au centre de nos principales préoccupations quotidiennes tellement un sentiment de désolation envenimait les esprits, risquant de pencher dangereusement vers l'alarmisme. Qu'on le veuille ou non, les dysfonctionnements, surtout structurels, sont grands pour ne pas dire graves et les slogans «école pour tous» et «école de la réussite» risquent malheureusement de noyer dans l'imbroglio. A cet effet, l'opinion publique nationale - notamment les parents d'élèves et les enseignants - continue d'appeler à des options stratégiques moins ambiguës et plus réalistes afin de dépasser le discours de crise, car il serait illusoire de compter sur les seuls documents de réformes, conçus, eux aussi, selon une logique linéaire et descendante, alors qu'un système efficace est surtout un système qui accepte, qui propose, qui prévoit d'être évalué et qui s'engage à rendre compte de ses performances, mais aussi et surtout de ses carences. Avec l'avènement du nouveau gouvernement, l'espoir renait pour, surtout, un retour de confiance, puisque la dynamique déclenchée par le ministère de l'Education et de la Formation marque déjà un aller en avant dans les principaux chantiers de réforme, notamment l'éradication de toutes les susceptibilités qui nuisent au processus éducatif et, entre autres, la suspension temporaire des heures supplémentaires dans le privé pour tout le corps enseignant du public. En effet, à peine l'année scolaire entamée, nos élèves sont sollicités pour faire des heures supplémentaires de soutien, ou de rattrapage, ou de consolidation, ou encore de renforcement. Mais, dans tous les cas, ce sont des heures supplémentaires, c'est-à-dire secondaires, subsidiaires, circonstancielles, annexes et donc répondant à un déficit. Nous avons donc procédé à une enquête au sein du milieu scolaire et qui nous a permis de dégager les conclusions suivantes : - Qui dispense ces heures supplémentaires ? * 86 % enseignants du public. * 8% autres enseignants. * 06% diplômés chômeurs. - Pour savoir pourquoi les élèves optent pour leurs propres professeurs, nous avons évité d'évoquer l'usage de la contrainte, nous contentant de solliciter les justifications du choix : * 65% optent pour le passe-droit des notes. * 20% optent pour la communication implicite des devoirs surveillés. * 15% optent pour la compétence. - Pour les lieux où se déroulent les heures supplémentaires : * 70% : dans des établissements privés (moins cher qu'à domicile). * 20 % : au domicile de l'enseignant. * 10% : au domicile de l'élève (individuellement ou en groupe). - Pour les rétributions ou honoraires, le paiement se fait selon deux options : * Dans les établissements privés: négociations par contrat verbal entre l'enseignant et le «patron» de l'école. * Cours à domicile: marchandage et paiement direct après, des fois, des jeux de spéculation et d'intermédiations. Ainsi, à la lecture de toutes ces données, on en déduit que toute tentative d'interdire la pratique illégale des heures supplémentaires semblait même impossible. Certes, des notes ministérielles ont été émises et diffusées pour blâmer ces agissements répréhensibles, mais les choses ne faisaient qu'empirer puisque la concurrence entre certains «donneurs» d'heures sup, souvent entachées de bassesses, en fait un «marché» presque à la criée. Devant cette situation fort déplorable, le nouveau ministère de tutelle est, aujourd'hui et plus que jamais, décidé à traiter ce phénomène qui est en train de souiller la réputation de l'enseignement en creusant de graves écarts de confiance entre les parents et les enseignants.. Par conséquent, ce mode de soutien pédagogique devrait être légalement réglementé afin de contribuer efficacement et réellement au renforcement des acquis et des processus et mécanismes de résolution des déficits scolaires. Dans cette même optique, ces cours de soutien seront conçus comme des processus de régulation et d'amélioration des compétences et aptitudes de l'élève de façon à ce qu'il puisse combler ses déficits spécifiques et donc s'intégrer dans le groupe - classe. Pour conclure, nous lançons un appel à ces enseignants qui abusent et à ces directeurs des écoles privées rapaces du gain et surtout aux responsables du MEN pour qu'ils rendent à ces cours de soutien la noblesse de leurs objectifs et tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes.