Dans ce qui suit, il s'agit d'un exemple de conceptions de deux Casablancais particulièrement attachés à leur ville. Ils se sont fait connaître à travers leurs activités, l'un collectionnant tout ce qui peut avoir, de près ou de loin, une relation avec la ville et c'est Mohamed Tangi issu de l'ancienne médina (Derb Lingliz) ; l'autre, Abdellah Naguib, originaire lui de Derb As-Soltane (Derb Lhajib, Derb Lihoudi et rue Monastir) appréhende sa ville par du vécu et l'enquête finement recoupée, pour un travail de transmission de la mémoire en publiant des documents via Internet (Voir entre autres le lien récent : http://histoiredecasablanca.blogspot.com/search?updated-min=2012-01-01T00:00:00Z&updated-max=2013-01-01T00:00:00Z&max-results=6). Deux attitudes qui ne datent pas d'aujourd'hui, ne sont pas dictées par un intérêt quelconque ou nécessité professionnelle, mais plutôt par une sorte d'inclination naturelle pour l'érudition de la connaissance du lieu d'origine en s'inscrivant à rebours de ce qui est courant, c'est-à-dire l'amnésie. Sans le clamer sur les toits, les deux compères se veulent de vrais patriotes. Mohamed Tangi et Abdellah Naguib se sont fait connaître en 2007 par l'organisation d'une manifestation unique en son genre puisqu'il s'agit d'une exposition de photos accompagnée d'une conférence pour commémorer le centenaire du bombardement de Casablanca en 1907 et le débarquement franco-espagnol annonçant la colonisation effective du Maroc. Les deux sont membres du comité de pilotage du projet de réhabilitation de l'ancienne médina de Casablanca, « ville arabe, ou ville indigène » comme l'appelaient les Français de l'époque du Protectorat par opposition à la ville européenne où ils avaient choisi d'inscrire leur histoire. L'idée lancée, notamment par Tangi, est de préserver la mémoire de la ville et de la revivifier. Ainsi, cette idée de renommer la place Bidaoui, ex-Place Amiral Philibert, d'une nouvelle dénomination : Place Chouhada en mémoire des premiers Marocains tombés lors du débarquement franco-espagnol en 1907 par Bab el-Marsa (Porte de la Marine). Côté Mohamed Naguib, c'est aussi de rappeler l'importance de la transmission de la mémoire en tenant compte du caractère particulier de Derb As-Soltane, un des creusets de la Résistance avec une vie urbaine d'une singulière densité.