Trois personnes ont été tuées lundi par des tirs des forces de sécurité syriennes, tandis qu'une opération militaire était en cours dans une localité près de la frontière libanaise, ont annoncé des militants. Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH)a annoncé que deux hommes ont été tués et 20 personnes blessées par des tirs lors d'une opération de perquisitions menée par l'armée et les services de sécurité à Sarmin, près d'Idleb (nord-ouest). Un troisième homme a été abattu à Qara, près de Damas, par la sécurité syrienne qui perquisitionnait sa maison, selon un communiqué du Comité de coordination, qui anime la contestation en Syrie. La veille, six personnes au total avaient péri dans des opérations militaires à Khan Cheikhoun, près d'Idleb, à Inkhel (sud) et à Abou Kamal, près de la frontière irakienne, selon M. Abdel Rahmane. L'armée intervient sur plusieurs fronts Des chars, des véhicules de transports de troupes et des véhicules militaires ont pénétré lundi matin dans la localité de Hit, à deux kilomètres de la frontière nord du Liban, selon l'OSDH. "Des tirs de forte intensité résonnent depuis 09H00", a affirmé M. Abdel Rahmane, basé au Royaume-Uni. Les forces de sécurité syriennes ont investi lundi matin Rastan, ville située à 20 km au nord de Homs, dans le centre du pays, rapportent des opposants et des habitants. Au moins 40 véhicules armées et vingt bus transportant des soldats et des membres des services de renseignement se sont déployés à 5h30 du matin à l'entrée de la ville et ont commencé à ouvrir le feu. Cette intervention intervient après la défection de dizaines de soldats dans la région. Par ailleurs, les soldats syriens appuyés par des véhicules blindés ont attaqué dimanche la ville de Khan Cheikhoun, dans le nord de la Syrie, tuant deux personnes et procédant à plusieurs arrestations, ont rapporté des témoins. Cette ville de 100.000 habitants se trouve sur la route qui mène à la frontière turque, à 245 km au nord de la capitale Damas. Plusieurs personnes ont été blessées, dont deux militants pro-démocratie, Tarek al Nisr et Moussaab Taha, atteints par les tirs de miliciens fidèles au président Bachar al Assad, ont précisé des habitants. Crise entre Damas et la Ligue arabe Une crise a éclaté dimanche entre Damas et la Ligue arabe qui a appelé ce pays à "suivre la voie de la raison avant qu'il ne soit trop tard", alors que trois personnes ont été tuées et neuf autres blessées par les tirs de forces de sécurité. Le communiqué de la Ligue arabe représente "une violation (...) claire des principes de la charte de la Ligue et des fondements de l'action arabe conjointe", a indiqué une note syrienne envoyée au secrétariat général de la Ligue. Les délégués syriens protestent contre le fait que ce communiqué ait été rendu public "bien que la réunion se soit terminée par un accord sur le fait de ne pas publier de communiqué ou faire de déclarations à la presse". Les Syriens agissent "comme si ce communiqué n'avait pas été publié, d'autant plus qu'il contient (...) un langage inacceptable et biaisé". La Ligue arabe a tenu samedi soir une réunion extraordinaire sur la Syrie et la Libye. Les ministres ont appelé à "mettre fin à l'effusion du sang et à suivre la voie de la raison avant qu'il ne soit trop tard", exprimant leur "inquiétude face aux développements graves sur la scène syrienne qui ont fait des milliers de victimes et de blessés". Ils ont également appelé à "respecter le droit du peuple syrien à vivre en sécurité et à respecter ses aspirations légitimes à des réformes politiques et sociales". Le chef de la Ligue arabe, Nabil El-Arabi, doit aussi se rendre en urgence à Damas porteur d'une initiative pour résoudre la crise dans ce pays, mais il a affirmé dimanche qu'il attendait toujours l'accord de la Syrie. D'autre part, Moscou, allié du président syrien, a annoncé l'envoi lundi à Damas d'un émissaire, vraisemblablement le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, alors que la Russie s'oppose à l'adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de sanctions envers le régime. Par contre, la Turquie, qui avait pourtant opéré un rapprochement avec son voisin syrien ces dernières années, a violemment critiqué dimanche le régime syrien. "Désormais, (la situation en Syrie) a atteint un tel niveau que tout est trop infime et trop tardif. Nous n'avons plus confiance", a déclaré le président turc Abdullah Gül dans une interview à l'agence turque Anatolia. "Tout le monde devrait savoir que nous sommes aux côtés du peuple syrien (...) L'essentiel, c'est le peuple", a ajouté le président turc. "Aujourd'hui, il n'y a plus de place dans le monde pour des gouvernements autoritaires, pour des partis uniques, des régimes fermés. Soit ils seront remplacés par la force, soit les gouverneurs de région (autorités locales, ndlr) devront prendre l'initiative d'administrer" le pays, a-t-il insisté.