Depuis 1989, date de sa proclamation par le Conseil d'Administration du Programme des Nations Unies pour le Développement "Journée mondiale de la population", la communauté internationale célèbre chaque 11 juillet cet événement pour attirer l'attention sur l'importance des questions de population dans le développement. Pour suivre de près l'évolution de sa population et les changements que connaissent ses structures, ses caractéristiques et sa répartition géographique, le Maroc réalise chaque dix ans un recensement général de la population et de l'habitat. Et en vue d'affiner sa connaissance des phénomènes démographiques et évaluer le chemin parcouru en matière de réalisation des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), le Haut commissariat au plan a effectué en 2010 une grande enquête démographique nationale à passages répétés auprès de 105 000 ménages. Les résultats de cette opération confirment que le Maroc est engagé dans un processus avancé de sa transition démographique. En effet, le taux d'accroissement démographique annuel moyen a baissé à 1,05% en 2010 après avoir été de 1,62% entre 1982 et 2010. Cette évolution est le résultat d'une baisse conjuguée de la fécondité et de la mortalité. C'est ainsi qu'en 1982, une Marocaine mettait au monde durant sa vie de procréation 5,2 enfants alors, qu'en 2010, elle ne donnait naissance qu'à 2,19, soit une réduction de trois enfants contre deux seulement entre 1962 et 1982. Cette baisse de la fécondité s'explique essentiellement par le recul de l'âge au premier mariage (17,5 ans chez les femmes en 1960 contre 26,6 ans en 2010) et la généralisation progressive de la pratique contraceptive (8% chez les femmes en 1962 contre 63% en 2003). De son côté, l'espérance de vie à la naissance, évaluée à 74,8 ans, en 2010, a connu des gains continus, puisqu'un Marocain né aujourd'hui peut espérer vivre 14,8 ans de plus que celui né en 1982 et 27,8 ans de plus que celui né en 1962. La réduction de la mortalité, la forte baisse de la fécondité, outre le recul de l'âge moyen au premier mariage, aussi bien des hommes que des femmes, sont révélateurs des mutations profondes qui s'opèrent dans les systèmes de valeurs et dans les comportements sociétaux, dans un contexte d'un fort brassage de la population sous l'effet de la migration. La fécondité de plus en plus contrôlée est, à cet égard, révélatrice de ces mutations. Elle exprime des choix individuels ou des choix de couple, qui sont en rupture avec les valeurs d'une société traditionnelle et constituent un indicateur de l'émergence de l'individualisme dans la société avec ses implications économiques et sociétales, voire politiques. Dans ce contexte de mutation, la dynamique de la population pourrait se traduire par un effet d'aubaine démographique tel qu'indiqué par la baisse prévisible du ratio entre les tranches d'âges "dépendantes", les moins de 15 ans et les plus de 60 ans, d'une part, et la tranche en âge d'activité, les 15-59 ans, d'autre part. Ce ratio est passé de 94,2% en 1982 à 55,8% en 2010 et atteindrait sa valeur minimale vers 2017 (54,1%) avant de reprendre, sous l'effet du vieillissement, une tendance haussière (56,7% en 2030). Cependant, cette aubaine n'est ni permanente ni acquise, elle constitue une opportunité dont on ne peut tirer profit sans une réelle valorisation de ce formidable potentiel humain à travers l'amélioration du système d'enseignement et de formation et l'investissement dans les secteurs à forte création d'emplois et de richesse. Haut Commissariat au Plan, journée mondiale de la population