Dans les différentes régions du maroc, le mariage des hommes est contracté en moyenne, entre 30 et 34 ans et celui des femmes entre 24 et 29 ans A sa naissance, le Marocain moyen espérait vivre 47 ans en 1962 (57 en milieu urbain et 43 en milieu rural). Aujourd'hui, un demi-siècle après, son espérance de vie est portée à 74,8 ans (77,3 en milieu urbain et 71,7 en milieu rural), le gain est ainsi de 28 ans, résultante de la baisse de la mortalité aux différents âges. C'est ce qu'a souligné, lunid à Rabat, Ahmed Alami Lahlimi, Haut Commissaire au Plan à l'occasion de la présentation des résultats de l'Enquête Nationale Démographique à passages répétés 2009-2010. Le taux de mortalité infantile est passé, pour sa part, de 149 p.mille en 1962, à 75,7 p.mille en 1987 pour atteindre 30 p.mille en 2010. Le taux de mortalité infanto-juvénile (0 à 5 ans) qui était de 213 p.mille en 1962 est passé à 104 p.mille en 1987 et à 36 p.mille en 2010. C'est dire, selon M. Lahlimi, qu'au début des années 1960, près d'un enfant sur 7 mourait avant d'atteindre un an contre un sur 33 aujourd'hui ; et plus d'un enfant sur cinq mourrait avant l'âge de cinq ans contre un sur 28 aujourd'hui. En milieu urbain le taux de mortalité infantile est passé de 100 p.mille en 1962 à 45,5 p.mille en 1987 et à 25,7 p.mille en 2010. L'accélération de cette baisse a profité d'une façon plus forte à la population rurale dont le taux de mortalité est passé de 170 p.mille à 89,7 p.mille et à 35,3 p.mille enregistrant ainsi des baisses annuelles de 1,9% entre 1962 et 1987 et de 2,6% entre 1987 et 2010. « S'il est aussi avéré que la mortalité infanto-juvénile connait une baisse notable qui inscrit le Maroc dans la voie de réalisation des OMD dans ce domaine, elle devrait rester, cependant, une préoccupation majeure des politiques publiques, en particulier, dans les domaines de la santé et de l'amélioration des conditions de vie de la population d'autant plus que de ces politiques dépend également le niveau de mortalité maternelle », avait indiqué le Haut Commissaire au Plan. En effet, poursuit-il, à l'instar de la mortalité infantile, celle-ci connait également une baisse remarquable. Pour 100 000 naissances, les décès pour des raisons liées à la maternité sont passés de 227 décès (186 en milieu urbain et 267 en milieu rural) au cours de la période en 1994-2003 à 112 (73 et 148 respectivement) en 2010 selon l'enquête à passages répétés. Si notre estimation est aussi précise de ce paramètre, malgré la rareté du phénomène et la difficulté connue de sa mesure, elle le doit en fait autant à la dimension qu'à la rigueur du type d'enquête à passages répétés, elle permet en effet le suivi systématique des femmes enceintes au cours de la grossesse, de l'accouchement et jusqu'à la fin de la période postpartum. M. Lahlimi avait tenu à noter que la baisse de la mortalité maternelle est imputable en partie à la baisse de la fécondité. Quand la fécondité diminue, il y a moins de grossesses et de naissances, et donc une diminution de l'exposition au risque de mortalité maternelle. Outre ce facteur, cette baisse s'explique également par la progression de la couverture des consultations prénatales et de l'assistance à l'accouchement par un personnel qualifié. C'est ainsi qu'en 2010, 80% des femmes ont reçu au moins une consultation prénatale (contre 68% au cours de la période 1999-2003) et 74% ont été assistées par un personnel qualifié de la santé lors de l'accouchement (contre 63% en 1999-2003). Les résultats de l'enquête montrent également qu'au début des années 1960, une Marocaine mettait au monde durant sa vie de procréation 7,2 enfants, aujourd'hui, elle n'enfante plus que 2,19 naissances vivantes, soit 5 enfants de moins qu'il y a cinquante ans (ou -70%). La fécondité urbaine affiche un tournant sans précédent en se maintenant au dessous du seuil de remplacement des générations, 1,84 enfant par femme. Si cette baisse se révèle permanente, on risque d'assister dans les années à venir à un ralentissement accentué de l'accroissement démographique de la population citadine, qui ne sera plus nourrie que de l'apport des immigrants ruraux. En revanche, poursuit M. Lahlimi, bien que la fécondité rurale (2,70) n'ait pas encore atteint le seuil de remplacement, le rythme de sa baisse au fil des années, laisse entrevoir une tendance similaire à celle des villes. En effet, l'écart de fécondité entre le rural et l'urbain est passé de 3,2 enfants en 1986 à 0,9 enfant en 2009. Cette convergence, porte à croire qu'à l'instar du milieu urbain, la fécondité rurale tombera probablement en dessous du seuil de remplacement des générations. La fécondité contrôlée est volontariste et suppose des choix individuels ou de couple. En conséquence, la forte baisse de la fécondité traduit bien l'émergence de l'individu, même si c'est au détriment des valeurs sociétales traditionnelles. Le Maroc est désormais dans le peloton de tête des pays arabes (Tunisie : 2 ,05, Liban : 1,69) pour la transition de sa fécondité. Par rapport à l'Europe, il n'est plus qu'à quelques décimales de la France: 2,02. « Certes le Maroc est rentré plus tard dans la transition démographique, mais il connaît une accélération de cette transition qui lui permet de rattraper les pays qui l'ont devancé comme la Tunisie ». Dans l'espace régional, la fécondité est peu hétérogène, le différentiel de fécondité ne dépasse guère un enfant entre la région la plus féconde (Marrakech Tensift Al-Haouz) et celle la moins féconde (Oriental). Nonobstant ce fait, la transition entre 2004 et 2009 se poursuit à des rythmes différents d'un groupe de régions à l'autre. Les régions les plus fécondes, affichant un niveau de fécondité supérieure à la moyenne nationale (2,2 enfants par femme) sont Marrakech-Tensift-Al-Haouz (2,6), Chaouia-Ouardigha (2,5), Souss-Massa-Draa (2,4), Gharb-Chrarda-Beni Hssen (2,4). Le deuxième groupe, se distinguant par un niveau de fécondité proche du seuil de renouvellement de la population (2,1 enfants par femme), inclut les Régions Sahariennes (2,0), Meknès Tafilalet (2,1), Fès Boulemane (2,1), Taza Al Hoceima Taounate (2,1) et Tanger Tétouan (2,3). Quant au dernier groupe, caractérisé par une fécondité en deçà du niveau de remplacement des générations, il est composé de l'Oriental (1,6 enfants par femme), Rabat Salé Zemmour Zaer (1,8) et le Grand Casablanca (1,9). Selon M. Lahlimi, ces transformations de la vie reproductive présupposent en amont des transformations de la conjugalité. En 50 ans, l'âge au 1er mariage a énormément reculé. En 2010, les femmes se sont mariées en moyenne à 26,6 ans et les hommes à 31,4 ans, soit par rapport à 1960, respectivement 9,3 ans et 7,5 ans plus tard. L'écart d'âge au mariage entre les deux sexes s'est ainsi rétréci passant de 6,6 à 4,8 ans. L'âge moyen au 1er mariage est plus élevé en milieu urbain qu'en milieu rural quel que soit le sexe. Les hommes ruraux se marient en moyenne 2,5 ans plus tôt que les citadins (respectivement 30 et 32,5 ans ) et les femmes rurales 1,8 ans plus tôt que les citadines (respectivement 25,6 et 27,4 ans). Aujourd'hui, parmi les femmes de 15 à 19 ans, 9 sur 10 sont encore célibataires. Une seule est mariée dans cette tranche d'âge, c'est dire qu'en 2010, 150 mille femmes marocaines sont dans ce cas. Parmi celles-ci, 120 mille sont âgées entre 18 et 19 ans. Il n'en reste pas moins qu'au moins 30 mille femmes se sont mariées en deçà de l'âge légal. Parmi les femmes âgées de 20 à 24 ans, 61,4% sont célibataires. C'est le cas également de 28,9% des femmes âgées de 30 à 34 ans. Ces proportions, encore plus élevées pour les hommes (99,6% parmi ceux âgés de 15 à 19 ans, 93,3% parmi les 20-24 ans et 42% parmi les 30-34 ans) accusent une hausse continue s'inscrivant dans la tendance observée depuis les années 60. La prolongation du célibat concerne aussi bien les femmes que les hommes et le mariage devient de moins en moins universel, comme le montrent les proportions de célibataires à 50 ans, âge au-delà duquel, les personnes non mariées sont considérées comme devant finir leur vie en tant que célibataires. En 2010, le célibat à 50 ans atteint 5,8% parmi les hommes et 6,7% parmi les femmes, soit par rapport à 1994 une multiplication par 2 pour les hommes et par 7 pour les femmes. Autrement dit, pour les femmes aussi bien que pour les hommes, le mariage, par choix individuel ou pour des raisons économiques ou migratoires devient de moins en moins universel. Dans les différentes régions du Maroc, le mariage des hommes est contracté en moyenne, entre 30 et 34 ans et celui des femmes entre 24 ans et 29 ans. L'âge au 1er mariage des hommes est le plus élevé (supérieure à 33 ans) dans le Grand Casablanca et l'Oriental et le moins élevé à Marrakech-Tensift Al Haouz (29,7 ans). Celui des femmes est le plus élevé (supérieur à 27 ans) dans le Grand Casablanca, l'Oriental, Taza-Al Hoceima-Taounate, Guelmim Es-smmara, Rabat-Salé-Zemmour-Zaer, Tanger-Tétouan et Souss Massa-Draa. Il est le plus bas (inférieur à 25 ans) dans les régions de Tadla-Azilal et Marrakech-Tensift Al Haouz. Autre résultat de l'enquête évoqué est que l'endogamie, valorisée dans le cadre des traditions patriarcales soucieuses de maintenir la cohésion familiale ou la sauvegarde du patrimoine, a enregistré une baisse de 33% en 1987 à 29,3% en 1995 pour atteindre 21% en 2010; exprimant, ainsi, une mutation des systèmes de valeurs et comportements sociaux. Cette baisse de l'endogamie s'explique principalement par le recul des mariages avec des parents éloignés. En effet, le taux d'endogamie avec un cousin germain est resté quasiment stable entre 1995 et 2010 (16,3% et 15,5% respectivement) alors que celui avec un parent éloigné a connu une baisse sensible passant de 13% à 5,1% d'où la progression de la part des mariages avec un cousin germain de 56% en 1995 à 75% en 2010. La baisse de l'endogamie a concerné aussi bien le milieu rural que le milieu urbain. Entre 1995 et 2010, elle est passée de 33,1% à 22,6% dans le premier et de 26% à 19% dans le deuxième. Le Haut commissaire au Plan note dans le même ordre d'idées que si dans les années 60, le tiers des mariages (31%) se terminaient par un divorce, 15% en 1995, il n'est guère plus que de un sur dix maintenant (10,5%). La proportion des femmes dont le 1er mariage a été rompu par divorce est quasiment identique en milieu rural (10,6%) qu'en milieu urbain (10,4%). Elle est la plus élevée pendant la période critique des cinq premières années de la vie conjugale (supérieure à 30%) et baisse progressivement avec la durée pour atteindre des niveaux inférieurs à 3% au delà de 20 ans de mariage. Ces évolutions, selon M. Lhlimi, n'est surement pas étrangère à la mobilité géographique de la population marocaine qui a concerné 1,167 millions de personnes (dont 51% de femmes) et qui s'exprime, d'abord, par le phénomène de l'urbanisation dont le taux est passé de 29% en 1960 à 43% en 1982 pour s'établir à 57% en 2010. L'analyse de ces mouvements montre également la prééminence de la migration inter-urbaine (584 mille) qui représente près de 55% du total de la population migrante et l'importance de l'exode rural qui a concerné 298 mille personnes. Tenant compte des 98 mille personnes qui ont fait le déplacement inverse, quittant le milieu urbain pour s'installer dans les campagnes, le solde migratoire est ainsi largement déficitaire pour le milieu rural qui a perdu au cours de l'année d'observation 200 mille personnes au profit des villes qui en ont gagné, compte tenu de la migration internationale, 127 mille. Les sorties hors des limites territoriales nationales ont porté sur 106 mille personnes, tandis que les retours de migrants de l'étranger qui étaient peu significatifs par le passé sont désormais de l'ordre 20 mille, soit un solde migratoire déficitaire de 86 mille. Le milieu urbain fournit 85% des émigrants internationaux contre 15% pour le milieu rural et presque les mêmes proportions sont enregistrées parmi les immigrants internationaux (83% reviennent s'installer dans les villes marocaines et 17% dans les campagnes). Ainsi, en termes d'échanges annuels avec l'étranger, le déficit du milieu urbain serait de l'ordre de 73 mille personnes et celui du milieu rural, de l'ordre de 13 mille personnes. Concernant la migration interrégionale, 401 mille personnes ont changé de région de résidence. Les régions les plus attractives sont le Grand Casablanca et le Souss Massa Draa et les plus répulsives, Marrakech-Tensift- Al Haouz et Taza- Al Hoceima-Taounate. Il est à souligner enfin que l'Enquête Nationale Démographique 2009-2010 est la deuxième du genre depuis 1986, où elle portait, du reste, sur un échantillon de taille trop réduite pour mesurer la mortalité maternelle. Elle a été réalisée auprès d'un échantillon de 105 mille ménages représentatifs de l'ensemble de la population marocaine, lesquels ont été interviewés au cours de trois passages d'enquêteurs, espacés de six mois entre mai 2009 et août 2010.