Selon une enquête récente, menée par le groupe Sunergia, près de 36 % des Marocains ne bénéficient d'aucune couverture retraite. Ce chiffre, couplé à l'absence de protection pour 86 % des travailleurs du secteur informel, met en lumière un système de retraite profondément inégalitaire et insuffisamment inclusif. D'après cette étude, 59 % des Marocains disposent d'un régime de retraite fourni par leurs employeurs, tandis que 5 % souscrivent individuellement à une couverture. Cette situation révèle une nette différence entre les salariés du secteur formel, relativement sécurisés, et les travailleurs du secteur informel, en grande partie laissés-pour-compte. Parmi ceux bénéficiant d'une couverture, seuls 15 % souscrivent à des plans complémentaires, avec une majorité (85 %) s'appuyant uniquement sur les régimes de base. Ce faible recours aux dispositifs complémentaires traduit un manque d'éducation financière, mais également des contraintes économiques qui rendent l'épargne inaccessible pour une large part de la population. Face à ce constat, la réforme du système de retraite devient une nécessité. Dans ce sens, le gouvernement a engagé plusieurs chantiers pour restructurer les régimes de pension, notamment en fusionnant les différentes caisses (CMR, RCAR et CNSS). Toutefois, ces initiatives peinent à répondre aux attentes des citoyens. En parallèle, l'instauration de la couverture sociale universelle, lancée en 2021, constitue un pas important vers l'intégration des travailleurs informels. Cette réforme prévoit une généralisation progressive de la retraite et de l'Assurance Maladie Obligatoire (AMO). Néanmoins, l'impact reste limité par des défis structurels, tels que l'absence d'un cadre adapté pour le secteur informel et une faible adhésion des indépendants aux dispositifs mis en place. Le contexte économique actuel exacerbe les fragilités du système. Ainsi, l'inflation, combinée à une hausse du coût de la vie, compromet la capacité des ménages à épargner. Cette situation affecte particulièrement les travailleurs informels, déjà marginalisés par l'absence de stabilité financière et d'accès aux régimes de protection sociale. Les données de ce rapport montrent également que les femmes et les jeunes travailleurs sont les plus exposés à ces vulnérabilités. Ces catégories souffrent d'une précarité accrue, souvent en raison de leur faible intégration dans le secteur formel.