Avec l'installation de la nouvelle ambassadrice du Kenya au Maroc, Rabat et Nairobi, couronnent un parcours de rapprochement qui met fin à une longue période de froideur. Détails. Finie l'époque du vide diplomatique. La nouvelle ambassadrice kényane, Jessica Muthoni Gakinya, a officiellement présenté au Chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, les copies figurées de ses lettres de créance, en tant qu'Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la République du Kenya auprès de SM le Roi Mohammed VI.
Lors d'une audience, tenue vendredi au siège du ministère des Affaires étrangères, Bourita lui a réservé un accueil chaleureux digne d'une responsable d'un pays auquel le Royaume attache une importance particulière au continent africain, confie une source diplomatique bien informée. La nouvelle ambassadrice a été nommée, le 8 mars dernier, par le président William Ruto, avant d'être entérinée par le Parlement. Elle porte l'ambition de son pays de se rapprocher davantage du Royaume avec une stratégie d'ores et déjà définie, dont elle a explicité les grandes lignes devant les députés. Deux domaines de coopération sont prioritairement ciblés, à savoir les engrais et le commerce de certains produits de première nécessité comme le thé et le café kényans. Naironbi veut rapidement solliciter l'expertise marocaine pour abriter une usine d'engrais sur son sol. Ainsi, l'installation de la nouvelle ambassadrice kényane marque un nouveau chapitre dans les relations bilatérales entre les deux pays qui, jusqu'alors, entretenaient des relations crispées à cause de la position du Kenya sur la question du Sahara, jugée historiquement hostile. Or, le nouveau président, William Ruto, semble moins dogmatique que ses prédécesseurs. Dès son arrivée au pouvoir, il a manifesté sa sympathie pour le Royaume, dont il a reçu chaleureusement le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, pendant la cérémonie de son investiture. Il a, le jour même, annoncé la rupture de la reconnaissance du polisario, avant qu'il ne se rétracte sous la pression de la vieille garde à Nairobi. En dépit de cette séquence malencontreuse, le président kényan a continué à vouloir se rapprocher du Royaume en enchaînant les rencontres avec les hauts responsables, dont le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, en marge du sommet de Dakar sur la sécurité alimentaire. Il a fait part de sa volonté de renforcer les liens stratégiques entre les deux pays dans un tweet publié à l'issue de cette rencontre qui s'est déroulée dans un climat cordial. Quelques mois plus tard, William Ruto, a envoyé un message à SM le Roi Mohammed VI, par l'intermédiaire de son ministre adjoint des Affaires étrangères du Kenya, Korrir Sing'Oei, qui a remis la lettre à Nasser Bourita. Le Chef de l'Etat kényan y a déclaré vouloir développer le commerce et les investissements après l'établissement de l'ambassade à Rabat et travailler davantage au niveau de l'Union africaine. Ces multiples signaux favorables en provenance du Kenya montre à quel point Nairobi a changé sa perception du Royaume qu'elle voit désormais comme un acteur incontournable en Afrique. Ce changement de paradigme serait de nature à conduire le Kenya à faire évoluer sa position sur le Sahara d'autant plus que le nouveau maître de Nairobi y favorable et semble attendre le moment opportun pour couper les liens avec le front séparatiste.