Pour les Facultés de médecine, jamais l'année blanche n'a semblé aussi proche. Après la montée au créneau des futures blouses blanches, les différents établissements ont décidé de reporter les examens qui, en principe, devaient débuter lundi, contrairement à ce que déclarait Abdellatif Miraoui, en mai dernier, à la Chambre des Représentants. De Casablanca à Tanger, en passant par Fès, Rabat ou encore Béni Mellal, les doyens des Facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire ont pris cette décision pour laisser place au dialogue entre les représentants des étudiants et le Chef du gouvernement, qui a promis des solutions « claires » pour la réforme. Pour l'Exécutif, l'enjeu est d'éviter à tout prix le redoutable scénario de l'année blanche, dont les conséquences sociales et institutionnelles seront incommensurables. Premièrement, le secteur de la Santé est à court de bras et les professionnels enchaînent les grèves, dénonçant l'intensification de la charge de travail, tout en appelant à renforcer leurs effectifs. Le boycott des étudiants risque donc d'ajouter une couche sur la crise structurelle dont souffrent nos hôpitaux. Deuxièmement, l'attentisme de la tutelle ne fait qu'accentuer la frustration des étudiants, qui - tôt ou tard - deviendront des médecins pratiquants. Il s'impose donc de mener avec eux des pourparlers sérieux pour éviter d'éventuelles crises sectorielles dans l'avenir en raison d'un passif gorgé de rancune. Le problème, c'est que, de l'autre côté, les grévistes sont intransigeants sur la durée de la formation, que l'Exécutif veut réduire de 7 à 6 ans. Avec une telle mesure, la tutelle mettra, certes, fin au grand dilemme de la fuite des cerveaux... mais à quel prix ? Les médecins marocains garderont-ils leur statut à l'échelle internationale ? Pourront-ils continuer à participer aux grandes manifestions mondiales de la médecine ? Pourront-ils suivre des formations continues dans les grandes Universités internationales ? Ce sont autant de questions auxquelles le chef de l'Exécutif devrait répondre lors du prochain round du dialogue social, pour qu'on puisse évaluer objectivement la nouvelle réforme en perspective.