Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, est en visite au Maroc du 21 au 22 avril. Paris cherche une meilleure coopération sécuritaire avec le Royaume à 100 jours des Jeux Olympiques. Décryptage avec Emmanuel Dupuy, président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE). L'un des poids lourds du gouvernement de Gabriel Attal, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, est en visite au Maroc où il aura des discussions avec son homologue marocain, Abdelouafi Laftit. Une visite qui intervient dans un contexte de réchauffement politique entre le Maroc et la France qui tentent de rebâtir une relation dégradée par une crise diplomatique inédite. Le déplacement de Darmanin est si important pour Paris qui s'apprête à organiser bientôt les Jeux Olympiques dans un contexte de forte menace terroriste. Raison pour laquelle le gouvernement français semble résolu à faire tout le nécessaire pour obtenir l'appui du Maroc pour assurer la sécurité des JO. A en croire les médias français, Gérald Darmanin devrait aborder plusieurs sujets avec les autorités marocaines, à savoir la Sécurité, la mobilité et l'administration territoriale. "C'est normal qu'à cent jours d'un événement planétaire qui réunira des centaines de milliers de personnes à Paris, la France cherche l'appui de tous ses partenaires, notamment ceux qui ont une expérience considérable dans la gestion des foules et la lutte contre les menaces sécuritaires", nous explique Emmanuel Dupuy, président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE). La France cherche l'appui de tous ses partenaires (Emmanuel Dupuy) JO : Ce que cherche concrètement Paris Concrètement, la France s'apprête à accueillir des brigades de policiers pour l'aider à renforcer son dispositif sécuritaire pendant les JO, selon notre interlocuteur, qui souligne que la France aura besoin d'un certain nombre d'expertises dont elle pourrait manquer en matière de détection cynophile et d'autres. Mais le plus important, poursuit-il, l'appui des partenaires étrangers, éventuellement celui du Maroc, est d'autant plus vital dans la neutralisation des menaces terroristes surtout lorsqu'il s'agit de surveillance des individus radicalisés, notamment les binationaux, et d'identification des risques de passage à l'acte. L'islam de France : le sujet épineux De l'autre côté, la question religieuse sera également au cœur de l'agenda du ministre français qui s'entretiendra avec le ministre des Habous et des affaires religieuses, Ahmed Toufiq. La France, où le débat sur l'islam et l'intégration de la communauté musulmane n'a jamais été si prégnant dans le débat politique au point de devenir un point de clivage, est toujours en quête d'un modèle. Selon M. Dupuy, le modèle marocain en matière de gestion du culte musulman se profile comme un paradigme intéressant aux yeux de la France au moment où, explique-t-il, les modèles turc ou algérien s'avèrent agressifs. "La manière dont les cultes sont administrés au Maroc est scruté avec intérêt d'autant que l'islam marocain a montré son imperméabilité à l'intégrisme et aux idées extrémistes", ajoute Emmanuel Dupuy à cet égard. Réchauffement politique, vraiment ? La visite de Gérald Darmanin au Maroc fait suite au bal des ministres français, initié par le Chef du Quai d'Orsay, Stéphane Séjourné, et poursuivi avec l'arrivée du ministre chargé du Commerce extérieur, Franck Riester, qui a annoncé des investissements français au Sahara. "C'est une méthode habile pour occuper le terrain alors que l'incertitude plane toujours sur la visite du président Macron qui n'a pas encore été confirmée et qui pourrait être différée jusqu'en 2025", explique Emmanuel Dupuy, qui rappelle que la décision de Paris de financer des projets privés au Sahara est "une avancée timide" dans le chemin de reconstruction les relations franco-marocaines. "On ne peut pas parler d'une réconciliation entre Rabat et Paris tant que la position française sur le Sahara ne change pas" Actuellement, on ne peut pas parler d'une réconciliation entre Rabat et Paris tant que la position française sur le Sahara ne change pas, ce qui est le cas, insiste le président de l'IPSE, rappelant que malgré le rapprochement auquel on assiste, les deux pays ont toujours des agendas différents. Maintenant, la priorité est accordée au renforcement de la coopération bilatérale en attente d'un véritable dénouement sur la position française sur le dossier du Sahara.