Classes en sureffectif, faible qualité d'enseignement, manque d'outils numériques et d'infrastructures... Autant de points sur lesquels s'est attardé le ministre de l'Education nationale, Chakib Benmoussa, lors d'une récente intervention à la 4ème session ordinaire du Conseil supérieur de l'Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique. Détails. Le ministre de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports a présenté un exposé détaillé sur les principales évolutions du système éducatif. Lors d'une récente intervention à l'occasion de la tenue de la quatrième session du Conseil Supérieur de l'Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique (CSEFRS), le responsable a énuméré les efforts actés par son département dans le sillage de la feuille de route 2022-2026, en vue de restaurer la confiance en l'école publique.
Esquisse d'une école publique de qualité...
Depuis des années, le débat sur l'état de l'école publique fait toujours rage. A la lumière des derniers chiffres publiés par la tutelle, pas moins de 80.376 élèves, appartenant aux trois cycles d'enseignement (primaire, collégial, secondaire) ont quitté l'enseignement public vers le privé au cours de l'année scolaire 2022-2023. Ceci dit, l'école publique s'essouffle à cause de plusieurs failles qui entravent toujours son rendement : sureffectif, qualité de l'enseignement et manque d'infrastructures... La situation est encore pire lorsqu'on se réfère à la dernière enquête PISA 2022, laquelle classe le Maroc 71ème en culture mathématique, 79ème en compréhension de l'écrit et 76ème en sciences. Avec ces résultats, le Maroc dégringole davantage vers le bas du classement qui englobe 81 pays et marque un recul de 9 places sur les deux derniers champs par rapport à l'édition de 2018.
Face à de tels faits, le ministre de l'Education nationale a révélé un ensemble de mesures pour s'attaquer, de prime abord, à la surpopulation des classes. Le responsable a préconisé à cet égard ce qu'il a qualifié d'une « rationalisation des ressources humaines ». « 20.000 nouveaux enseignants seront recrutés annuellement », a-t-il annoncé dans ce sens. Pour les mêmes raisons, il sera procédé, aux dires du ministre, à la construction de 200 nouveaux établissements chaque année, ainsi qu'à l'adoption de solutions innovantes, telles que des solutions numériques ou la méthode des classes inversées. Il est à rappeler que le pourcentage des classes surchargées (soit avec plus de 40 élèves) était compris entre 6 et 12%, selon le cycle d'études. Le ministre avait expliqué précédemment que la surpopulation continue dans les établissements d'enseignement est liée essentiellement à un déséquilibre entre l'offre et la demande de scolarisation, et ce, en raison de l'inexactitude des données de planification à moyen terme liées aux attentes du nombre d'élèves, de la carte scolaire, des infrastructures et de la répartition des ressources humaines. Dans le même élan, le responsable a assuré que les salles de classe des écoles primaires seront équipées de bibliothèques dotées d'un nombre important de livres, afin que les élèves lisent régulièrement, de même que pour les établissements scolaires du cycle collégial et secondaire.
Où en est le Projet d'Etablissement Intégré (PEI) ?
Concernant le Projet d'Etablissement Intégré (PEI), le ministre a affirmé que le budget alloué à celui-ci sera porté à 50.000 dirhams par école pionnière et à 100.000 dirhams par établissement secondaire. Ce projet, rappelons-le, vise l'amélioration de la qualité, de l'équité d'accès et de la pertinence des programmes de l'éducation. Il s'assigne pour objectif de créer une dynamique de développement au sein des établissements scolaires pour qu'ils répondent aux normes du label « école pionnière ».
Benmoussa a également insisté sur l'amélioration des conditions d'accueil dans les écoles, afin de créer un environnement propice à l'apprentissage. « Les cellules d'écoute implantées au sein des établissements se concentreront davantage sur la lutte contre la violence et le harcèlement », a-t-il dit à ce sujet.
Sur le plan des infrastructures, l'accès à l'eau potable et à des installations sanitaires adéquates est un enjeu crucial dans la lutte contre les maladies hydriques au sein des communautés scolaires. Il s'agit ainsi d'un droit fondamental qui joue un rôle essentiel dans la préservation de la santé des élèves. Dans ce contexte, Benmoussa a indiqué que « les écoles ne disposant pas d'installations sanitaires ou celles dont les installations sont mal entretenues seront dotées d'infrastructures nécessaires ». Conscient de l'importance des équipements, particulièrement numériques, il affirme que « les écoles seraient équipées également en salles multimédia et en équipement audiovisuel ».
Formation : Des tests pour évaluer la motivation des candidats
Par la même occasion, le ministre a promis une indemnisation aux enseignants exerçant dans les zones reculées. Evoquant les outils pédagogiques et numériques dont bénéficieront les enseignants, Benmoussa a expliqué que ces derniers seront dotés d'ordinateurs portables et que les salles de classe seront équipées de projecteurs dans les écoles pionnières et dans un bon nombre de lycées.
S'agissant de la formation des enseignants, Benmoussa a expliqué qu'elle s'étalera sur trois années de formation de base, notamment pour les licences en éducation, suivies d'une année de qualification professionnelle dans l'un des Centres régionaux des métiers de l'éducation et de la formation, et d'une autre année de stage encadré au sein d'un établissement, avant titularisation.
Le ministre de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports a affirmé que l'effectif des étudiants dans les Ecoles Normales Supérieures (ENS) a quadruplé sur une période de deux ans, atteignant 34.400 personnes dont environ 80% ont obtenu un baccalauréat avec mention.
Par ailleurs, il a annoncé que des tests psychotechniques seront inclus afin de mesurer la motivation professionnelle des candidats et leur implication vis-à-vis de la profession d'enseignant, et ce, lors de la procédure de sélection.