La conférence de l'ONU visant à définir une riposte mondiale au réchauffement climatique qui menace la planète s'est ouverte lundi à Copenhague. Au moins 110 chefs d'Etat et de gouvernement participeront à la conférence de l'ONU sur le climat à Copenhague, a annoncé le Premier ministre danois Lars Loekke Rasmussen. "A l'heure où je vous parle, 110 chefs d'Etat et de gouvernement ont annoncé qu'ils viendraient à Copenhague la semaine prochaine pour participer aux derniers jours de cette conférence", a déclaré M. Rasmussen lors de la cérémonie d'ouverture. "Cette présence reflète une mobilisation sans précédent de détermination politique pour lutter contre le changement climatique", a-t-il ajouté. Un portail rouge pour le réchauffement climatique, un vert pour "voter pour la Terre": les délégués arrivant lundi pour l'ouverture de la 15è conférence climat de l'ONU, à Copenhague, sont priés de choisir leur voie. Symboliquement placé sur le chemin que doivent emprunter les participants, après les contrôles d'accès au Bella Center, un tapis gris figure une route qui se sépare en deux pour mener aux deux portails gonflables du WWF. L'embranchement est baptisé "C'estvotredécision". Superstition ou conviction ? Personne n'emprunte la porte rouge - où deux jeunes gens vêtus de combinaisons grises se donnent pourtant beaucoup de mal pour attirer le visiteur avec des pancartes "Protégez vos intérêts". A l'heure du coup d'envoi des négociations, l'immense centre de conférence se peuplait de délégués, de représentants des médias et d'ONG en tee-shirts revendiquant "un accord ambitieux". Une douzaine de jeunes gens des îles Pacifique - Vanuatu, Cook, Fidji...- particulièrement menacées par le réchauffement et la montée des océans déambulaient en chemise à fleurs, porteurs d'un badge "Notre survie n'est pas négociable". Les organisateurs ont reçu à ce jour 34.000 demandes d'accréditation pour une capacité d'accueil de 15.000 personnes et ont cessé, lundi, de délivrer des passes à la presse. Seuls les membres de délégation sont encore autorisés à retirer leur précieux sésame.La conférence, qui durera jusqu'au 18 décembre, doit permettre d'aboutir à un accord mondial contre le réchauffement. Son organisation a coûté plus de 134 millions d'euros aux autorités danoises, dont 600 millions pour la police qui a mobilisé la moitié de ses effectifs nationaux (6.000 personnes). Obama sous pression Le Pt américain , pressé d'agir contre le réchauffement climatique, va tenter au sommet de Copenhague de répondre aux espoirs qu'il a fait naître, en dépit du scepticisme persistant de ses compatriotes et des doutes de la communauté internationale. Obama a subitement changé ses plans la semaine dernière et annoncé qu'il se rendrait dans la capitale danoise pour la clôture de la conférence sur le climat, le 18 décembre, espérant que son prestige aidera à la conclusion d'un accord. Mais le Sénat américain est encore en train de discuter un projet de loi visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, dont les opposants ont trouvé un regain de pugnacité depuis le "Climategate", une affaire de courriels piratés d'éminents chercheurs au Royaume-Uni.Cet épisode a amené les sceptiques à soupçonner les scientifiques de manipuler les données sur le climat.Le Pt américain a mis des chiffres sur la table avant Copenhague mais les réductions d'émissions proposées vont moins loin que celles de l'UE et du Japon et que les recommandations de l'ONU, bien que les USA soient la première économie de la planète. Les USA sont le seul grand pays industrialisé à ne pas avoir ratifié le Protocole de Kyoto, auquel la réunion de Copenhague doit trouver un successeur pour l'après-2012. Les négociateurs américains avaient contribué à sa rédaction, mais le Sénat l'avait rejeté, jugeant injuste l'absence de contrainte imposée aux pays pauvres."Après l'expérience de Kyoto, les autres pays sont un peu nerveux vis-à-vis du Congrès américain", relève Alden Meyer, un observateur chevronné des négociations sur le climat et membre de l'Union of Concerned Scientists, une ONG de défense de l'environnement." Je pense qu'Obama doit apporter un peu de confiance au reste du monde sur ce sujet", poursuit ce militant, qui trouve réconfortant "le sérieux avec lequel il envisage ce problème". Obama a une position radicalement différente de celle de son prédécesseur, Bush, qui a longtemps nié la réalité du réchauffement et s'est heurté aux Européens sur ce sujet. Si certains républicains ont rompu les rangs pour soutenir Obama, d'autres responsables politiques sont déterminés à combattre jusqu'au bout le projet de loi au Congrès. Le représentant républicain Daniel Issa a ainsi accusé l'administration Obama de faire appel à "une science erronée, créée par une communauté de brutes pour imposer une politique idéologiquement biaisée". Pour lui, "l'idée selon laquelle il existe un consensus sur le changement climatique est en elle-même un mythe"."Les mesures environnementales drastiques défendues par des écologistes dogmatiques ne changeront pas le climat, mais changeront énormément notre économie, pour le pire", prédit sur sa page Facebook l'ancienne candidate républicaine à la vice-présidence Sarah Palin, populaire dans les milieux conservateurs. Les Européens sont en train de réaliser à quel point le processus législatif américain est difficile, estime Heather Conley, spécialiste de l'Europe au centre de réflexion Center for Strategic and International Studies."C'est en quelque sorte la fin d'une lune de miel, guère réaliste, entre les USA et l'Europe", dit-elle. "L'Europe espérait que le Pt Obama pourrait claquer des doigts pour que tout s'arrange.