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Variant JN.1 : Les fêtes de fin d'année marquées par la recrudescence du COVID [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 25 - 12 - 2023

De manière inattendue, le Maroc connaît une reprise des contaminations Covid-19 à cause du nouveau sous-variant JN.1. Faut-il s'inquiéter ?
Alors que la hantise du Covid-19 s'efface graduellement de nos mémoires, le virus s'invite pour la quatrième année consécutive aux fêtes de fin d'année. Après une longue absence des radars, le ministère de la Santé et de la Protection sociale a renoué avec son bulletin hebdomadaire, faisant état d'un total de 109 nouveaux cas d'infection. Un bilan qui porte à 1.278.164 le nombre total des contaminations depuis le premier cas signalé au Maroc le 2 mars 2020, avec un taux de positivité hebdomadaire de 5,1%. Et comme au bon vieux temps, les régions ayant enregistré le plus grand nombre de contaminations sont Rabat-Salé-Kénitra (44), Fès-Meknès (24) et Grand Casablanca-Settat (17).
Derrière ce retour inattendu du Sars-CoV-2, le dernier-né de la famille, baptisé JN.1, qui circule très activement dans plusieurs pays du monde. Avec cette nouvelle mouture, le Covid-19 retrouve sa vigueur et sa transmissibilité accrue et pourrait donner aux autorités sanitaires du fil à retordre dans les semaines à venir. Le sous-variant a été découvert, initialement, aux Etats-Unis en fin août 2023. La part de JN.1 parmi les nouvelles contaminations de Covid a atteint dans certains pays, tels que la France et les Etats-Unis, les 50%, devenant dominant en quelques semaines. « Il est candidat à être dominant dans de nombreuses régions du monde dans quelques semaines », indique Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de Santé. Côté symptômes, rien de bien nouveau, ce nouveau variant semble tenir la ligne de ses prédécesseurs en donnant de la fièvre, de la toux, le nez qui coule et une fatigue parfois sévère.

Tripledemic en vue
Selon l'expert, l'arrivée de JN.1, « hypercontagieux » en début de la saison froide, risque de s'ajouter aux autres maladies hivernales habituelles qui ne sont pas sans risque sur la santé. Il s'agit en l'occurrence de la grippe saisonnière et les infections à VRS (virus syncitial respiratoire, responsable des bronchiolites chez les nourrissons et les personnes âgées). « Les trois épidémies en même temps risquent de faire une pression sur les hôpitaux dans les pays à population âgée, moins aiguë chez nous », nous explique Hamdi, précisant que les personnes à risque restent semblables à celles annoncées en début de pandémie : les personnes âgées de plus de 65 ans, ou qui souffrent de maladies chroniques et bien évidemment les femmes enceintes. Car, au final, une infection au Covid-19, à l'instar de la grippe, peut précipiter la mort des personnes âgées ou atteintes de plusieurs comorbidités, ainsi que des personnes immunodéprimées. « Les jeunes en bonne santé ont intérêt à se protéger pour protéger les personnes vulnérables dans leur entourage, éviter un épisode de maladie évitable, et éviter le risque du Covid long qui peut toucher même les personnes qui ont fait un Covid très léger », insiste le docteur.

Pas de panique, c'est gérable
Par ailleurs, rien n'indique jusqu'à présent que JN.1 soit plus virulent que ses prédécesseurs de la souche Omicron. Et la vaccination protège toujours contre les formes graves et les décès malgré l'échappement immunitaire du JN.1. Dans un thread publié sur X, Antoine Flahaut, directeur de l'Institut de santé globale à Genève, rappelle d'ailleurs que le SarsCoV-2 ne provoque presque plus de complications gravissimes telles que nous les avons connues au commencement de l'épidémie. « La vaccination ainsi que les infections répétées de la population offrent désormais une protection immunitaire certaine, à l'exception des personnes fragiles qui restent à risque de faire des complications potentiellement mortelles », précise-t-on de même source. « Notre immunité acquise grâce à la vaccination ou l'infection antérieure reste un rempart contre les formes graves par le biais des anticorps qui sont toujours là, et grâce à l'immunité cellulaire », soutient Tayeb Hamdi, notant cependant qu'elle ne protège plus assez contre l'infection. Les personnes vaccinées ou déjà passées par le Covid-19 risquent d'attraper facilement le nouveau variant, mais sans toutefois faire une forme grave, prévient le médecin.
Il est à noter que l'automne et l'hiver sont des saisons où les infections s'intensifient, et où le froid provoque des maladies dont les symptômes sont similaires à ceux du Covid. Les médecins s'accordent à dire qu'il faut absolument ajouter le vaccin contre la grippe, outre celui du Corona, pour bien s'immuniser contre les deux virus.
Trois questions à Tayeb Hamdi « La vie continuera à couler normalement et avec fluidité »
* Le variant JN.1 provoque-t-il une maladie plus grave ?
Le JN.1 est un sous-variant du BA.2.86 (Pirola), donc toujours de la famille Omicron, mais classé par l'OMS comme variant d'intérêt, un peu plus que le stade de variant sous surveillance et moins que le statut de variant inquiétant. Il a été également classé variant à part entière, au lieu de sous-variant de BA.2.86 vu les caractéristiques qu'il a acquises. Ses symptômes sont semblables à ceux des autres variants Omicron : fièvre, toux, mal de gorge, fatigue, douleurs musculaires et articulaires, diarrhées, vomissement avec, peut-être, un retour des symptômes de perte de goût ou d'odorat. Rien n'indique jusqu'à présent que JN.1 soit plus virulent que ses prédécesseurs de la souche Omicron. Les pays connaîtront très probablement une circulation plus intense du virus, et plus de cas liés à la circulation plus accrue mais pas à un sur-risque lié au variant en soi.

* Comment se protéger contre ce variant à forte propagation dans plusieurs pays ?
Beaucoup de moyens. La vaccination pour les personnes vulnérables et les mesures barrières. Les médicaments antiviraux protègent les plus vulnérables à condition de se faire tester à temps. Porter un masque dans les endroits surpeuplés, fermés ou mal ventilés. Pour les jeunes, les mesures barrières et, dès l'apparition des symptômes : rester chez soi, tousser et éternuer dans son coude ou dans un mouchoir jetable, se laver régulièrement les mains avec du savon, garder les pièces aérées.

* Représente-t-il des risques pour la vie normale au sein du pays ?
Non. La vie continuera à couler normalement et avec fluidité. Aux personnes vulnérables de se protéger contre le danger en se vaccinant correctement contre la grippe (il est encore temps) et le Covid-19, et d'observer les mesures barrières.
Bilan : L'épidémie en chiffres
Dans son bulletin sur la situation épidémiologique couvrant la période du 16 au 22 décembre, le ministère de tutelle a précisé que le nombre de primo-vaccinés a atteint 24.924.417, celui des personnes ayant reçu deux doses s'élève à 23.426.346, alors que 6.887.510 personnes ont eu trois injections du vaccin et 61.279 ont reçu la quatrième dose. Le nouveau bilan hebdomadaire d'infections porte à 1.278.164 le nombre total des contaminations depuis le premier cas signalé au Maroc le 2 mars 2020, avec un taux de positivité hebdomadaire de 5,1%.
Le nombre total des décès est toujours de 16.298 (létalité générale : 1,3%), alors que les cas actifs sont au nombre de 122.
Les nouveaux cas d'infection ont été recensés dans les régions de Rabat-Salé-Kénitra (44), Fès-Meknès (24), Grand Casablanca-Settat (17), Souss-Massa (9), Marrakech-Safi (4), Daraâ-Tafilalet (4), Tanger-Tétouan-Al Hoceima (3), Béni Mellal-Khénifra (3) et l'Oriental (1).
Fiche technique : Qu'est-ce que le variant JN.1 ?
C'est un descendant du variant BA.2.86 dont il se distingue avec une trentaine de mutations, dont l'une sur la protéine Spike qui est la cible des vaccins. Ces mutations semblent lui conférer un avantage de transmissibilité tel qu'il pourrait devenir dominant très rapidement. Sans doute, d'ailleurs, qu'il l'est déjà aujourd'hui. Du côté symptômes, rien de bien nouveau, ce nouveau variant semble tenir la ligne de ses prédécesseurs en donnant de la fièvre, de la toux, le nez qui coule et une fatigue parfois sévère. Ce qui caractérise un variant, c'est le temps qu'il lui faudra pour devenir majoritaire, c'est-àdire pour représenter plus de la moitié des nouvelles infections. S'il n'avait fallu qu'à peine plus d'un mois pour que le variant BA.1 devienne majoritaire, le variant JN.1 semble connaître une dynamique proche de celle des variants BA.2 et BA.5 qui nous avaient causé bien des tracas en devenant majoritaires en deux mois et demi. Aux Etats-Unis, le sous-variant est désormais la souche du virus qui connaît la croissance la plus rapide. Il constituerait désormais environ 20% des nouvelles infections à Covid, selon les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des EtatsUnis.


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