Le 6 novembre 1975 à l'aube, un cortège de 350 000 Marocains s'élance dans le sud du Royaume pour libérer pacifiquement le Sahara marocain du colonialisme espagnol, à la suite de l'arrêt rendu par Cour Internationale de justice de La Haye qui, faisant droit à la requête marocaine, s'était prononcée sur les arguments juridiques confirmant l'existence de liens unissant les tribus sahraouies au Royaume marocain avant la conquête espagnole en 1884. Le 23 octobre, le premier convoi de marcheurs avait déjà pris position à Tarfaya. Le 6 novembre au petit matin, la Marche verte, une opération Fath est lancée: les 350 000 volontaires de cette armée pacifique se précipitèrent dans le désert pour une démonstration qui durera jusqu'au milieu du mois. Des milliers d'exemplaires du saint Coran et des portraits de SM le Roi Hassan II sont brandis par la marée humaine qui croise en chemin les premières garnisons espagnoles évacuant les lieux. Ne devrait-on pas rappeler, au risque même de se répéter, les enseignements de cette glorieuse épopée initiée par feu SM Hassan II tant leur consistance est riche? Tout d'abord, la fidélité du Royaume à ses engagements et son respect de la légitimité et du droit international. Le Royaume avait fait montre d'une sagesse exceptionnelle en choisissant la voie du droit. Ensuite, et ce faisant, cette voie a instauré une culture de solution pacifique, de concertation et de dialogue basée sur le droit international. En libérant nos provinces du sud, sans effusion de sang, notre pays s'est illustré en tant que porte flambeau de la paix, de la consécration des idéaux de fraternité et de coexistence pacifique entre les civilisations. Enfin, il a fait prévaloir la concertation pour bannir les causes de l'intolérance et les sources des fanatismes générateurs de conflits. Trente quatre ans après la Marche verte, c'est tout un chemin de parcouru sur la voie du développement. Ainsi, de 1976 à 2009, le royaume investira des dizaines de milliards de dollars pour rehausser le niveau de développement de ces provinces du Sud au grand bonheur de leurs habitants. En effet, le chantier prioritaire consistait à développer une vision comportant un programme clair et cohérent visant à mettre à niveau l'environnement économique et social ; d'augmenter les capacités propres et de renforcer la compétitivité globale de l'économie de nos provinces du sud pour permettre à nos concitoyens de vivre décemment après avoir recouvert leur liberté. L'œuvre entamée par le Roi défunt allait se poursuivre par SM le Roi Mohammed VI qui, depuis son intronisation, n'a cessé d'innover pour édifier de nouvelles institutions dans le cadre de l'Etat de droit. Tous les aspects politique, diplomatique, économique, social et culturel, ont été minutieusement abordés. La dynamique du changement a été réussie grâce à ce que l'on peut appeler le processus de réinvention de la société marocaine , initié par le Souverain. Dans ce processus, un chaînon vient d'être mis en place et s'inscrit dans la continuité de la vision stratégique de notre auguste Souverain. Il s‘agit d'abandonner l'approche proprement sécuritaire au profit d'une stratégie visant l'intégration de la dimension humaine à l'effort de développement. Cette vision concerne certes l'ensemble de la population du Maroc, mais elle revêt une importance particulière pour nos concitoyens des provinces du Sud. En effet, l'Initiative Nationale de Développement Humain (INDH) lancée par le Souverain est intervenue à point nommé pour redonner confiance à l'action de l'Etat outre le fait d'intégrer l'action de la société civile, des partis politiques, du secteur privé et de toutes les composantes de la société. Sa Majesté le Roi Mohammed VI a balisé le terrain par la mise au point de la feuille de route et de l'agenda du Maroc de demain. Les réformes d'envergure doivent concerner dorénavant l'implication pensée et refléchie de l'Etat, les programmes sectoriels mis sur pied dans les différents départements ministériels, l'élaboration de plans d'actions ministériels, la recherche de l'efficience dans la réalisation des investissements. L'urgence ne permet plus de perte de temps. Il s'agit de passer à une vitesse supérieure en matière de réforme, et d'aller jusqu'au bout de la démarche de mise à niveau de l'économie et de renforcement de la politique sociale de proximité. C'est pourquoi il est plus aisé de fixer des ambitions et de leur donner une cohérence pour qu'elles soient crédibles et réalisables. Cette cohérence exige la pertinence tout au long du cycle de réalisation des projets. L'idée de projet (l'ambition), l'étude de faisabilité, la sélection (qui va comparer le projet aux autres priorités, notamment dans le domaine de l'éducation, de l'habitat, de la santé et de la lutte contre la pauvreté), le choix des maîtres d'ouvrage et des modalités de mise en oeuvre, la réalisation et l'exploitation du produit final, sont autant de phases déterminantes. L'initiative Royale, tournée vers l'action, dont chaque mot sonne comme un cri du cœur, se veut ainsi un agenda et une contribution. Agenda quant à notre capacité à se faire valoir de l'esprit de la glorieuse Marche Verte et contribuer à l'émergence du génie marocain. Contribution, sans complaisance mais avec un souci permanent de vérité et de rigueur scientifique. Contribution à la définition d'un agenda pour faire du Maroc un pays émergent, respecté et debout.