Le Maroc ne fait désormais pas partie des 10 juridictions les plus attractives en matière de politiques minières au monde, révèle l'enquête annuelle sur les sociétés minières de l'Institut Fraser, qui a décortiqué 62 juridictions aux quatre coins de la planète. « Ce rapport présente les résultats de l'enquête annuelle 2022 du Fraser Institute sur les sociétés minières et d'exploration. L'enquête est une tentative d'évaluer comment les dotations en minéraux et les facteurs de politique publique tels que la fiscalité et l'incertitude réglementaire affectent les investissements d'exploration. L'enquête a été diffusée par voie électronique à environ 1966 personnes entre le 23 août et le 30 décembre 2022. Les réponses à l'enquête ont été comptées pour classer les provinces, les Etats et les pays selon la mesure dans laquelle les facteurs de politique publique encouragent ou découragent les investissements miniers », expliquent les auteurs de ce document. Selon ces derniers, les considérations géologiques et économiques sont des facteurs essentiels dans l'exploration minière, le climat politique d'une région est également une considération d'investissement importante. « Les facteurs politiques examinés comprennent l'incertitude concernant l'administration de la réglementation actuelle, la réglementation environnementale, la duplication de la réglementation, le système juridique et le régime fiscal, l'incertitude concernant les aires protégées et les revendications territoriales contestées, les infrastructures, les conditions de développement socioéconomique et communautaire, les barrières commerciales, la stabilité politique, la réglementation du travail, la qualité de la base de données géologiques, la sécurité et la disponibilité de la main-d'œuvre et des compétences », ajoutent-ils. Selon ces derniers, l'Indice global d'attractivité des investissements est calculé en associant l'indice Best Practices Mineral Potential, qui évalue les régions en fonction de leur attrait géologique, et l'indice de perception des politiques. Un indice composite qui mesure l'attractivité globale des politiques des juridictions examinées, et qui prend en compte une série de considérations affectant les décisions d'investissement comme l'administration de la réglementation, le système juridique, le régime fiscal, la politique environnementale, les infrastructures, les conditions de développement socio-économique, la stabilité politique, la réglementation du travail, la sécurité ou encore la disponibilité de la main-d'œuvre et des compétences.
Nevada, le plus attractif au monde
Ainsi, la première juridiction au monde pour les investissements basés sur cet indice est l'Etat américain, le Nevada, après avoir occupé la 3ème position en 2021. L'Australie-Occidentale, qui était en tête du classement l'année dernière, s'est classée 2ème cette année. La Saskatchewan, une province canadienne, continue d'être sur le podium, passant légèrement d'un rang de 2ème en 2021 au 3ème cette année. « Les Etats-Unis, le Canada et l'Australie comptent chacun trois juridictions dans le top 10 de cette année, suivis de l'Afrique », précise-t-on. Au bas du tableau, se trouve le Zimbabwe qui se classe comme la juridiction la moins attrayante au monde pour les investissements, suivi du Mozambique, du Sud de Soudan et de l'Angola. En outre, dans les 10 derniers (en commençant par les moins attractifs pour les investissements) se trouvent la Zambie, l'Afrique du Sud, la Chine, le Congo, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Tanzanie. « L'Afrique est la région avec le plus de juridictions (8) dans les 10 derniers. L'Asie et l'Océanie ont chacune une juridiction dans les 10 derniers », est-il souligné.
Quid du Maroc ?
Concernant le Maroc, les investisseurs, sondés par l'institut Fraser, ont exprimé des préoccupations accrues quant à l'incertitude de l'administration et de l'application des réglementations existantes (+40 points), les réglementations du travail et les accords d'emploi (+40 points), souligne Fraser Institue pour expliquer le recul du Maroc. Les investisseurs ont aussi exprimé des inquiétudes concernant les revendications foncières contestées (+29), les accords socio-économiques et les conditions de développement communautaire (+29 points), ainsi que les barrières commerciales (+29 points). De ce fait, le Maroc décroche la 17ème position avec un score de 74.13 sur 62 juridictions. Il était 2ème en 2021 sur 84 juridictions avec un score de 82.56. Ce recul concerne aussi son classement en Afrique. Le Royaume devient la 2ème juridiction la plus attractive, devancé par le Botswana. Les 3ème et 4ème places sont respectivement occupées par la Cote d'Ivoire et le Burkina Faso. « L'industrie minière est un contributeur important à l'économie du Canada et aux économies du monde entier. Elle fournit non seulement des matériaux essentiels pour tous les secteurs de l'économie, mais aussi des emplois et des revenus pour le gouvernement. L'exploitation minière contribue à la croissance économique mondiale et les sociétés minières canadiennes opèrent dans des juridictions du monde entier. Bien que le potentiel minier soit évidemment une considération très importante pour encourager ou dissuader les investissements miniers, l'impact des politiques gouvernementales peut également être important pour encourager ou décourager les investissements dans cet important domaine d'activité économique. De plus, de nombreuses régions du monde ont une géologie attrayante et des politiques concurrentielles, ce qui permet de détourner les investissements d'exploration des juridictions aux politiques peu attrayantes », peut-on lire encore dans ledit rapport.