On change d'entraîneur comme on change de chemise. C'est devenu monnaie-courante, voire une tradition chez nos clubs du championnat national de football. Et c'est toujours le cadre national qui paye la taxe. Faute de bons résultats, de malentendus avec les dirigeants ou avec le public, on entend ici et là qu'un entraîneur a été limogé, a jeté l'éponge, abandonné le banc de touche ou a démissionné du club. «Qui sautera le premier ?» C'était la question que s'est posée, en début de saison, notre ami Nourreddine Regragui dans un article sur le sort des entraîneurs de notre championnat. Effectivement, la réponse n'avait pas tardé à venir. Après deux journées de cette saison, c'était Abderrahim Talib, coach du MAT et Noureddine Harraf, entraîneur du WAF, qui ont payé les pots cassés d'une gestion sportive bien de chez nous, qu'on ne peut trouver nulle part ailleurs. C'est inadmissible ! Une prise de conscience de la part de nos dirigeants s'impose. Le ministère de tutelle et la FRMF doivent réagir dans l'immédiat pour protéger le cadre national. Il est temps d'instaurer un Statut pour le cadre national et aussi pour le dirigeant… Pour ne pas tomber, à l'avenir, dans le cas de Fakhir. Qui, après son départ - retour - démission, a quitté le MAS de son plein gré parce qu'il n'avait pas trouvé l'atmosphère idéale pour travailler lui et son staff. Ce qui n'a pas plu à ses employeurs. Le staff de Fakhir qu'il a soigneusement choisi, a suivi le pas sauf, bien sûr, son adjoint Fouad Sahabi qui avait pris les rênes du club, ce qui est aussi inadmissible. C'est contre l'éthique. Quand un entraîneur signe un contrat, il le fait au nom de toute l'équipe. Et quand il démissionne c'est toute l'équipe qui part ! Bien entendu, Sahabi, lui aussi, a été remercié après par les dirigeants du MAS… d'une autre manière. Retournons au limogeage de Abderrahim Talib qui avait réalisé un énorme travail au sein du club tétouanais… A signaler qu'à son retour chez lui en voiture, Talib a reçu un «ordre» le limogeant de ses fonctions d'entraîneur du MAT avec lequel il est lié légalement par contrat jusqu'en 2010… Ce limogeage a suscité la colère de l'Amicale des entraîneurs marocains qui estime, dans son communiqué parvenu à la rédaction, que c'est un coup dur pour nos cadres nationaux. L'Amicale a vivement condamné la manière avec laquelle est intervenu ce licencement arbitraire contraire au principe contractuel le plus élémentaire… L'Amicale a protesté énergiquement contre ce comportement qu'il qualifie de primitif… Enfin, nos dirigeants et même le public demandent et veulent toujours de bons résultats dans l'immédiat et dans n'importe quelle circonstance ! Ils ne savent pas que pour former une équipe solide, homogène et gagnante, 3 à 4 semaines même 3 mois ne suffiront pas. Il faut laisser le temps aux entraîneurs pour travailler convenablement et dans un climat serein pour nous donner le bon produit. Pour cela, il faut au moins deux bonnes années (avec des hauts et des bas) et dans la meilleure continuité…