On le savait depuis longtemps : notre football est depuis quelques années malade, très malade même. Cela fait 11 ans que notre football n'a plus rien réussi de bon. 1998 et la Coupe du Monde en France avait laissé espérer une réelle révolution de cette discipline, le onze national y avait brillé pendant le 1er tour. On pensait alors que c'était parti pour se mettre à la hauteur des meilleurs, du moins sur le plan continental. Quatre ans après, on était absent du Japon et de Corée du Sud. Qu'à cela ne tienne, on a mis ça sur le compte d'un incident de parcours. Ça arrive même aux meilleurs. Deux ans après, en Tunisie, la sélection nationale arrivait en finale de la Coupe d'Afrique des Nations face au pays organisateur. Là, elle perdait le match qu'elle ne devait jamais perdre. Quelques mois après, et face à ce même adversaire, elle allait perdre sa place en phase finale de la Coupe du Monde 2006 en Allemagne et depuis ce n'est que déception après déception, avec des choix d'entraîneurs et d'un directeur technique qui ont enfoncé au plus profond notre football. Ils sont partis avec ceux qui les avaient recrutés, sans remords, et surtout sans rendre de comptes. Peinards. Les fossoyeurs du football marocain, s'occupent actuellement de clubs où ils se la coulent douce avec des salaires mirobolants pour produire des joueurs moyens ou se contenter d'acheter les meilleurs sur le mercato national tout en se prenant pour les meilleurs coachs du pays, alors qu'ils n'ont que de très superficielles connaissances acquises lors d'éphémères stages dont ils transforment le certificat de présence en diplôme. Et l'amicale des entraîneurs (qui porte bien son nom) et la fédération ferment les yeux, complaisants, complices même, car tout est intérêt et argent. Rares sont ceux qui possèdent la fibre nationale. Notre football est devenu un gros business, où les agents de joueurs imposent leur loi au sélectionneur monnayant leur service, où certains journalistes terrorisent nos dirigeants les plus honnêtes et nos entraîneurs les plus compétents et encouragent les plus minables. Certains dirigeants gèrent le club comme un bien personnel, ils sont à sa tête depuis des lustres sans autre ambition que de vivre en «achetant» les adhérents (une autre aberration !) de ce club et en faire une source de revenus pour eux et pour leurs sbires sans jamais produire autre chose que de la médiocrité, cachant leur incompétence derrière le manque de moyens. Ce qui est bien sûr archi-faux, car les moyens existent, mais ils sont gérés autrement. Le mal de notre football ne réside pas dans les joueurs, mais beaucoup plus dans ceux qui le dirigent. C'est cette mauvaise gouvernance et cette mauvaise gestion et le laxisme qui les accompagne, permis et encouragés depuis des années, qui ont créé la crise que nous vivons actuellement. C'est le manque de structures et de ressources humaines compétentes et honnêtes qui font défaut à notre football et à notre sport en général. C'est le manque de franchise ajoutée à une bonne dose d'hypocrisie ainsi qu'à la magouille et à de certaines personnes sans scrupules, que nous devons la médiocrité de notre football et du sport national. La situation actuelle, avec ses stades de mauvaise qualité, ses joueurs locaux plus on moins bons, ses «pros» qui évoluent dans les plus faibles championnats du monde (France, Bulgarie, pays du Golfe, etc.), tout cela est la conséquence, non pas de politique, mais de personnes dont le seul but est de profiter au maximum, encouragés en cela par une certaine presse, véritable complice de la crise que vit notre football. Ayons le courage de le dire. Et si aujourd'hui nous sommes absents de la Coupe du Monde qui se tient sur notre continent, voire de la Coupe d'Afrique qui aura lieu en Angola, c'est en partie à cause de tout ce que nous venons de citer. Ce n'est en tout cas pas la faute de Moumen, Naciri, Sellami ou Amouta (des cadres compétents) ; eux doivent continuer leur mission à la tête de l'équipe nationale, même au-delà des éliminatoires. Ils sont les plus aptes à construire une équipe nationale performante. D'autant plus que trop de changements ont nui énormément à la stabilité du groupe. Ce n'est pas tant cette élimination qui nous déçoit, c'est la façon dont est géré notre football et ce qui nous attriste tant, c'est que rien n'est fait pour mettre fin à cet état de fait. En tout cas, nous ne cesserons de dénoncer tous ceux et tout ce qui nuira à la bonne marche de notre pays.