Après deux ans d'inactivité suite à la crise sanitaire, la Kasbah des Oudayas, chef d'œuvre monumental et majestueux de la ville de Rabat accueille cet été des visiteurs de tout bord. Nous sommes allés à la rencontre des barcassiers du Oued Bouregreg pour avoir leur son de cloche. Au pied de la kasbah des Oudaïas se trouve une vallée emblématique des deux sœurs jumelles Rabat et Salé. Elle s'étend sur quelque 6000 hectares, allant de l'embouchure au barrage de Sidi Mohammed Ben Abdellah et fait l'objet, depuis 2006, l'objet d'un chantier d'aménagement d'envergure. Deux lignes de tramway sur une longueur de 20 km, un nouveau pont de 14 m de hauteur et de 46 m de largeur, un tunnel de 1,5 km sous les murailles séculaires des Oudaya, un théâtre doté d'une superficie de plus de 25.000 m2...des initiatives de taille visant à valoriser et dynamiser un paysage riche et éblouissant déjà présent. Durant les deux dernières années, les commerces situés aux alentours de la Kasbah des Oudayas ont vécu une crise économique sans précédent, toutefois, cette saison estivale a été porteuse de bonnes affaires, mais surtout d'espoir pour les professionnels de cette zone, qui arrivent à peine à tirer leur épingle du jeu. Au fleuve de Bouregreg, partie intégrante de la Kasbah, les barcassiers qui assurent la traversée entre Rabat et Salé, bénéficient également de la reprise. Ce n'est pas l'Eldorado, mais ils parviennent tout de même à gagner leur journée de quoi subvenir aux besoins de leurs familles. «Nous avons un site naturel magnifique, attractif, il suffit qu'une personne goûte à la saveur des balades que nous proposons, pour qu'elle devienne accro», nous souffle Mohammed, trentenaire, qui pratique ce métier depuis des années. La reprise des festivals a également donné un coup de pouce à l'activité de ces transporteurs. La première édition du « RAB'AFRICA Summer Festival » qui a lieu du 5 au 14 août à l'esplanade de Bouregreg, ainsi que Festival International des Arts et de la Culture, qui s'est déroulé une semaine avant à la corniche du Oued, sont synonyme d'espoir pour ces professionnels. «Les festivals nous ont beaucoup aidé durant cette saison estivale», souligne notre interlocuteur, qui note qu'il suffit «d'un petit effort infrastructurel pour que cette activité ancrée dans l'histoire et la culture de la vallée, passe au niveau supérieur». La mise en place de projecteurs pour éclairer la vallée durant la nuit serait un bon début selon les barcassiers, qui affirment que les potentiels clients ont peur de descendre quand il fait noir. Le problème des chiens errants est également un rempart qui bloque le développement de l'activité. «De l'autre côté de la rive une meute de chiens, des fois agressifs envahissent la zone, les gens préfèrent ainsi traverser à pieds, plutôt que d'utiliser les felouques», déplore Taoufik représentants des barcassiers de Bouregreg. «Il faut que les responsables trouvent une solution à ces petites lacunes, dont l'impact sur notre activité est énorme», ajoute-t-il. L'Agence pour l'aménagement de la vallée de Bouregreg et l'initiative nationale pour le développement humain (INDH), sont les deux principaux organes qui veillent sur les conditions de la traversée entre les deux rives ainsi que la préservation de cette activité. Ces derniers font quelques efforts, nous affirment nos interlocuteurs, mais ceux-ci restent en deçà des attentes. «Maintenant que le réaménagement de la vallée va bon train, il faut réfléchir à des solutions durables», soulignent ces professionnels, qui font allusion à des conventions avec des institutions. «Il est possible de sceller des contrats avec les hôtels qui peuvent ramener les clients pour profiter du Oued. Durant l'année scolaire, les écoles peuvent ramener leurs élèves pour des sorties», proposent-ils.