Le mois sacré du Ramadan est toujours l'occasion pour toutes les publications, indépendamment de leur périodicité, de se mettre au goût de cette période propice au recueillement et à la spiritualité. La lecture est généralement l'activité la plus prisée. Dans ce sens, nous avons choisi de faire un voyage à travers l'histoire des régions du Royaume en dressant le profil à travers le temps d'un certain nombre de villes marocaines. L'histoire du Maroc qui remonte à plus de douze siècles se révèle être l'une des plus riches et des plus fécondes que l'humanité ait connues. Nous commencerons durant ce mois sacré par le circuit des villes impériales en évoquant certaines de leurs particularités historiques, architecturales et urbanistiques. Il en sera ainsi des principales étapes qui ont marqué l'itinéraire à travers le temps des villes des seize régions du royaume. Véritable pôle de croissance, Rabat évolue vers un nouvel espace de développement économique et touristique. Dans la capitale, la dynamique tertiaire tend à prendre le dessus sur les activités traditionnelles. Dans le cadre du développement 2008-2015, la Wilaya de la Région Rabat-Salé-Zemmour-Zaër a mis en place des projets structurants constituant un véritable levier économique. Parmi ces projets, figure le projet de la réhabilitation de la vallée du Bouregreg dont l'enveloppe globale d'investissement pour les deux premières séquences porte sur un montant de 4 milliards de dollars. Ce projet de grande envergure permettra la création de 30.000 emplois permanents pour l'aménagement de la vallée du Bouregreg, la réhabilitation des médinas de Rabat et de Salé, la création d'un port atlantique avec l'agencement d'une marina fluviale s'étendant sur 8 hectares et d'une île artificielle. Un tunnel est prévu au niveau des Oudayas avec la construction d'un pont Moulay Al Hassan ainsi que d'autres ouvrages de franchissement du fleuve notamment la construction du tramway Rabat-Salé. La vallée Bouregreg comprendra également, dans le cadre de sa promotion, l'agencement de nouveaux espaces culturels, de loisirs et des zones résidentielles, commerciales et touristiques. La première séquence dénommée «Bab al bahr» de ce chantier, comptant un investissement de 6 milliards de dirhams, est largement en avance : la réalisation du tramway reliant Rabat-Salé, le pont Moulay Al Hassan, le tunnel des Oudayas et la finalisation de la marina seront livrées en 2010. Toujours dans le cadre de ce projet, une cité des Arts et Métiers sera bâtie pour assurer, par le biais des équipements liés à la formation et au renouvellement du savoir-faire artisanal, l'incubation de niches dédiées au développement des ressources humaines dans les métiers traditionnels, du tourisme, de l'hôtellerie et du service. Et pour mieux promouvoir le concept urbain de luxe vers lequel la ville de Rabat est en pleine mutation, la Wilaya de la Région Rabat-Salé-Zemmour-Zaër a mobilisé un budget de 30 milliards de dirhams auprès de la société Emmaar Saphira pour la réhabilitation de la corniche de Rabat. Un projet ambitieux qui tend vers la création de 36 000 emplois stables visant la mise à niveau des infrastructures de base, touristiques et des équipements publics. Un centre de conférence sera construit avec des espaces de bureaux et de commerce. Un complexe résidentiel comprenant des zones d'animation, des espaces de loisirs... est également prévu dans le cadre de ce projet. Et pour donner encore plus d'élan au développement touristique, l'aménagement de la plage des Nations à Bouknadel prévoit la réhabilitation de la corniche de Bouknadel à travers la réalisation d'un pôle touristique et résidentiel comprenant essentiellement des hôtels, une zone résidentielle, un parcours de golf de 18 trous, un parc aquatique, un spa, des piscines et des terrains de sports. Concédé à la société Douja Promotion Groupe Addoha, le budget alloué à ce chantier est de 6 milliards de dirhams. Capitale administrative, diplomatique et touristique, Rabat se veut également une ville de recherche répondant aux enjeux de la globalisation et ce, à travers les grandes écoles et les universités. À ce titre, la wilaya de la Région Rabat-Salé-Zemmour-Zaër a mobilisé une enveloppe budgétaire d'un montant de 1,500 MDH pour la réalisation du projet Technopolis, premier grand parc multimédia lancé sur 300 hectares à Salé. Ce projet a pour vocation l'émergence d'un potentiel massif dans divers secteurs technologiques, la création d'un espace d'épanouissement de projets innovants et la réunion de conditions favorables à la naissance de secteurs de technologie de pointe. Les premières livraisons de ce projet sont prévues pour le mois d'août 2008, permettant de la sorte la création de 2000 emplois.Interpellée par la recherche technologique, vecteur de développement économique, Rabat compte également un centre de recherche et de développement, doté de 180 ingénieurs, pour la conception et le design de puces électroniques destinées aux circuits intégrés. Un investissement de 100 millions de dirhams mobilisé par la Wilaya de la Région Rabat-Salé-Zemmour-Zaër auprès de l'entreprise «ST Microelectronics». D'autre part, la Région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër assure le développement des activités d'outsourcing et des centres de relations clientèle qui sont actuellement au nombre de 41 avec 10 000 salariés. Toujours dans un souci de plein emploi, la Wilaya de la Région Rabat-Salé-Zemmour-Zaër œuvre pour l'établissement de projets industriels phares et de projets de compétitivité dans divers domaines, particulièrement le textile qui a drainé des investissements conséquents. Sur le plan urbain, un site de 1.100 ha sera aménagé à Akrach pour abriter 200.000 habitants. Le plateau est situé au sud de la capitale surplombant les quartiers de Takaddoum et Youssoufia ainsi que la vallée de Bouregreg. Pour ce faire, les responsables de la ville ont lancé la préparation d'un plan d'aménagement de cette zone. Ce travail a été piloté par l'Agence urbaine de Rabat et adopté en décembre 2006 par le conseil de la ville. Côté zoo : 800 millions de DH seront consacrés aux nouvelles installations. Le futur Zoo comportera deux concepts, l'un de jour, l'autre de nuit (Safari). Le Zoo du jour sera composé de 98 espèces animales africaines, comprenant 730 spécimens. La collection animale actuelle sera enrichie par de nouvelles acquisitions. Le projet prévoit la création d'une forêt tropicale à forte densité de végétation et la reconstitution de la savane africaine par l'introduction de l'éléphant, le guépard, le vautour… Le Safari de nuit présentera 27 espèces animales essentiellement marocaines comprenant 170 spécimens. L'idée est d'observer des animaux ayant des activités nocturnes, non visibles dans un zoo classique.» Les travaux démarrent début juillet prochain Sur le plan culture, la ville de Rabat connaît la poursuite de la construction des complexes à caractère national que sont le Musée National d'Archéologie et le Musée National des Arts Modernes. Monuments de la capitale La Kasbah des Oudayas Impressionnante forteresse datant du 12ème siècle, englobant des jardins de style andalou, un musée des arts marocains et des habitations. Elle domine l'embouchure du fleuve Bouregreg, séparant Rabat et Salé. Au musée,on peut voir costumes anciens, poterie ainsi que divers instruments représentant différentes régions du pays. A ne pas manquer de prendre un thé à la menthe sur la très belle terrasse du café et laisser bercer son regard, tout en rêvant à la vie des corsaires d'autrefois. La mosquée Hassan Elle s'inscrit incontestablement parmi les joyaux hérités de la dynastie almohade. Aujourd'hui ne subsiste de ce vaste projet que de gigantesques colonnes et un minaret majestueux, la tour Hassan qui devait culminer à 80m. Les travaux auraient débuté en 1196 sous l'égide du souverain almohade Yakoub al-Mansour. Sa mort en 1199 laissa l'ouvrage inachevé. Il avait projeté la plus vaste mosquée du monde soutenue par 312 colonnes et 42 piliers de marbre. Malgré l'abandon des travaux et le tremblement de terre de 1755, les soubassements impressionnants de la mosquée et le minaret de 44m de haut sont considérés comme des chefs d'œuvres de l'art marocain. Le mausolée Mohamed V Ce monument se dresse dans le cadre grandiose de la mosquée Hassan et immortalise la mémoire de feu S.M Mohammed V, décédé en 1961. Résultat admirable d'équilibre et de raffinement, d'un travail laborieux entrepris par plus de 400 artisans des plus habiles du royaume. Le mausolée de Mohammed V, le plus récent et le plus majestueux des monuments alaouites de Rabat, témoigne de l'amiration dont fait l'objet le père de l'indépendance. Roi consacré et très respecté par son peuple, il ne fut réellement inhumé dans ce mausolée qu'en 1971. Placé sur un socle haut de 3,5 mètres, bâti en marbre blanc, le monument est coiffé d'un toit pyramidal recouvert de tuiles vertes. Les quatre faces du cube de marbre sont percées de trois portes coiffées d'arcs polylobés, celle du centre étant plus grande que les deux autres. D'un balcon on peut admirer le sarcophage taillé dans un bloc d'onyx blanc posé sur une surface de granit poli. Dans un angle du mausolée on peut remarquer les tombes en marbre du Feu S.M Hassan II et du prince Moulay Abdallah, décédés en 1999 et en 1983. Toute l'ornementation respecte parfaitement la tradition des nécropoles royales : coupole à stalactites peintes, frises calligraphiques, bandeaux de plâtre ciselé et doré, zelliges polychromes. Le palais royal Ce Palais aux dimensions impressionnantes a été édifié en 1864. Il est aujourd'hui la résidence officielle du Souverain et le siège du Cabinet Royal. Il abrite également les bureaux du Premier ministre, la Garde Royale et le Collège Royal. Toujours dans l'enceinte du Palais, se trouve la mosquée Ahl Fass. Si le Palais ne se visite pas, on peut en admirer les alentours immédiats en se baladant sur la vaste place d'armes (le méchouar) qui le jouxte. Le musée archéologique Incontournable, le musée archéologique possède une très belle collection de bronzes grecs et romains découverts sur les sites archéologiques de Volubilis, Banasa et Lixus. Les plus célèbres pièces sont : «l'Ephèbe verseur et l'Ephèbe couronné», «le Chien aboyant» et les bustes de «Juba II». La médina Elle fut construite par les Morisques au XVIIème siècle selon un tracé d'une régularité peu commune dans les médinas marocaines. Les maisons et les quartiers s'étalent sur une soixantaine d'hectares selon un plan assez rectiligne. Les ruelles et les impasses viennent se greffer sur le réseau principal sans donner au plan de la voirie une figure de labyrinthe comme c'est le cas dans la plupart des médinas. Les petites maisons simples, construites généralement en pierres, enduites et blanchies à la chaux, blotties dans les quartiers de la médina, sont typiques de l'habitat morisque des XVIIè et XVIIIème siècles. La mosquée al-Sounna Construite au XVIIIème siècle par le souverain Sidi Mohammed Ben Abdellah, elle occupe un lieu stratégique dans la ville moderne, à l'extrémité nord de l'enceinte des Touarga. Son beau minaret, visible de loin, domine fièrement Rabat. Les fleurs et les jardins Rabat fera le bonheur des amoureux des fleurs et des jardins. Les larges avenues plantées de palmiers qui traversent la ville moderne, les petits jardins qui entourent les villas des quartiers résidentiels, le jardin de style andalou de la casbah des Oudaïas, la flore luxuriante de la nécropole de Chellah, enfin les magnifiques jardins exotiques de Sidi Bouknadel (à 12 km au nord de Rabat) contribuent à faire de Rabat la ville des fleurs. Le moussem des cierges de sidi Abdallah Benhassoun La célébration du mawlid est une occasion pour la communauté de manifester l'amour qu'elle porte au Prophète Sidna Mohamed de se rappeler ses actions et ses paroles (Hadiths).C'est dans ce contexte que les chorfa hassounyines célèbrent, à Salé, chaque année, depuis quatre siècles, le moussem des cierges de sidi Abdallah Benhassoun. En effet,La ville de Salé a le sens de l'événement, ses traditions, vivaces, déploient leur allégresse et leurs couleurs. Empreinte de foi et de ferveur, Salé, ville sainte est une cité où le sacré se manifeste à travers le grand nombre de mosquées et de zaouïas que compte la ville. Inaugurée par le saint quotb Moulay Abdallah Benhassoun qui fût désigné par le sultan Ahmed AL Mansour pour veiller à son bon déroulement, la procession des cierges est devenue l'apanage de sa descendance. Benhassoun a proposé de redynamiser la fête du Mawlid par la procession des cierges et a incité la population à s'associer à l'événement béni. Le moussem des cierges est l'un des moussems les plus suivis par le peuple marocain qui est fidèle à ses traditions authentiques, qui sont toujours vivantes malgré les mutations de notre temps. Le moussem a une fonction unificatrice et identificatrice qui permet aux groupes parentales de se réunir et d'exalter leurs valeurs. Il n'a pas uniquement une fonction religieuse, il remplit un rôle social et culturel fort important étant à la fois l'expression de la société ainsi qu'un rempart pour elle. C'est l'occasion pour les habitants de renouer avec leur histoire, leur culture ancestrale, d'approfondir leur identité et de savourer les charmes de cette procession qui fait la gloire de cette région. Le pèlerinage à Salé, c'est un temps de ressourcement dans la foi, de prière personnelle et collective et de vie fraternelle. la procession des cierges y anime encore les rues de la cité pour le plus grand plaisir des Slaouis qui affectionnent tout particulièrement cette fête, qui reflète la couleur de la vie, dans un envoûtement auquel il serait folie de résister. Une fête annuelle populaire, une fête de couleurs, une fête de chants soufis et de transes, de magies musicales et de ritualités révélatrices de l'âme profonde du peuple marocain. La célébration de la fête du mawlid est constituée de ses belles traditions et de grandioses manifestations. L'origine de la fête du mawlid remonte à la dynastie Mérinide qui décréta le jour de la naissance du prophète fête officielle, mais l'éclat qu'on lui connaît remonte surtout au seizième siècle au temps de la dynastie Sâadienne. Dans les livres d'histoire, on peut lire que le sultan Sâadien Ahmed Al Mansour Addahbi avait été, lors de son séjour en Turquie (Istanbul) qui coïncidait avec la célébration de la fête du mawlid, très impressionné par le cortège des cierges qui fût organisé en hommage à la mémoire du Prophète. De retour au Maroc, le souverain convoqua des artisans émérites de Marrakech, de Fès et de Salé, leur fit le récit du spectacle dont il avait été témoin et leur donna l'ordre de faire toutes les choses nécessaires à ce cortège. Le sultan enjoignit aux artisans de confectionner ces cierges du mouloud avec soin en les agrémentant de belles couleurs. La veille du mawlid, des porteurs qualifiés portent les cierges décorés du lever au coucher du soleil, suivis par les orchestres et des tambours. Elles sont placées à la cour chérifienne après la prière de l'aube devant le sultan Al Mansour qui en admire les couleurs au milieu des parfums de musc et d'encens. La beauté et l'originalité des formes et des couleurs sont exemplaires dans la mesure où ils offrent aux gens d'autres codes visuels que ceux auxquels ils sont massivement et uniformément soumis. C'est ainsi que s'instaure, au Maroc, plus exactement sur la rive droite du Bouregreg, le prestigieux et pittoresque moussem des cierges de sidi Abdallah Benhassoun. Bouregreg Le fleuve Bouregreg est détenteur d'une histoire très fournie. Connu dans l'Antiquité sous le nom d'Oued Sala (la rivière salée) ou Oued Erroumane (le fleuve aux grenadiers), ce n'est qu'au 8ème siècle qu'il apparaît sous le nom de Bou Regreg (Abou Rakra). On pense que son nom berbère était Asif Urgraz, arabisé en “Burgrag”. L'étymologie voudrait que Regrag, qui signifie en berbère “le gravier”, puisse aussi s'appliquer à la tribu berbère des Regraga, qui aurait longtemps séjourné sur les rives du fleuve, mais les historiens n'en sont pas trop sûrs ! Bouregreg est un accès à l'océan atlantique. Les Phéniciens, les Romains et dans une époque relativement plus récente, les andalous, l'ont emprunté pour accéder à l'une des deux rives. Il a connu une intense activité militaire, corsaire, commerciale et diplomatique et a joué un grand rôle dans la course et dans les relations avec les villes de Gênes, de Venise, de Marseille ou d'Anvers notamment aux XVI, XVII et XVIIIème siècles. Le fleuve Bouregreg a séparé pendant de nombreux siècles le nord et le sud du Maroc constituant ainsi une véritable barrière jusqu'à la construction des premiers ponts. Il a également constitué un refuge et une voie d'accès aux travaux engagés dans la course du XVIème Siècle et à inciter le sultan marocain mérinide Yacoub Ben Abdallah à renforcer quelques siècles plutôt les enceintes de Salé et à réaliser l'arsenal dont l'entrée, appelée communément Bab Al Marissa , était reliée au fleuve par un Canal. Ces réalisations ont été faites après la reprise de Salé en 1260. Trait d'union entre Rabat et Salé, sœurs rivales parfois ennemies mais toujours complices, le Bouregreg a constamment posé des problèmes pour sa traversée, car malgré les conflits incessants entre les cités, il y a toujours eu échanges permanents des populations. Depuis l'origine, on traverse en barques. Plusieurs ponts auraient existé, du temps des Almohades, mais tous ont été détruits par les flots, les guerres ou le raz de marée de 1755. Le 1er pont routier date de 1919, mais largement en amont de l'estuaire, il est peu pratique pour les populations. Le pont Moulay Hassan qui part des pieds de la Tour Hassan jusqu'aux remparts de Salé ne date que de la fin des années 1950. Rabat et Salé doivent tout au Bouregreg, grâce à lui Rabat disposait du plus grand port fluvial du Maroc au début du XXème siècle, et ce port fut même, du XIV au XVIIIème siècle, époque pendant laquelle les autres ports étaient aux mains des étrangers, Espagnols, Portugais ou Anglais, le seul port marocain qui pouvait ravitailler le pays. Le fleuve Bouregreg a creusé la vallée, a permis la mise en valeur des terres agricoles avoisinantes et a généré des produits de la pêche dont la célèbre alose du Bouregreg. Sur le plan de l'environnement, le fleuve et ses vallées constituent un véritable poumon pour l'agglomération des villes de Rabat et de Salé. Cette vallée abrite actuellement un grand projet urbanistique et touristique : l'aménagement de la rive du Bouregreg qui apportera non seulement un élan économique aux deux villes situées sur les deux rives, mais changera et embellira le site.