Selon l'Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM), c'est la crise ukrainienne, conjuguée à celle du Covid, qui explique la flambée des prix des matières premières, des composants électriques et du transport. Des charges qui se répercutent sur le prix de vente. « Concernant les prix, je peux comprendre la surprise des acheteurs. L'automobile connaît, comme la majorité des biens de consommation, une inflation. Et cela est essentiellement dû à la cherté des matières premières ainsi que de la logistique ». C'est le président de l'Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM) qui fait ainsi le point sur le niveau actuel des prix de vente des voitures neuves, jugés prohibitifs par certains acheteurs. Selon Ali Bennani, les importateurs eux-mêmes font actuellement face à de véritables défis qui ne leur laissent le choix que de se répercuter sur la hausse des charges sur le prix final. « Les prix du transport ont parfois quintuplé. A côté de cela, les prix de l'aluminium, de l'acier, et bien d'autres composants électroniques se sont appréciés. Ceci renchérit le prix final, sans parler du fait que les lignes de production ne sont toujours pas revenues à leur niveau d'avant crise. Cela crée, donc, une sorte de pénurie qui alimente l'inflation », explique le président de l'AIVAM. Plus encore, s'agissant d'une éventuelle baisse à l'horizon des prix de l'automobile, Ali Bennani estime qu'un « retour à la normale n'est pas prévu avant la moitié de l'année prochaine. Ce qui veut dire que la tendance sur les prix va rester à son niveau actuel. Et même en cas de retour à la normale, ça ne reviendra pas au niveau que nous avions d'avant crise ». Baisse des ventes Chez l'AIVAM, l'on commence, d'ailleurs, à ressentir l'impact de cette inflation, puisque la dynamique observée depuis l'année dernière s'est subitement cassée depuis le début de la guerre en Ukraine. En effet, selon les chiffres publiés récemment par l'Association, les ventes de voitures neuves au Maroc se sont établies à 83.831 unités au titre des six premiers mois de 2022, soit une chute de 10,84% par rapport à la même période en 2021. Et pour l'unique mois de juin dernier, le repli est encore plus conséquent, puisqu'il est de 15,78% comparé à la même période de l'année passée. Chez de nombreux acheteurs, il est encore difficile de comprendre cette donne, car beaucoup avaient cru pouvoir miser sur la vague de croissance post-Covid afin de profiter des nombreuses offres commerciales de rattrapage de la part des vendeurs. Mais, finalement, tous sont touchés par les effets de la situation en Ukraine. Frilosité « On note une crainte des opérateurs économiques par rapport au contexte à venir. Et cela se répercute surtout au niveau de la baisse des véhicules utilitaires », observe le président de l'AIVAM. En effet, le véhicule utilitaire léger a plongé de 23,61% avec 1.647 unités vendues en juin 2022 contre 2.156 unités vendues en juin 2021. La hausse inédite des prix du carburant est venue, à son tour compliquer la situation. D'où l'intérêt grandissant dénoté ces derniers temps sur les véhicules électriques ou hybrides. Relais de l'électrique ? A ce niveau également, les prix restent encore hors de portée pour la plupart des bourses, si le confort habituel est exigé, « il y a aujourd'hui une démonstration de l'utilité des véhicules électriques, en raison du contexte actuel de flambée des prix des carburants. Il serait vraiment intéressant que les pouvoirs publics puissent s'intéresser davantage à l'hybride et à l'encourager », espère-t-on à l'AIVAM. Certaines voix commencent d'ores et déjà à appeler à la mise en place d'une sorte de « prime à la casse » afin d'encourager l'utilisation et le basculement vers les voitures électriques. Ce sera un pas supplémentaire après les exonérations sur la vignette automobile. En tout cas, les plus pressés seraient probablement les transporteurs, notamment les conducteurs de taxis. « Un taximan qui fait jusqu'à 300 km par jour pourra, avec l'électrique, ne dépenser que 120 dhs, au lieu de 360. C'est donc 240 dhs d'économisés par jour. Cela fait près de 7.000 dhs par mois, et jusqu'à 90.000 l'année. Si la durée de vie du véhicule est d'environ de 5 ans, il aura économisé 400.000 dhs de carburant », calcule-t-on à l'AIVAM, où l'on est convaincu que l'électrique est aujourd'hui plus à portée. Abdellah MOUTAWAKIL Repères Renault : 64% de taux d'intégration locale La production des deux usines du Groupe Renault au Maroc a atteint 168.239 véhicules au premier semestre 2022, dont 119.970 pour l'usine de Tanger et 48.269 pour l'usine Renault de Casablanca, la SOMACA. Le groupe, qui donne ces chiffres, indique également avoir exporté 139.104 véhicules, soit une augmentation de 10,6% comparée à la même période de l'an dernier. Renault Maroc informe également avoir atteint la barre de 64% de taux d'intégration locale et 1,3 milliard d'euros de sourcing, en ligne avec son engagement à l'horizon 2023 », poursuit la même source. Stellantis : fini la Jeep « made in China » Le groupe automobile franco-italien Stellantis a annoncé que sa filiale spécialisée dans les 4X4 et SUV, mettait fin à la coentreprise chinoise fondée en 2010. Le groupe, issu de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler, avait annoncé plus tôt dans l'année qu'il souhaitait monter dans le capital de cette JV en passant à 75% des parts, comme l'y autorise désormais la loi chinoise. Mais son partenaire, le groupe chinois GAC, semble avoir traîné des pieds. L'info...Graphie Voitures neuves Quelles marques imposent-elles leur rythme ?
Selon l'AIVAM, la marque « Dacia » domine le segment des Véhicules Particuliers (VP), avec une part de marché de 27,54%, soit 20.703 unités écoulées à fin juin 2022, suivie de Renault qui a vendu 10.833 unités (part de marché de 14,41%) et de Hyundai (7.535 unités et 10,02% en part de marché). Pour ce qui est du segment Véhicules Utilitaires, (VUL), Renault a augmenté ses ventes de 54,73% à 2.160 unités (24,97% de part de marché), tandis que DFSK a écoulé 1.242 véhicules (14,36% en part de marché) et Ford 1.075 unités (12,42% en part de marché). S'agissant des ventes des voitures « premium », Audi a vendu 2.148 unités au premier semestre de cette année, soit une part de marché de 2,86%, devant BMW (1.405 véhicules et 1,87% en part de marché) et Mercedes (1.339 unités avec une part de marché de 1,78%). Enfin, l'AIVAM fait savoir que les ventes de Porsche ont diminué de 2,76% à 176 véhicules, et celles de Jaguar de 34,91% à 69 voitures.
Véhicules neufs Les immatriculations en forte baisse
La baisse des ventes automobiles entraîne presque de façon logique celle des immatriculations. Selon les derniers chiffres publiés par l'AIVAM et qui couvrent les six premiers mois de l'année, le nombre des nouvelles immatriculations de véhicules particuliers (VP) s'est élevé à 75.179 unités, en baisse de 9,58%, tandis que celui des véhicules utilitaires légers (VUL) a diminué de 20,48% à 8.652 voitures, précise l'AIVAM. On est encore en retrait par rapport à l'ensemble du cru réalisé en 2021. L'année dernière, le nombre des nouvelles immatriculations de véhicules particuliers (VP) s'était établi à 154.123 unités, en progression de 4%, tandis que celui des véhicules utilitaires légers (VUL) s'est situé à 21.237 unités (+20%). Pour rappel, l'année écoulée, les ventes de voitures neuves au Maroc se sont élevées à 175.360 unités, en hausse de 5,7% par rapport à 2019. C'était une belle reprise après la traversée du désert de 2020, en raison du Covid-19. D'ailleurs, l'AIVAM misait, en 2022, sur une croissance allant de 5% à 15% en fonction de la disponibilité des stocks. Mais, tout ceci, c'était sans le déclenchement de la crise ukrainienne, qui est venue casser la dynamique. Désormais, la question est de savoir si le second semestre sera réellement celui du rattrapage ? Au rythme actuel où vont les choses, la tendance actuelle risque de se maintenir, tant les incertitudes sont nombreuses aussi bien sur la suite de la guerre en Ukraine que sur la flambée des prix des carburants.
3 questions à Ali Bennani « Les prix des véhicules électriques ont vraiment baissé »
Pour le président de l'Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM), la crise en Ukraine a un impact réel sur leurs activités. Concernant la voiture électrique, il appelle les pouvoirs publics à s'y pencher davantage afin d'en favoriser la commercialisation. - Qu'est-ce qui explique la baisse des ventes constatée au premier semestre ? - Les ventes évoluent depuis le début de l'année de manière différenciée. Nous avons commencé l'année sur un bon trend, mais à partir de la fin du premier trimestre, en raison du conflit en Ukraine, nous avons commencé à avoir des problématiques de la supply, mais aussi de contraction des ventes et cela plonge tout le monde dans un manque de visibilité. Ce qui s'est répercuté sur les ventes. Nous avons ainsi accusé des baisses de vente approchant les 11% au terme du premier semestre. - Quel est l'impact de la crise ukrainienne sur vos activités ? - Cette crise a rendu plus compliqués les circuits d'approvisionnement. Cela a gêné les plans de production des constructeurs automobiles. L'autre élément est que l'embargo sur le marché russe a un impact sur les délais d'approvisionnement. Sur ce point, les complications pour les marques diffèrent. Certaines étant plus exposées que d'autres en matière d'achat et de vente. - Beaucoup voient en l'hybride la solution face à la flambée actuelle des prix des carburants ? - Aujourd'hui, en fonction du mode véhicule électrique considéré, on est entre 40 et 80% d'économie sur les prix des carburants. Donc, le débat ne se pose plus, notamment pour les transporteurs, qui font beaucoup de kilomètres, à l'instar des taximen. Je pense que cela devrait inciter les pouvoirs publics à se pencher davantage vers l'électrique et à en favoriser la commercialisation. Cela dit, les prix des véhicules électriques ont vraiment baissé et leur commercialisation se démocratise. Leurs capacités s'améliorent de jour en jour et le coût de cette technologie chute. Recueillis par A. M.