Washington a imposé, mercredi, des sanctions aux deux filles du président russe Vladimir Poutine ainsi qu'à deux grandes banques alors que l'UE et le G7 prévoient un cinquième paquet de sanctions. La Maison Blanche a annoncé, par voie de communiqué une nouvelle salve de sanctions à l'encontre de la Russie, en coordination avec l'Union européenne et le G7, après que des centaines de corps de civils ont été découverts dans la ville ukrainienne de Boutcha, reprise aux mains des Russes par les Ukrainiens. L'Exécutif américain a décidé le gel des avoirs de la banque publique russe Sberbank (qui contrôle un tiers des actifs bancaires de Russie) et de la plus grande banque privée du pays, Alfa Bank, alors que ces deux institutions financières étaient déjà visées par des sanctions moins lourdes. Les avoirs de grandes entreprises publiques stratégiques russes ont également été gelés et les transactions commerciales avec ces entreprises d'Etat ont été interdites. Les sanctions américaines ont visé les élites russes et leurs proches, ainsi que les deux filles de Vladimir Poutine. La femme et la fille du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, ainsi que les membres du Conseil de sécurité russe, dont font partie notamment l'ancien président Dmitri Medvedev et le Premier ministre, Mikhaïl Michoustine, ont fait l'objet du même traitement. Le communiqué de la Maison Blanche précise qu'il a été décidé d'interdire tous les nouveaux investissements en Russie. L'UE compte poursuivre sa politique de sanctions Les sanctions contre Moscou doivent se renforcer dans les jours à venir. L'Union européenne et le G7 prévoient d'adopter un cinquième paquet de sanctions après l'onde de choc provoquée par la découverte de scènes de massacres à Boutcha, dans la banlieue de Kiev. "Nous devons à nouveau augmenter la pression sur Poutine et le gouvernement russe", a déclaré la présidente de l'exécutif européen, Ursula von der Leyen, sur Twitter mercredi 6 avril. "Nous proposons donc de durcir encore nos sanctions, a déclaré la présidente de la Commission européenne sur Twitter. Elles limitent les options politiques et économiques du Kremlin. Elles affectent la Russie beaucoup plus durement que nous. Et ce ne seront pas nos dernières sanctions". Les expulsions de diplomates russes s'accélèrent dans différents pays européens depuis lundi, avec plus de 200 renvois cumulés en 48 heures. Et les représentants des Vingt-Sept discutent, mercredi, des nouvelles sanctions à adopter à l'unanimité, avant une réunion des ministres européens des Affaires étrangères, lundi prochain, pour valider ces sanctions. Un embargo sur les importations de charbon La Commission européenne propose "d'interdire toutes les importations de charbon en provenance de Russie, d'une valeur de 4 milliards d'euros par an", a précisé Ursula von der Leyen. Le charbon russe représente 45% des importations de l'UE, selon la Commission. Cette sanction aurait moins de conséquences sur le marché énergétique des Vingt-Sept que des embargos sur le pétrole (qui représente 25% des achats européens), ou sur le gaz (45% des importations de l'UE), selon l'institut Bruegel, un groupe de réflexion européen spécialisé en économie. Le charbon russe est en effet plus facilement remplaçable par d'autres sources d'approvisionnement, contrairement aux deux autres énergies russes. La présidente de la Commission européenne a précisé que l'UE envisageait aussi des sanctions supplémentaires, "notamment sur les importations de pétrole". Une sanction que n'écarte pas Emmanuel Macron. Le président français a confirmé, mardi, qu'il était "favorable à une interdiction d'importation de pétrole et de charbon", selon l'Elysée. La France fait partie, avec l'Italie, des pays de l'UE pour lesquels ce blocus serait le plus indolore, car elle est peu dépendante des importations russes. Moins d'un tiers du charbon consommé en France est acheté à Moscou, à peine 20% du gaz et seulement 13% du pétrole, selon le ministère de la transition écologique. L'hypothèse avancée d'un embargo européen sur les importations de charbon russe a déjà dopé les prix. La tonne de charbon, sans atteindre son record historique du 7 mars (465dollars), a passé à nouveau la barre des 300 dollars, mercredi. Les sanctions US ne sont pas à la hauteur, selon Zelensky
Les Etats-Unis ont annoncé ce mercredi un nouveau volet de sanctions économiques et financières contre la Russie, qu'ils qualifient dans un communiqué de "dévastatrices." Mais pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky, "ce n'est pas suffisant." Dans un discours diffusé sur les réseaux sociaux ce mercredi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky appelle au renforcement des sanctions contre Moscou. "Les nouveaux investissements en Russie sont bloqués, des restrictions sont appliquées contre plusieurs banques, des sanctions personnelles sont ajoutées. Ce paquet a l'air spectaculaire. Mais ce n'est pas suffisant", estime-t-il. "On peut difficilement dire [que les sanctions] sont à la hauteur des atrocités à Boutcha", tacle notamment Zelensky. Si les dirigeants mondiaux n'imposent pas de sanctions "vraiment douloureuses", la Russie "déclenchera une nouvelle vague sanglante dans le Donbass", prévient le président ukrainien. L'absence de sanctions "sera considérée par la Russie comme une permission. Une permission d'attaquer (...) S'il n'y a pas de nouvelle action préventive, ce sera une erreur historique pour l'ensemble de l'Occident", martèle Volodymyr Zelensky. Depuis quelques jours, Moscou repositionne ses troupes dans l'est de l'Ukraine. La vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk a demandé à la population civile de ces régions, dont la grande ville de Kharkiv, "d'évacuer (...) maintenant", pendant qu'il en est temps, sous peine de "risquer la mort".